BIOTECHNOLOGIES/ALSACE. Au moment où la filière biotechnologique alsacienne accueille l’édition 2015 de Biofit (1), rendez-vous majeur du secteur qui a fermé ses portes hier à Strasbourg, ses jeunes entreprises emblématiques se sentent pousser des ailes.

Développeur d’un pancréas artificiel à Strasbourg, Defymed engrange près de 2 millions d’€ de nouveaux fonds. A Mulhouse, CellProthera annonce le lancement de l’essai clinique pour sa solution de régénération cardiaque post-infarctus.

 

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Defymed est une spin-off du CeeD, le Centre européen d’étude du diabète de Strasbourg, référence internationale du sujet. © N.Messner.

 

Doucement mais sûrement, le pancréas « bio-artificiel » de Defymed s’approche de sa mise sur le marché. Nommé Mailpan, ce dispositif médical vise en priorité les patients qui souffrent d’un diabète de type 1, celui qui ne peut se passer d’apport d’insuline.

 

Seules solutions aujourd’hui pour ces 25 millions de personnes dans le monde : se faire administrer l’indispensable hormone tous les jours par stylos, ou en continu par une pompe, ou se faire transplanter des îlots pancréatiques ou recevoir une greffe de pancréas.

 

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Autant de traitements lourds, que le nouveau produit que développe la start-up pourrait supplanter. « Il se caractérise par sa semi-perméabilité. De ce fait, il laisse passer l’insuline et le glucose, mais bloque les molécules impliquées dans le rejet », expose Séverine Sigrist, présidente de Defymed.


Avec son équipe, Séverine Sigrist travaille à cette innovation de portée internationale depuis près de vingt ans. Defymed est une spin-off du CeeD, le Centre européen d’étude du diabète de Strasbourg, référence internationale du sujet.

 

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Séverine Sigrist est également la présidente du pôle Alsace BioValley. © F. Nussbaumer.

Le centre de recherche demeure son partenaire technologique et financier. Il a participé à toutes les levées de fonds, dont la dernière et la plus importante d’1,9 million d’€ qui a associé le Fonds lorrain des matériaux et le nouveau fonds interrégional d’amorçage Cap Innov’Est.


En ajoutant un premier tour de table et les financements publics, Defymed en est à 5 millions d’€ collectés.

 

La récente levée annoncée fin octobre, lui permet de finaliser l’industrialisation de son dispositif médical, d’en valider définitivement la biocompatibilité, et de préparer les premiers essais cliniques chez l’Homme, fin 2016. « L’objectif, c’est de sécuriser complètement le Mailpan », résume Séverine Sigrist.


« Les études qui vont démarrer auront lieu en Europe, mais nous visons les Etats-Unis, ce qui va requérir une nouvelle levée de fonds. Sachant que notre production restera à Strasbourg », ajoute la chercheuse et entrepreneuse.


Defymed emploie 6 salariés et prévoit deux recrutements prochains. La start-up a commencé à dégager du chiffre d’affaires : elle prévoit 300 000 € en 2016.

 

Ses clients se recrutent parmi les groupes pharmaceutiques producteurs des cellules pancréatiques qui secrètent l’insuline. Mais son horizon peut s’élargir à d’autres applications : « Nos découvertes sont transposables au foie ou au rein bioartificiels », rappelle Séverine Sigrist.

 

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La récente levée de fonds permet à Defymed de finaliser l’industrialisation de son dispositif médical. ©N.Messner.

 

Mise sur le marché fin 2018/début 2019


Mardi 2 décembre, à son siège à Mulhouse, c’était au tour de CellProthera d’annoncer une étape majeure après 14 ans de recherches : le premier essai clinique chez l’Homme de son produit de thérapie cellulaire de régénération cardiaque après un infarctus.

 

Cette régénération s’opère grâce à des cellules souches, qui sont prélevées par simple prise de sang, puis sont démultipliées au moyen d’un automate qui produit un greffon, injecté par un cathéter dans la zone lésée.

 

Réparti entre dix hôpitaux en France et en Grande-Bretagne dont Mulhouse, l’essai débutera en janvier et concernera 44 patients victimes d’un infarctus sévère.

 

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L’automate de production de greffons de cellules-souches. © Studio Chlorophylle / Serge Nied.

 

« Notre solution augmente considérablement les chances de survie, elle se pose en alternative à la transplantation, en plus économique de surcroît : notre kit de production de greffon coûte 35 000 €. Pour une transplantation, il faut compter 200 000 € », souligne le professeur Philippe Hénon, président et directeur scientifique de CellProthera.

 

Le traitement pourrait bénéficier à 1 million de patients par an rien qu’aux Etats-Unis, au Japon et dans les principaux pays de l’Union européenne.


Après une autre phase d’essai sur 150 patients en Europe et en Amérique du Nord, la société de 19 salariés visera la mise sur le marché fin 2018/début 2019.

 

CellProthera part pour cela à la conquête de 25 millions d’€ de fonds venant s’ajouter aux 20 déjà collectés depuis ses débuts.

 

« L’entrée en phase clinique débloque beaucoup les discussions », relève Jean-Claude Jelsch, directeur général.

 

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l’équipe dirigeante de CellProthera, autour de son fondateur le professeur Philippe Hénon (au centre). © Traces Ecrites.

 

(*) Biofit est une convention d’affaires annuelle qui réunit entreprises, chercheurs, financeurs et structures d’accompagnement dans les sciences de vie. Près de 1 000 personnes ont participé à l’édition 2015 les 1er et 2 décembre à Strasbourg. Elles y débattent en particulier des transferts de technologies et du financement des innovations.

Le choix de Strasbourg pour ce rendez-vous national est une marque de reconnaissance du dynamisme alsacien en biotechnologies et sciences de la vie sous la houlette du pôle de compétitivité Alsace BioValley.

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