L’usine alsacienne spécialisée dans les produits ophtalmiques en dose unique poursuit ses investissements pour augmenter ses capacités de production et enclenche des embauches. Fin août, la ministre déléguée à l’insertion, l’alsacienne Brigitte Klinkert, est venue y promouvoir le programme gouvernemental « 1 jeune 1 solution »

 

Recipharm conforte son site de Kaysersberg (Haut-Rhin). Le fabricant suédois de solutions médicales mettra en service en fin d’année un investissement de 2,6 millions d’€, qui consiste en une nouvelle cuve de préparation, l’une des trois étapes de son process avant le remplissage et le conditionnement.
L’équipement lui-même, de fabrication italienne, est arrivé dans un local moins impressionnant par sa surface (80 m2 à comparer aux 26.400 m2 totaux du site) que par sa hauteur, de 8,50 mètres. Il a été présenté le 20 août à la ministre déléguée à l’insertion, l’alsacienne Brigitte Klinkert. Il reste à injecter dans cette cuve les 1.100 litres de matière qu’elle peut contenir.

 

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Ce développement vient compléter l’investissement « fondateur » de 18 millions d’€ de 2016 à 2018 : le laboratoire pharmaceutique a alors procédé aux augmentations de capacité de production et aux modernisations qu’il avait identifiées comme stratégiques pour la réussite de sa reprise du site. Fin 2015, le groupe suédois a en effet succédé à Novartis au volant de l’usine. Il a ainsi hérité d’une tradition de 80 ans de production ophtalmologique sur place. Initiée par le pharmacien local Georges Ferrenbach, celle-ci a débouché sur la création dans les années 1970 de la société POS (Produits ophtalmologiques stériles), la reprise par l’américain Alcon puis par le suisse Novartis, avant donc le nouveau changement de nationalité.


oplineLa tradition a été perpétuée et actualisée : « Les produits ophtalmiques en dose unique demeurent notre spécialité, et plus particulièrement ceux qui combattent le syndrome de l’œil sec, représentant 90 % de notre activité », souligne le directeur Yves Buelens. S’ajoutent des solutions contre le glaucome, les inflammations ou encore les allergies.

La nouvelle cuve (photo ci-contre) sera dédiée à ces activités, mais pas uniquement : elle ouvre la voie à quelques diversifications « comme les maladies pulmonaires », glisse Yves Buelens. En ce sens, l’investissement revêt une importance plus que proportionnelle à son montant.
Il déclenche, de plus, des « rapatriements de volumes en provenance des Etats-Unis et d’Australie », souligne le directeur : non pas des réorganisations internes à Recipharm, mais le transfert à Kaysersberg de productions assurées jusqu’alors en direct par des clients, qui se recrutent parmi les principaux groupes pharmaceutiques et les fabricants de médicaments génériques.

 

25 à 30 recrutements, dont une dizaine est en cours

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Yves Buelens, directeur de Recipharm Kaysersberg explique le nouveau projet à la ministre Klinkert © Mathieu Noyer

 
Recipharm en effet, est un façonnier, qui produit pour le compte des fabricants de médicaments… ou de vaccins : son nom apparaît en ce moment sur le devant de la scène, dans la mesure où l’une des trois usines en France, à Monts près de Tours (Indre-et-Loire) s’est mise à produire l’anti-Covid de Moderna. Les deux autres implantations hexagonales se situent à Fontaine-les-Dijon (Côte-d’Or), ainsi qu’à Pessac (Gironde) dans des formes sèches (gélules, comprimés…).

Sur un effectif mondial de 9.000 salariés à l’origine en 2020 d’un chiffre d’affaires d’1,1 milliard d’€, Kaysersberg emploie 315 collaborateurs. Ce chiffre, qui avait grimpé d’une quarantaine d’unités à l’occasion du premier investissement, est en train de s’accroître à nouveau : le nouvel investissement engendre 25 à 30 recrutements, dont une dizaine est en cours, avec une importante dimension d’insertion (voir l'encadré ci-dessous).


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Et le groupe se place dans une dynamique de poursuite de son expansion locale, annonce son directeur. « L’espace est d’ores et déjà réservé pour une seconde cuve à côté de celle à venir. Nous avons produit l’an dernier 450 millions de doses, par rapport à une capacité de 600 millions, il y a donc encore de la marge. »

L’insertion mise en avant

Si Brigitte Klinkert a choisi Recipharma Kaysersberg pour sa rentrée, ce n’est pas seulement par commodité de proximité. Le site se distingue par ses efforts en matière d’insertion des jeunes. Il compte une quinzaine d’apprentis et s’efforce autant que possible d’en embaucher à l’issue, particulièrement en ce moment dans le cadre de son expansion.
Cinq d’entre eux, en formation dans les différents départements de l’usine (support pharma, préparation, laboratoire de chimie,  informatique, maintenance-ingénierie) ont dialogué avec la ministre déléguée à l’insertion. Ils ont décrit leur parcours, parfois sinueux (deux ans chez Mac Donald’s par exemple après le bac) et témoigné de leur motivation à entrer dans l’industrie et à y persévérer.
Autre interlocuteur de Brigitte Klinkert, Laurent est un embauché assez récent (trois ans), plus âgé et au parcours méritoire. «  Je resté trois ans sans travail après mon licenciement économique en Suisse, et suis ainsi devenu un bénéficiaire du RSA. J’ai rebondi chez Recipharm, qui m’a donné ma chance », a-t-il raconté.
A l’occasion de cette rencontre, la ministre a rappelé les différents dispositifs mis en place par le gouvernement sur le terrain de l’emploi en réponse à la crise sanitaire, notamment le programme « 1 jeune 1 solution ».

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