Pour pallier la pénurie de besoins de main d’oeuvre dans l’industrie pharmaceutique, trois industriels de la pharmacie en Alsace, ont construit ensemble une formation qualifiante courte avec l’objectif de créer un titre professionnel d’« opérateur de production de 1er niveau ».


En Alsace, trois entreprises de la santé mènent une action dont la singularité tient à la mutualisation des moyens et des connaissances dans le but de créer un titre professionnel d’« opérateur de production de 1er niveau ». Le parcours de formation que suivent actuellement neuf opérateurs de ligne est basé sur un référentiel construit en commun, duplicable à toute activité de l’industrie pharmaceutique. Il est de courte durée, 7 semaines, et se poursuit dans l’entreprise pendant un an sous la forme d’un contrat de professionnalisation et un CDI…

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Recipharm à Kaysersberg (Haut-Rhin) est spécialisée dans les gouttes ophtalmiques en unidoses.


L’idée de s’atteler au sujet est venu de Delpharm, fabricant de médicaments à Huningue (Haut-Rhin) qui emploie 300 personnes dont environ un tiers d'opérateurs de production. En 2019, l’entreprise avait travaillé sur un référentiel de compétences et bâti une formation qualifiante adaptée pour une première session de 10 personnes.
« La particularité de notre secteur d’activité réside dans le fait que la traçabilité est fondamentale dans le process, cela peut devenir compliqué pour l’opérateur qui ne connaît pas les fondamentaux du métier, car faute de formation qualifiante, nous recrutons des personnes venues de tous horizons », constate Karine Rousseau, DRH.

 

bpalcnovembre

 


Un groupe de travail avec l’Adira auquel ont participé une dizaine d’entreprises de la pharmacie avait confirmé les lacunes. « Il n’existe ni formation de premier niveau de qualification, ni diplôme, et la proximité de la Suisse provoque un important turn over », expose Delphine Schwartz, coordinatrice du projet à la MEF (Maison de l’Emploi et de la Formation) de Mulhouse Sud Alsace. Toutes les entreprises avaient aussi exprimé un besoin récurrent de personnels de production (opérateurs de ligne et de conditionnement) et leurs difficultés à recruter.


Trois d’entre elles ont pris le taureau par les cornes. Elanco qui fabrique à Huningue (Haut-Rhin), des médicaments pour les chiens et les chats et Recipharm à Kaysersberg (Haut-Rhin), spécialisée dans les gouttes ophtalmiques en unidoses, ont rejoint Delpharm. Recrutés par Pôle Emploi parmi les demandeurs d’emploi ou des opérateurs de l’industrie cherchant à changer d’employeur, les stagiaires ont, à partir de septembre dernier, suivi un tronc commun théorique. Les cours, assurés par l’IFIS, organisme de formation du secteur de la santé, ont porté sur la conduite d’une ligne de production, le conditionnement, les bonnes pratiques de la fabrication caractéristiques de l’industrie pharmaceutique.

 

En quête d’un titre professionnel

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Elanco fabrique à Huningue (Haut-Rhin), des médicaments pour les chiens et les chats.


La formation se poursuit aujourd’hui au sein des entreprises, sous la forme d’un contrat de professionnalisation porté par Alemploi. L’entreprise prendra ensuite le relais avec un CDI. « 70% des acquis se font en entreprise mais dans notre secteur, il faut une base de fondamentaux », insiste Gaëlle Caron, DRH d’Elanco.
Cette première session devrait être suivie d’autres dès cette année. « Elle permettra d’affiner le référentiel en fonction des besoins des stagiaires et des employeurs », commente Delphine Schwartz, pour décrocher auprès de France Compétences, le titre professionnel d’ « opérateur de production de 1er niveau ».

 

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Cette certification reconnue par le ministère du Travail et de l’Emploi pour l’ensemble de la branche pharmaceutique, ainsi que l’industrie cosmétique, faciliterait le recrutement dans le secteur, que la formation initiale ne satisfait qu’à des niveaux de compétences plus techniques. Les entreprises ont d’ailleurs emporté l'adhésion des acteurs de la formation. Son coût, de 69.245 € TTC, a été pris en charge à hauteur de 60% par la Région Grand Est et de 40 % par Pôle emploi. Un engagement fort qu’explique le dynamisme de l’industrie pharmaceutique en Alsace.

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