Au lendemain de l’annonce par Emmanuel Macron d’un « plan hydrogène » de 7 milliards d’€, était inaugurée hier 13 octobre à Auxerre, la première station de production et distribution d’hydrogène de Bourgogne-Franche-Comté et la plus puissante de l’hexagone, selon son constructeur Hynamics.
Depuis un mois, les usagers des transports en commun urbains d’Auxerre (Yonne) peuvent voyager dans un bus roulant à l’hydrogène. Les 5 véhicules affectés à la ligne principale, reliant la gare SNCF à la zone commerciale des Clairions, viennent s’approvisionner dans une unité de production et de distribution que son constructeur et exploitant Hymamics, la filiale d’EDF spécialement créée pour développer cette énergie renouvelable, a inauguré hier 13 octobre.
Avec un électrolyseur d’un mégawatt, c’est à ce jour « la station hydrogène la plus puissante de France », assure Hynamics. L’investissement s’élève à 8,5 millions, subventionnés à hauteur de 1,8 million par le Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté (1,343 million) et l’Ademe (0,5 million).
Sachant qu’un bus a besoin de 20 kilos d’hydrogène par jour pour assurer son service, la capacité de production quotidienne de 400 kg d’hydrogène de la station d’Auxerre permet à la communauté d’agglomération et son délégataire Transdev d’envisager de compléter la flotte de bus, de 10 supplémentaires d’ici 2023. La collectivité veut aussi utiliser cette énergie pour les bennes à ordures ménagères. « La commande de deux vient vient d’être faite », précise le maire et président d’agglomération Crescent Marault.
Fabriqués par Safra, le seul constructeur français de bus à hydrogène, basé dans le sud-ouest de la France, les bus en circulation à Auxerre, d’une capacité de 87 places et d’une autonomie de 300 km, sont dotés d’une pile également fabriquée par une entreprise française, Symbio, précise la collectivité. L’achat des véhicules a coûté 3,12 millions d’€, dépense couverte pour 1,1 million par l’Ademe et par le programme européen Fuel Cell Hydrogen Joint Undertaking qui veut promouvoir les véhicules zéro émission. « Les 5 bus représentent 20% de la flotte », précise le maire.
L'objectif de réduction du prix de 12€ le kilo d'hydrogène

AuxHYGen – c’est le nom la société locale affectée au projet entièrement détenue par Hynamics –, va d’ores et déjà s’agrandir pour tripler de puissance d’ici 2025, a confirmé Christelle Rouillé, CEO d’Hynamics. L’Ademe vient d’attribuer une nouvelle subvention de 3 millions d’€, le conseil régional est à nouveau sollicité pour mettre la main au porte-feuille. Son aide ne fait guère de doute compte tenu que le passage à une puissance de 3 mégawatts est destinée à approvisionner les TER qui circuleront sur la ligne de chemin de fer non électrifiée reliant Auxerre à Laroche-Migennes.
L’installation de nouveaux électrolyseurs sur le même site, situé à proximité de la gare, le long de la voie ferrée, représente la même dépense que la première phase, 9 millions d’€. Mais surtout, l’augmentation du volume produit permettra d’en réduire le coût, aujourd’hui à 13 € le kilo, assez élevé. « Notre objectif est de le diviser par deux », précise Christelle Rouillé.
Les premiers trains à hydrogènes circuleront en 2026, le début des essais devant être réalisés en 2024. SNCF Voyageurs et la Région ont commandé à Alstom pour 51,9 millions d’€, trois trains Coriadia Polyvalent bi-mode, électrique et hydrogène, – chacun pouvant transporter 220 passagers – dans le cadre d’un groupement de commandes avec les régions Grand Est, Auvergne-Rhône-Alpes et Occitanie.
Une autre station à Belfort.
EDF avec sa filiale Hynamics se positionne clairement sur l’hydrogène. Car « pour que l’écosystème soit rentable, il faut maîtriser la production », estime Jean-Bernard Lévy, PDG d’EDF. A Danjoutin, près de Belfort, l’énergéticien réalise sa seconde unité de production en Bourgogne-Franche-Comté qui sera en travaux dans le milieu de 2022 pour une livraison en 2023. L’unité de 1 mégawatt, extensible à deux (pour une production quotidienne de 800 kg), servira également à alimenter les bus urbains, 7 en commande. Il y aura aussi un usage professionnel « important » avec Faurecia qui utilise actuellement de l’hydrogène carboné et se positionne sur l’hydrogène avec la construction d’une usine de réservoirs dans le Pays de Montbéliard. L’investissement est de l’ordre de 9 millions d’€, là aussi soutenu par l’Ademe à hauteur de 2,69 millions.

