AGROALIMENTAIRE/HAUTE-SAÔNE. L’eau de Velleminfroy est la plus chère de France et son propriétaire et producteur, le groupe alsacien Poulaillon, s’en félicite.
Vierge de toute pollution, cette eau captée en Haute-Saône, entre Vesoul et Lure, et positionnée sur le haut de gamme, va être prochainement être proposée dans l'ensemble des boulangeries et snackings du groupe.
Retour sur une aventure qui a mis une dizaine d'années à se concrétiser.

 

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Une chaîne d'embouteillage des bouteilles d'eau minérale dont le design contribue à son positionnement premium.© Velleminfroy.

 

L'intérêt de Paul Poulaillon, fondateur du groupe qui porte son nom spécialisé dans la boulangerie et le snacking, pour la source de Velleminfroy, en Haute-Saône, remonte à 1975. Il venait, en 1973, d'ouvrir dans la région de Mulhouse (Haut-rhin) la première boulangerie de ce qui allait devenir un groupe fort aujourd'hui de 50 magasins, de Lille à Lyon, et réalise un chiffre d'affaires de l'ordre de 80 millions d’ € avec 700 collaborateurs.

 

Paul Poulaillon découvre la source grâce à son beau-père : son épouse est originaire d'un village proche de Lure. « Émerveillé par ce qui sort de la terre », il est intrigué par l'ancien site d'exploitation de cette source qui a vécu ses heures de gloire dans les années 1960. Et dont il ne reste pas grand chose : Tout au plus un abri pour la protéger. A cette période-là, la source de Velleminfroy est achetée par la société qui assurait l'exploitation des bains de Luxueuil, qui fore quatre puits, mais ne va pas plus loin.

 

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Paul Poulaillon se porte acquéreur en 2004, lors d'une vente au tribunal de commerce de Lure, suite à un dépôt de bilan. « J'ai bu un coup d'eau, et ensuite je me suis dit : maintenant, qu'est-ce que je vais en faire », sourit-il aujourd’hui.

 

Douze ans après, en 2016, l'exploitation de la source commence. L’usine d’embouteillage a été inaugurée en septembre de la même année. « Une dizaine d’années, ce n'est pas de trop pour mettre en place un tel projet », explique l'entrepreneur. Il a fallu passer plusieurs caps : celui des autorisations sanitaires, puis des financements, de la définition du produit à commercialiser, et de la façon de le faire. « Je me demande si j'ai réfléchi auparavant : mais si vous réfléchissez trop, vous ne faites pas », estime Paul Poulaillon.

 

Une levée de fonds de 6 millions d’€

 

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L'usine a été conçue pour accueillir le public avec un parcours sensoriel, une dégustation et une filmographie sur l'histoire de la source. © Pierre-Yves Ratti.

 

Poulaillon était coté en bourse au second marché, ce qui lui a permis de lever des fonds. Mais pas autant que prévu : il espérait 10 millions d’€, ce sera 6. Très majoritairement, les investisseurs sont des petits actionnaires, clients de Poulaillon, avec des actions proposées à 5 € (elles en valent 9,5 € aujourd’hui). La société Les Eaux de Velleminfroy devient alors une filiale du groupe Poulaillon.


La demande d'agrément à l'ARS (Agence régionale de santé) passe par des analyses de l'eau mensuelles pendant une année, au terme de laquelle l'eau est déclarée bonne à la consommation et la construction de l'usine peut démarrer. Pour autant, l'autorisation d'exploiter n'est pas acquise : le mode d'embouteillage doit être validé pour qu'elle soit finalement octroyée.

 

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Pour réussir son pari, Paul Poulaillon mise sur ce qui se fait de mieux. « Il faut prendre les meilleurs », clame-t-il. C'est ce qu'il assure avoir fait pour la ligne d'embouteillage acquise auprès du leader mondial du secteur.

 

L'investissement global se chiffre à 7 millions d’€, pour une usine à laquelle sont associés un show-room design et une salle de cinéma destinée à présenter à ses visiteurs l'entreprise sur grand écran, « pour expliquer notre eau ».

 

Un bunker d'or blanc pour une eau “premium”

 

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Le P-DG de Poulaillon devant un échantillon des gammes Velleminfroy. © Pierre-Yves Ratti.

 

Son eau, Paul Poulaillon la positionne en haut de gamme, sur le segment “premium”. D'ailleurs, il se félicite qu'elle soit la plus chère de France. Le prix de vente moyen est de 2,20€ le litre. Selon lui, elle le mérite : « sans pesticides et avec zéro nitrates. Je suis prêt à donner nos analyses, ce que ne font pas nos concurrents. C'est une chance d'être en Haute-Saône : il n'y a pas de pollution. Cette eau a entre 1.000 et 5.000 ans. Elle est dans un gros bassin protégé par 6 mètres d'argile. C'est un bunker d'or blanc. » Il affirme aussi qu'elle soigne la goutte, le foie, les reins, les calculs, en plus d'aider au transit.

 

L'eau de Velleminfroy est référencée dans 6.000 grandes surfaces : « Presque toutes les enseignes », précise Paul Poulaillon qui utilise ses propres magasins pour la tester : « C'est un bon laboratoire. A Metz, on a fait une ouverture avec uniquement l'eau de Velleminfroy. Personne ne nous a demandé autre chose, et on a eu aucune réclamation ».

 

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Prochainement, elle devrait être  proposée dans l'ensemble des magasins Poulaillon (sauf en Alsace, où les eaux alsaciennes : Carola, Wattwiller, Lisbeth, Celtic, Metzeral… demeurent incontournables).

 

L'entreprise compte une quinzaine de salariés, dont quatre commerciaux et une équipe de 8 personnes en production. Elle devrait passer à 30 ou 40 personnes en 2018, avec des renforts commerciaux et la mise en place d'une deuxième équipe en production.

 

Depuis fin 2017, l’eau de Velleminfroy est en effet élargi sa gamme avec une eau gazéifiée et un conditionnement en bouteilles en verre (et plus seulement en plastique) de façon à séduire la clientèle des hôtels et restaurants haut de gamme.

 

S'il affirme que son eau soigne, Paul Poulaillon n'ambitionne pas pour autant de se lancer dans le thermalisme. En revanche, il projette un hôtel 4 ou 5 étoiles avec piscine thermale pour une clientèle en quête de week-ends prolongés. « D'ici cinq ou six ans », espère-t-il.

 

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Après le conditionnement en plastique, le verre. © Velleminfroy.
1 commentaire(s) pour cet article
  1. Herlichdit :

    Pourquoi cette eau est-elle en rupture de stock dans tous les supermarchés ? Merci pour votre retour

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