Le groupe d’appareils de mesure pour l’industrie va déplacer dans deux ans ses équipes de vente du bord du Rhin à Huningue vers Cernay, où ils travailleront au plus près des lignes de production, de façon à créer une émulation gagnante. Par ce projet de 20 millions d’euros, l’usine alsacienne conforte son statut de pilier de l’entreprise suisse de dimension mondiale, qu'il a acquis par la succession ininterrompue de ses investissements.


Cette fois-ci, ce ne sont pas les lignes de production qui ont entraîné la tenue d’une cérémonie chez Endress + Hauser à Cernay (Haut-Rhin). Ce 18 avril, l’entreprise spécialiste de la métrologie a mis en lumière une autre facette du développement de son site alsacien de débitmètres pour lequel elle enchaîne les investissements.

Elle y a posé la première de son futur « Campus », le prochain lieu de travail d’une majeure partie des équipes de ventes françaises (*) du groupe suisse : « Bien plus qu’un bâtiment de bureaux, il sera un espace qui créera du lien entre les collaborateurs et avec nos clients », a souligné Claunel Massiès, directeur général France. En rappelant que le nom de l’immeuble, Nexus, « choisi par les salariés » désigne en latin « ce qui nous lie. »
 

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Le site de Cernay né en 1991 n'a cessé de s'agrandir pour devenir le plus grand au monde de production de débitmètres électromagnétiques. © Endress + Hauser


Cette cohésion sera recherchée entre deux catégories de personnel de culture différente : l’unité de production se fait hôtesse des fonctions support, principalement les ventes, qui déménageront durant le premier semestre 2026 de leur site actuel de Huningue (Haut-Rhin), à une quarantaine de kilomètres en direction du Rhin. Telle est l’originalité que renferme le campus.

Elle résulte d’une réflexion longue et profonde, ainsi exposée par Laurent Mulley, directeur des ventes du groupe. « Le bâtiment de Huningue continue d’offrir des conditions de travail correctes. Mais elles ne sont plus suffisantes à une époque où le télétravail s’est développé - nous en étions toutefois précurseurs depuis plus de dix ans. Nous rencontrons, dès lors, une dichotomie entre télétravail et bureau : le second, pour le travail en mode collectif, a besoin de s’aligner sur les mêmes niveaux que le premier, dédié aux tâches réalisables de façon individuelle. » En outre, bien qu'il soit « loin de tomber en ruines », ce local au bord du Rhin datant de 1977 est énergivore, ajoute le dirigeant. 

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Ces éléments ont conduit l’industriel à privilégier « à une approche par les coûts une approche par le projet », débouchant sur l’ambitieux Campus avec un investissement à sa hauteur : Endress + Hauser lui consacre un budget de 20 millions d’euros. Le montant résulte des nombreux aménagements qu’il a prévus dans la surface de 5.700 m2 : espaces de travail en flex-office, mais aussi auditorium de 150 places, centre de formation, espace d’innovation…et salle de sport. Pour sa conception, l'entreprise a choisi de lancer un concours d'architectes, à l'instar des maîtres d'ouvrage publics, et elle a porté son choix sur le cabinet strasbourgeois Oslo.

Ainsi, les 140 salariés du bord du Rhin se déplaceront au pied du massif vosgien, ce qui peut générer des temps de parcours supérieurs. « Historiquement, de nombreux collaborateurs habitaient dans la région frontalière autour d’Huningue mais au fil du temps, nous nous apercevons que le lieu de résidence s’est déplacé vers Mulhouse et environs », observe Claunel Massiès, conscient que ce point peut causer des crispations.

 

Une force nouvelle pour le service commercial

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La production à Cernay fait partie de la famille des capteurs, que le groupe a fabriqués l'an dernier à hauteur de 2,9 millions d'exemplaires dans le monde. © Endress + Hauser


Les nouveaux Cernéens d’adoption, professionnellement parlant, ne devraient pas regretter le changement. Pour l’industriel, ce rapprochement fait grand sens. « Nous allons faire littéralement rentrer nos clients à l’intérieur de notre environnement de production. Et pour les commerciaux, le nouveau lieu permettra de prendre pleinement conscience de la puissance de ce site, premier producteur au monde de débitmètres électromagnétiques. De ce fait, il donnera au service commerciale une force quasi-unique », argumente le directeur général France.

Une telle organisation en campus sera spécifique pour le groupe (**) en Europe, alors qu’elle est déjà déployée aux Etats-Unis à Greenwood (Etat de l’Indiana) et dans une moindre mesure au Brésil, à Itatiba dans la région de Sao Paulo.

 

Neuf extensions en 33 ans d’implantation

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La cérémonie de pose de la première pierre par les dirigeants de l'industriel, les élus locaux et les représentants du monde économique s'est déroulée le 18 avril à Cernay (Haut-Rhin). © Endress + Hauser


L’effectif qui sera accueilli à Cernay comprend aussi des services de communications, logistique, qualité, ressources humaines, informatique, comptabilité et finance. Il s’ajoutera aux 490 salariés du site de production. Or Cernay annonce la perspective d’un total de 800 emplois « dans les deux à trois ans. »

Le complément viendra de deux sources. D’une part, les 60 collaborateurs de son fournisseur en tubes, Estech Industries Angenstein, implanté à son voisinage sur la zone industrielle de Cernay, et qu’il a prévu de racheter. D’autre part, la croissance organique du site, appartenant à la division « Flow » (mesures des fluides) ne se dément pas et doit engendrer une centaine de recrutements supplémentaires.
 

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Depuis sa création en 1991, le site de Cernay a cumulé neuf agrandissements. Quelque 50 millions d’euros y ont été investis depuis 2017 pour le faire monter en capacité nominale et en degré de maîtrise technologique. Dans la foulée de sa plus récente ouverture de nouvelle ligne, au début des années 2020, il s’est doté d’un nouveau banc d’étalonnage et se prépare à en héberger un supplémentaire, d’ici début 2025. « Nous préparons d’ores et déjà le plan de développement suivant, sur un horizon de temps de trois à cinq ans », esquisse Christophe Stoos, le responsable du site en tant que directeur général d’Endress + Hauser Flow France.

L’unité alsacienne conforte ainsi son statut de référence internationale du groupe familial suisse pour la métrologie par l’électronique - des débitmètres à effet vortex ou ultra-sons - destinée à la mesure des fluides dans de nombreuses industries (chimie, pharmacie, agroalimentaire, eau…). Elle livre principalement des marchés en Europe, en synergie avec celle du siège suisse de Reinach de débitmétrie « massique », la mesure des poids.

(*) ses effectifs sont situés par ailleurs à Bordeaux-Mérignac, Lyon-Saint-Priest et en région parisienne

(**) en 2023, Endress + Hauser a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 milliards d'euros ( + 11 %) et un bénéfice net après impôts de 408,7 millions d'euros (+ 14,5 %). Il employait 16.500 salariés dans le monde à fin 2023.

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