Judith Cartron.
Judith Cartron.

SPIRITUEUX. En à peine un an et demi, Judith Cartron a su donner un coup de jeune à l’entreprise qui porte son nom depuis cinq générations à Nuits-Saint-Georges (Côte-d’Or).

Avec elle, les bouteilles ont pris un look sexy et l’export est devenu un axe fort de développement.

De nouveaux et surprenants parfums agrémentent une gamme déjà très large de liqueurs, alcools et crèmes de fruits pour convaincre les barmen et barmaids du monde entier.

La jeune femme secoue comme un shaker la tradition familiale, et ce n’est sans doute qu’un début...

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Pas facile de succéder à un père présent depuis quinze ans dans l’entreprise, créée en 1882 par un ancêtre à Nuits-Saint-Georges (Côte-d’Or), et qui n’entend passer la main que progressivement avant de goûter au plaisir d’une retraite bien méritée.

C’était sans compter sur Judith Cartron qui, de février 2008 à juin 2011, a su s’imposer avec douceur puis conviction, pour enfin diriger la PME familiale de 17 personnes d’une autorité toute naturelle.

La jeune femme a déjoué tous les pièges qui attendent la « fille de » - qualificatif détestable à ses yeux -, pour se faire accepter tant du personnel que de très nombreux interlocuteurs extérieurs, aux rangs desquels pointent 80 agents multicartes qui vendent en France les liqueurs maison, et une vingtaine de producteurs de fruits.

«Je suis arrivée à pas feutrés pour comprendre et apprendre, avec comme petit plus une compétence professionnelle en marketing du fait de mon métier précédent», explique Judith Cartron, ancienne responsable des magasins régionaux du groupe Habitat.

Le grand choc avec Xavier Cartron, son paternel, survient pourtant un jour quand il s’est agi de changer la forme de la bouteille, les étiquettes et refaire toute la documentation (bientôt le site Internet). En un mot, donner un coup de jeune à l’image d’un liquoriste distillateur bourguignon un peu vieillissant.

La cuverie où l'on macère et distille.
La cuverie où l'on macère et distille.

Pamplemousse rose, grenade, gingembre, acérola…

«Il n’y a pas eu de heurts, juste une confrontation de points de vue, mais tout le monde m’attendait au tournant», confesse la dirigeante.

Bilan des courses : la 5ème génération qu’elle incarne prend le pouvoir, asseoit sa crédibilité, affirme une légitimité et cloue, s'il le faut, le bec aux indécrottables réfractaires.

Aujourd’hui qu’elle est seule aux commandes, le chef c'est elle et personne ne discute ses choix, d’autant que cela marche. La nouvelle bouteille qui évoque un corps de femme fait un tabac, surtout à l’étranger (+10% des ventes).

«Quant on n'a pas un budget publicitaire important, il faut être astucieux, la marque doit s’imposer avec la bouteille comme ambassadeur», argumente Judith Cartron.

L’international qui pèse pour 30% du chiffre d’affaires (4,6 millions d’€ attendus en 2013) devient un levier de croissance très important, car liqueurs et crèmes de fruits se marient judicieusement dans des cocktails de plus en plus surprenants.

«Les grands barmen et barmaids sont des artistes considérés à l’égal des chefs en cuisine», note la liquoriste. La société Joseph Cartron s’est d’ailleurs offert une pointure en la personne d’un autre Joseph, Akhavan celui-là, pour suggérer une multitude de nouvelles recettes.

Côté production, là en revanche, Judith Cartron incarne la gardienne du temple. Pas question de tricher sur l’authenticité et la qualité de sa gamme de 70 produits : pas d'arômes de synthèse, que du fruit, du fruit et encore du fruit.

De nouvelles et étonnantes liqueurs viennent d’ailleurs la muscler : pamplemousse rose, gingembre, grenade et acérola, plus connue sous le nom de cerise des Barbades.

De quoi convaincre les maîtres du shaker qui recherchent en permanence de nouveaux goûts et démontrer qu’il est aussi bon de secouer la tradition.

L'outil de production, ici des malaxeurs, a été complètement rénové ces dernières années.
L'outil de production, ici des malaxeurs, a été complètement rénové ces dernières années.

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Crédit photos : Traces Écrites

2 commentaire(s) pour cet article
  1. Franck-Stéphane PROFUMOdit :

    Une success story discrète, qui gagne donc à être connue et amplifiée... Bravo pour cet article très intéressant donnant un coup de projecteur sur une entreprise qui s'internationalise, et qui sait où sont ces relais de croissance nécessaires à une respiration vitale (pour nos entreprises régionales et nationales). Par ailleurs, il est important de mettre en avant une transmission d'entreprise familiale intergénérationnelle réussie, ce qui est toujours loin d'être une évidence... Chapeau bas à celle qui aura su développer ses thèses, et passer le cap d'être la "fille de..." ; un double exploit !

  2. André RENARDdit :

    Entreprise performante, efficace, discrète comme sa dirigeante.

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