BIOTECHNOLOGIES/STRASBOURG. Domain Therapeutics, spécialisée dans les traitements des maladies neurogénératives et les cancers, a signé hier à Paris un accord cadre avec cinq sociétés d’accélération du transfert de technologies (SATT), dont l’alsacienne Conectus.
Cette collaboration débouche sur un modèle économique original, la création de start-up dédiées au développement d’un candidat médicament.

 

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Domain Therapeutics développe l'innovation jusqu'au stade où elle suscite l'intérêt des fonds de capital-risque puis la transfère à une société mono-projet.

 

L’expérience dans la recherche pharmaceutique de Pascal Neuville, directeur général de Domain Therapeutics et de Youssef Benani, son président, les a conduit à un constat : « L’industrie pharmaceutique, même si elle prétend s’intéresser aux innovations précoces, focalise l’essentiel de son énergie et de ses ressources sur les phases finales du développement et laisse le soin au monde académique et aux biotechs d’assurer les découvertes initiales et les phases intermédiaires de R&D. »

 

C’est sur cette base que ces chercheurs ont bâti leur métier. Née en 2008 à Illkirch, près de Strasbourg, Domain Therapeutics détecte auprès des laboratoires universitaires les travaux menés sur des molécules pouvant déboucher sur de nouveaux médicaments pour soigner les maladies neurogénératives et les cancers.

 

La biotech les poursuit jusqu’à en prouver l’efficacité clinique et sécuriser la propriété intellectuelle. Enfin elle les transmet à un industriel de pharmacie qui, lui, développe les phases cliniques jusqu’à la mise sur le marche du médicament.

 

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Originalité du modèle économique de l’entreprise : chaque innovation est développée par une société mono-projet qui ne s’intéresse qu’à un seul produit.

 

C’est à ce moment là qu’interviennent les SATT, sociétés d’accélération du transfert de technologies mises en place par l’Etat à travers le Programme des Investissements d’Avenir, et dotées de fonds de capital risque.

 

En plus d’assister l’entreprise dans la détection de projets innovants dotés d’un potentiel commercial, protéger ces inventions par des brevets, les SATT accompagnent la création d’une « start-up » en sollicitant des investisseurs ou en devenant elle-même actionnaire.

 

Les deux partenaires, Domain Therapeutics et la SATT, profitent des retombées financières au moment de la cession de licence à l’industrie pharmaceutique.

 

Passer à l’échelle supérieure

 

Cinq d’entre elles ont signé mercredi à Paris un accord-cadre avec Domain Therapeutics, dont Conectus Alsace - première SATT à avoir vu le jour en France en 2012 -, avec laquelle l’entreprise mature déjà une molécule capable de stopper la progression de la maladie de Parkinson.

 

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Deux millions d’€ ont été à ce jour investis dans le développement d’un candidat médicament par une société dédiée baptisée Matalon Therapeutics. Cap Innov Est y apporte des financements ainsi que le fonds suisse de capital risque Medicxi qui s’est engagé à investir jusqu’à 9 millions.

 

« Nous nous sommes mutuellement rendus compte que ce schéma scientifique et économique fonctionnait bien, explique Pascal Neuville, c’est pourquoi nous passons à l’échelle supérieure avec cet accord cadre qui engage les SATT Conectus Alsace, Aquitaine Science Transfert, Ouest Valorisation, Sud-est et Toulouse Tech Transfer. »


Le directeur général décèle un autre avantage à ce schéma : « Cela évite à des sociétés biopharmaceutiques de puiser tous azimuts dans ses fonds propres et de les fragiliser car, en pharmacie, les cycles sont tellement longs qu’ils peuvent épuiser les moyens d’une société ».

 
En 2016, Domain Therapeutics a réalisé un chiffre d’affaires de 8 millions d’€ et présente un bilan « à l’équilibre », annonce fièrement le directeur général.

 

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Les revenus proviennent de licences et d’investissements de recherche grâce des participations dans quatre autres start-up financées par le capital risque - dont l'un des projets est en phase clinique II (test chez des patients) - qui ont réalisé des levées de fonds totalisant plus de 60 millions d'€. Des travaux effectués pour le compte d’industriels de la pharmacie constituent une seconde ressource.

 

Domain Therapeutic dispose aussi d’une filiale de 10 personnes à Montréal qui effectue des recherches pour le compte de l’industrie pharmaceutique nord-américaine et fait de la veille auprès de la recherche académique.


pascalneuvilleQui est Pascal Neuville ?

 

Le directeur général de Domain Therapeutics est titulaire d'un doctorat en biologie moléculaire de l'Université de Strasbourg.
Il passe 5 ans à l'Université de Genève comme enseignant-chercheur. Puis il part dans le privé en rejoignant Transgene SA (Institut Mérieux) en tant que chef de projet R & D.

De retour en Alsace, il intègre Faust Pharmaceuticals SA comme directeur scientifique de cette société de développement de médicaments aujourd’hui disparue.

En 2008, il rencontre le président actuel de Domain Therapeutics, Youssef Bennani, docteur en chimie. Ils cofondent la société de biopharmacie avec des capitaux risqueurs nationaux et régionaux.

De 2008 à 2010, Pascal Neuville a été président du conseil d'administration d'Alsace BioValley, le pôle de compétitivité des sciences de la vie en Alsace. Il est également membre du comité d'investissement de la SATT Conectus, et siège aux conseils d'Axilum Robotics et de Defymed.

Photos fournies par l'entreprise.

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