L’entreprise de travaux publics de Meursault, en Côte-d’Or, réalise maintenant 30% de son chiffre d’affaires dans le bâtiment et le génie civil. Un développement réalisé notamment par croissance externe avec le rachat, en ce début d’année, d’une entreprise de maçonnerie de l’Ain. Christophe Rougeot, son dirigeant, s’intéresse aussi à l’énergie éolienne et à l’hydrogène.
Les dernières opérations de croissance de Rougeot TP Meursault illustrent la tendance récurrente des entreprises de travaux publics à se diversifier dans d’autres activités. L’entreprise familiale dirigée par Christophe Rougeot ajoute simultanément aux TP (travaux publics), le B du bâtiment ainsi que l’énergie. « Il n’y a plus de grandes infrastructures à construire ; il fallait trouver un amortisseur à l’activité des travaux publics qui dépend pour beaucoup de la commande publique », commente le dirigeant. Pour y parvenir, l’entrepreneur de Meursault (Côte-d’Or) procède par de la croissance, externe comme organique.
Sa dernière acquisition, au 1er janvier 2019, est l’entreprise de gros oeuvre Ruiz à Dagneux, dans l’Ain. Rebaptisée Ruiz by Rougeot, la PME de 50 salariés qui réalise un chiffre d’affaires de 10 millions d’€ est spécialisée dans la réhabilitation et les ouvrages complexes. Ses marchés se situent dans la grande périphérie de Lyon.
Six mois avant, Rougeot TP Meursault avait racheté l’entreprise de maçonnerie Gandin à Crissey, près de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). Le repreneur de cette PME de 38 salariés (chiffre d’affaires de 7 millions d’€) au départ à la retraite de ses fondateurs Michel et Claude Gandin, la présente comme « le maçon des vignerons ». Elle revendique comme références plusieurs caves et cuveries dans le vignoble bourguignon, et sur son carnet de commandes, une nouvelle cuverie pour la prestigieuse maison de vins Leroy-Bize.
Avant ces croissances externes, en 2017, l’entreprise de travaux publics avait installé une agence bâtiment et génie civil dans le quartier d’affaires de la Part Dieu à Lyon « pour suivre [ses] clients. » Le carnet de commandes compte déjà une quinzaine de millions d’€ de travaux, précise Christophe Rougeot. Antérieurement, le groupe développait ces compétences avec Graglia en Haute-Marne qu'il est en train de repositionner sur les ouvrages d’art, notamment pour les marchés d’autoroutes.
Les métiers du bâtiment et du génie civil alimentent aujourd’hui 30% du chiffre d’affaires (5% il y a 2 ans) et réduisent la dépendance aux marchés publics (la moitié du chiffre d’affaires). Cette diversification s’accompagne d’une extension géographique, de Lyon jusqu’à la région parisienne. Une agence à Sens a précédé une autre, encore plus proche de Paris, à Villepinte, en septembre 2018. L’entrepreneur veut lui aussi profiter du « gros fromage » des travaux du Grand Paris et des Jeux Olympiques de 2024.
Virage à 180 degrés vers l’ingénierie et les services


Le plan de développement écrit sur cinq ans positionne le groupe sur un secteur nouveau pour lui : l’énergie. Contrairement à beaucoup d’autres entreprises de TP qui se lancent dans la méthanisation comme l’Alsacien Lingenheld ou la cogénération comme le Franc-comtois Bonnefoy, le Bourguignon s’intéresse à l’éolien et à l’hydrogène.
« Un virage à 180 degrés vers l’ingénierie et les services, mais en totale complémentarité avec nos compétences en voirie et terrassement. » L’homme se veut visionnaire : « Dans les 20 prochaines années, on construira de moins en moins de routes ! » La nouvelle activité s’appuie sur Justy, un bureau d’études de 10 ingénieurs à Dijon, que dirige l’ancien animateur du cluster Wind For Future, Emmanuel Schuddinck, et une filiale baptisée Rougeot Energy.
Christophe Rougeot déploie sa propre énergie pour « devenir un acteur d’envergure nationale » dans le domaine. On devrait le retrouver prochainement sur les premiers projets de stations de recharge en hydrogène pour les poids-lourds et les parcs automobiles qui devraient se déployer à Dijon et à Belfort. Rougeot Energy se positionne notamment comme le maître d'ouvrage d'un institut de stockage de l'hydrogène, centre de test d’envergure nationale et européenne pour réaliser des tests sur les réservoirs hydrogène et ses composants.
Quant à son intérêt pour l’éolien, il provient d’une expérience en maintenance d’un parc d’éoliennes en Côte-d’Or après en avoir fait les chemins d’accès. Dans ce domaine, le groupe Rougeot vise le marché du démantèlement et de la remise à niveau des parcs éoliens les plus anciens, notamment en Champagne toute proche. Ces deux activités dans le domaine de l’énergie s’accompagnent d’une offre de formation pour les travaux en hauteur.

La construction de routes avait été lancée par Hubert Rougeot, le père du dirigeant actuel qui faisait au départ des travaux viticoles et avait dépassé le stade artisanal en travaillant sur l’autoroute A6. L’entreprise a toujours des marchés autoroutiers, actuellement l’élargissement sur 13 km de l’A6 à Auxerre (Yonne), réalisé avec Roger Martin et Colas. Elle est rarement absente des chantiers des grosses infrastructures en Bourgogne : la RCEA en Saône-et-Loire, la rocade nord-ouest de Dijon, et celle de Beaune qui a été inaugurée début janvier.
Le groupe Rougeot dispose d’un outil industriel dont une carrière de granulats à Mont-Saint-Vincent (Saône-et-Loire) et une centrale d’enrobés à Arnay-le-Duc (Côte-d’Or) qui vient d’être modernisée pour 5 millions d’€. La liste une serait pas complète sans citer Désertot (VRD et réseaux) à Dijon, Bongarzone (TP) à Langres, Macadam Crocodile (concassage itinérant de matériaux). Et l'implantaton d'une agence dans le courant de l 'année dans l'agglomération dijonnaise.
Une nouvelle gouvernance été mise en place avec un comité de direction constitué avec David Guio, le directeur général nommé en 2017, et les cinq directeurs régionaux.
Passionné de football, Christophe Rougeot a donné le nom de son entreprise au centre de formation du DFCO et à une tribune du stade de football de Dijon. Dans un tout autre registre, il parraine le salon Livres en Vignes au château du Clos de Vougeot avec un prix Coup de Coeur.


De gauche à droite : Marie-Françoise Roussel, directrice technique, Isabelle Follin, animatrice QSE, Julie Carrasco, conductrice de travaux, Christelle Kessler, responsable prévention-sécurité-gestion des compétences, Marion Savoy, directrice marketing-communication et Isabelle Masson, chargée d’études.
En quelques mois, le groupe Rougeot s’est féminisé. « Intégrer des femmes dans chacune des directions est un véritable enjeu. Nous avons besoin de ce regard féminin dans nos métiers. Ce que j’observe depuis quelque temps, c’est l’évolution des mentalités grâce à la nouvelle génération qui ne se pose pas la question du genre », explique Christophe Rougeot, le président.
Pour mieux connaître la Côte d'Or, cliquez sur le logo