AGROALIMENTAIRE/ALSACE. Le groupe de boulangerie et restauration rapide basé à Mulhouse (Haut-Rhin) fait son entrée en bourse, sur Alternext.
La famille fondatrice de Poulaillon cède jusqu’à 25 % maximum du capital pour développer son outil de production, son réseau de magasins et réaliser une diversification dans l'eau minérale à Villeminfroy, en Haute-Saône. Quelques jours après son introduction, elle revoit ses ambitions à la baisse. (Lire mise à jour en fin d'article)

Après la vogue des années 1980 et 1990, le soufflé de l’introduction en Bourse de belles PME alsaciennes était presque complètement retombé. Poulaillon le ranime. Le groupe de boulangerie et restauration rapide basé à Mulhouse (Haut-Rhin) se lance dans l’aventure sur Alternext, où il a fait son apparition mercredi dernier.
Sur le marché, il cherchait à lever 10 millions d’€ - ambition revue à la baisse, - lire MISE A JOUR en fin d'article -, à comparer à sa valorisation de 32 millions d’€ avant introduction. Jusqu’alors propriétaire à 100 %, la famille est prête à accueillir de nouveaux investisseurs institutionnels et petits porteurs jusqu’ à 25 % maximum.
Pour attirer, Poulaillon peut se prévaloir de bons résultats en 2013/14, dernier exercice arrêté (clôture au 30 septembre).
L'excédent brut d’exploitation (EBE) a progressé à 8,8 % du chiffre d’affaires. Le bénéfice d’exploitation a atteint 1,674 million d’€. Le taux d’endettement baisse mais reste élevé, à 127 % actuellement, ce qui a sans doute fait hésiter plus d’une banque et incité l'entreprise à aller sur le marché.
Car le groupe de boulangerie et restauration rapide mulhousien a besoin de fonds pour poursuivre son développement. La levée poursuit quatre objectifs : 40 % seront dévolus au développement du réseau de magasins, 30 % aux investissements courants et plus lourds, 15 % à l’amélioration du fonds de roulement et 15 % à la diversification dans l’eau.
Développement des points de vente
Voilà donc les priorités à court terme de l’entreprise. On peut les synthétiser comme la volonté d’accélérer sans fuite en avant un développement constant depuis plus de 40 ans, par une expansion à la fois dans la géographie et dans les métiers.

Poulaillon aujourd’hui, c’est une success-story construite autour de l’invention de la Moricette, une version allongée et ramollie du bretzel, produit alsacien par excellence sur lequel Paul Poulaillon a jeté le regard neuf d’un rhône-alpin débarqué à Mulhouse en 1973.
Le succès du produit-phare (100 000 par jour), la diversification vers les produits traiteur et le snacking ont donné naissance à un groupe de 580 salariés pour 54 millions d’€ de chiffre d’affaires à la fin de l’exercice 2014/15.
« La croissance du dernier exercice a approché 19 % et est de 13,5 % en moyenne sur les cinq dernières années. Notre marché se situe en plein dans les tendances de restauration du moment », appuie Fabien Poulaillon, fils de Paul et directeur de la division grands comptes.
Conséquence : l’unité de production de Wittelsheim (Haut-Rhin) a besoin de grandir. Les lignes les plus récentes apportent une réserve de capacité de 50% qui permettra de tenir un temps, mais pas trop longtemps. « D’ici à deux ans, il faudra sans doute mettre en service une nouvelle ligne, ce qui implique d’en prendre la décision de principe dans les six prochains mois », explique Paul Poulaillon, toujours président.
Le chiffre d’affaires se réalise à 65 % dans la partie B&C (commerce) que dirige Magali, la fille. Celle-ci pilote le développement des magasins : à partir des 24 actuels surtout concentrés dans le Nord-Est (Alsace avant tout, mais aussi Lorraine, Picardie, Dijon et Besançon), « l’objectif se situe à six ouvertures nouvelles par an », indique Magali.
L’extension concerne notamment un nouveau concept Corner de petits points de vente de 30 m2 en ville, sur le modèle testé à Lyon depuis fin octobre.

Diversification dans l'eau minérale
La partie grands comptes, qui représente le solde du chiffre d'affaires, se répartit entre la grande distribution, la restauration hors foyer et les grossistes et collectivités. « Aucun client ne dépasse à lui seul 5 % du CA. Nous enchaînons les nouveaux contrats », souligne Fabien Poulaillon.
Et puis, Poulaillon va faire un crochet a priori surprenant dans l’eau. « Bien que né au pied des coteaux de Condrieu (NDLR : département du Rhône), l’eau est ma passion de toujours, mon deuxième bébé ! Je n’aurais pas conçu de ne pas m’y lancer un jour », témoigne Paul Poulaillon.

Après de longues années de préparation, c’est chose faite ou bientôt. Sitôt le dernier agrément obtenu, en principe avant la fin de l’année, Poulaillon lancera sur le marché une eau « de luxe » puisée à Villeminfroy en Haute-Saône. Une source « exceptionnellement riche en sels minéraux », mais vierge de nitrates, dédaignée par les géants du secteur, et donc rachetée par Paul Poulaillon après être tombée en désuétude dans les années 1960.
L’entreprise a déjà investi 6,5 millions d'€ pour remettre en état l’outil d’embouteillage. Les quantités resteront modestes : 2 millions de bouteilles par mois.
Elle pourra se boire ou servir à son bien-être. « Nous allons concevoir une animation, autour de l’usine et d’un restaurant, dans ce joli coin entre Lure et Vesoul », annonce Fabien Poulaillon.
Photos Traces Ecrites. Autres fournies par l'entreprise.
MISE A JOUR 19-11-2015. Poulaillon annonce un ajustement de sa fourchette indicative de prix de 5,10 € à 6,90€ par action dans le cadre de son introduction en Bourse sur Alternext à Paris. A l’issue de l’offre à prix ouvert et du placement global, le produit de l’augmentation de capital serait alors de 7,2 millions d'€ (au lieu de 10 initialement prévu). La date de clôture est repoussée au 26 novembre.