L’inauguration de la station d'Auxerre avait un certain écho au lendemain de l’annonce par Emmanuel Macron d’un plan « hydrogène » de 7 milliards d’€. Avec ses initiatives, au nombre de trois, à Auxerre et Belfort – les deux projets portés par Hynamics –et Dijon, par le groupe Rougeot Energie, « la Bourgogne-Franche-Comté a une position assez privilégiée », pour profiter de cette manne de l’Etat, commente Fabien Sudry, préfet de Région.
L’hydrogène produit à Auxerre est dit « vert », c’est-à-dire en provenance d’énergies renouvelables. Point d’éoliennes ni de panneaux photovoltaïques à proximité, mais une alimentation par le réseau d’EDF, d’électricité « garantie d’origine » certifiant qu’elle provient d'une source d'énergie renouvelable. Jean-Bernard Lévy, le président d’EDF a d’ailleurs ardemment défendu ce modèle qui permet « d’avoir une disponibilité permanente », contrairement selon lui aux dispositifs rattachés directement à une source d’énergie renouvelable située à proximité de l’unité de production.
Quant à la ville Auxerre, en tant que première sur la ligne de départ (il y a environ 5 ans) et d’arrivée, elle compte profiter de cette avance pour construire un « écosystème » sur l’hydrogène. Rebaptisé « Technopôle hydrogène », le Pôle environnemental de l’Auxerrois servira d’incubateur à des start-up. Deux venant de la région parisienne, qui font de la recherche dans ce domaine, devraient s'installer début 2022. En appui, un fablab sera aménagé dans les vestiaires des anciennes usines Guillet. Le gestionnaire de ce technopole sera choisi à l’automne.
Dans son plan « hydrogène » de 7 milliards d’€ d’ici 2030, Emmanuel Macron cible « au moins deux gigafactories d’électrolyseurs pour décarboner l’industrie. » Elles pourraient se situer dans l’Est.
En Bourgogne-Franche-Coté, Mc Phy a présélectionné le site de Fontaine, près de Belfort pour y construire une usine d’électrolyseurs d’une capacité de 1 GW par an. L’industriel basé dans la Drôme avait précisé lors de l’annonce en mai dernier qu’il devait confirmer son intention d’ici la fin de l’année,sous réserve de l’obtention des financements nécessaires et des études préliminaires. Il a chiffré l’investissement entre 30 et 40 millions d’€ et fixé un objectif de démarrage au cours du 1er semestre 2024.
Dans le Grand Est, l’équipementier industriel belge John Cockerill avait annoncé ce printemps qu’il souhaitait investir 38 millions d’€ pour agrandir son site d’Aspach-Michelbach (Haut-Rhin) afin d'y installer une production de cellules d’électrolyseurs.

Une capacité de 1GW par an, ça n'a pas de sens. C'est comme d'exprimer une altitude en kilos ou une température en watts. Ce qui est étonnant, c'est que c'est écrit en l'état sur le site de la société McPhy (https://mcphy.com/fr/communiques/gigafactory-mcphy/?cn-reloaded=1). Repris également tel quel par France 3. On peut espérer que la société en question maîtrise néanmoins le sujet et va corriger ?