INDUSTRIE DU FUTUR/HAUT-RHIN. La filiale du groupe suisse Endress+Hauser à Cernay est loin d'une usine 4.0 qui déploierait une profusion de robots.
La digitalisation chez Flowtec vient s'instiller dans le process. Chaque pièce dispose d'une étiquette de traçabilité qui est désormais scannée, y compris sur un smartphone.

 

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La digitalisation chez Flowtec permet d'assurer une traçabilité de chaque composant qui entre dans la fabrication d'un débitmètre. © Endress+Hauser.

 

L'industrie du futur frappe à la porte du Sud-Alsace. Les représentants d'une dizaine d'entreprises de la portion méridionale du territoire haut-rhinois ont participé, fin octobre à Cernay, à la réunion de lancement du concept, à l'initiative du Pays Thur-Doller, de l'agence de développement Adira et de la CCI Alsace Eurométropole.


Les chefs d’entreprise ont studieusement écouté la présentation successive des enjeux généraux de technologie et d'organisation, tels qu'identifiés à l'échelle nationale par l'Alliance Industrie du Futur - Alain Bohrer, ancien cadre de l'industrie en assure la correspondance en Sud-Alsace -, la politique en la matière de la Région Grand Est et les outils de la CCI dont le “Scan” qui permet d'évaluer le degré de maturité par rapport aux standards de l'Alliance.

 

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Deux PME ont fait leur « coming out » en témoignant de leurs premiers pas, Kabelec à Aspach-le-Haut et ETC (Ennoblissement technique de Cernay). Mais cette rencontre leur a surtout permis d'arpenter les ateliers d'un pionnier local du sujet : l'usine Flowtec du groupe suisse Endress + Hauser.


L'exemple était plutôt bien choisi pour un public de PME. Certes, avec ses 330 salariés permanents membres d'un groupe mondialisé d'instrumentation de 13.000 collaborateurs pour 2,1 milliards d’€ de chiffre d'affaires en 2016, ce site ne boxe pas tout à fait dans la même catégorie qu'elles. Mais sa spécialité, les débitmètres, est un objet qui sera sans doute connecté un jour, mais demeure bien tangible en attendant.

 

Loin d'une usine 4.0 qui déploierait une profusion de robots, la digitalisation chez Flowtec vient s'instiller dans le process, sans toutefois le bouleverser, en tout cas pour l'oeil profane. Elle s'incarne en quelques équipements comme une nouvelle découpeuse de pièces, mais se met surtout au service d'un mot-clé : la traçabilité.

 

Les informations consignées remontent jusqu'à la première coulée de matériau 

 

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Les informations recueillies sur les étiquettes des différents composants peuvent être recueillies sur un équipement numérique mobile. © Endress+Hauser.

 

« La traçabilité constitue un impératif d'autant plus fort pour nous que notre clientèle se recrute dans des industries particulièrement exigeantes en la matière : chimie, pharmacie, agro-alimentaire... », expose Thierry Weissgerber, directeur du site de Cernay.


Ainsi, chaque pièce dispose d'une étiquette de traçabilité qui est désormais scannée, y compris sur un smartphone. « Les informations consignées permettent de remonter jusqu'à la première coulée de matériau », indique le directeur.


Le process de fabrication passe par des « quality gate » (portes de qualité) qui constitue un poste de contrôle de la conformité en tous points de la qualité des composants et produits finaux par rapport à l'ordre de commandes.

 

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A ce stade aussi, la numérisation par scan s'est désormais installée. Sur le banc de calibration, les paramètres sont vérifiés pour s'assurer de leur conformité à la bible Endress+Hauser : la TDB pour Technische Datenbank (banque de données techniques), élaborée sur un Intranet.


Ces principes valent pour tous les types de débitmètres que fabrique le site, du tout petit de 2 millimètres de diamètre au géant de 2,4 mètres pour les grosses stations d'épuration par exemple. Mais la digitalisation n'aboutit pas - encore ? - au zéro papier : « Nos clients expriment le souhait de conserver une documentation papier, à titre de garantie dans leur processus interne », observe Thierry Weissgerber.


Le site ne conçoit pas la digitalisation comme une fin en soi, mais comme un moyen de progresser : « Elle répond à l'objectif d'améliorer la régularité de nos flux, elle apporte aussi une mine de données à notre bureau d'études pour le développement de nouveaux produits », explique Thierry Weissgerber.

 

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Endress+Hauser Flowtec fabrique des débitmètres, de 2 millimètres jusqu'à 2,4 mètres de diamètre. © Endress+Hauser.

 

La digitalisation ne remplace pas le salarié : elle permet de l'exonérer de certaines tâches pour aller vers le cognitif, comme la programmation, le pilotage d'un bout de ligne, selon l'entreprise. « Elle nous fait ainsi réduire le temps de cycle », ajoute le directeur.


L'entrée sans révolution dans l'industrie du futur d'Endress+Hauser Cernay apparaît comme un levier réaliste pour poursuivre la croissance d'un site né avec à peine une dizaine de collaborateurs au début des années 1990. Et pour maintenir la confiance de sa maison-mère bâloise, que vient confirmer chaque année un budget d'investissement de 6 à 8 millions d’€.

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