
MÉDICAL. Nouvelles étapes pour le pôle de compétitivité alsacien dédié à la santé.
Amené comme les tous autres par le gouvernement à se rapprocher davantage des entreprises, BioValley veut les aider à se diversifier vers ce secteur porteur.
Le nouveau cap coïncide avec l’arrivée début juillet d’un nouveau directeur général, venu justement de l’industrie.
Cliquez sur les photos pour les agrandir.
Didier Frommweiler exerçait auparavant des responsabilités chez Sanofi-Aventis, ce qui lui valait de siéger de l’autre côté de la barrière au sein d’Alsace BioValley, comme vice-président du conseil d’administration.
Au sein de l’équipe de 14 personnes, le nouveau directeur général sera secondé par Guillaume Ebelmann qui assurait l’intérim de la direction.
La feuille de route des prochaines années attend sa validation gouvernementale dans les semaines à venir.
Elle prend acte de la demande de l’Etat de mieux orienter les pôles de compétitivité vers le soutien aux entreprises existantes et leurs projets concrets, en vue de créer des emplois.
Un mot d’ordre : l’aide à la diversification vers la santé/pharmacie. « Faire grandir l’entreprise déjà créée », résume Didier Frommweiler.
On ne parle pas ici de lancer une PME de mécanique ou de plasturgie dans la recherche de médicaments. Mais de lui trouver des débouchés en tant que fournisseur d’équipements.
« Electronique, polymères, fluides, mécanique : les besoins sont nombreux », précise le directeur général du pôle.
Exemple déjà plus ancien : Streb & Weil, PME de mécatronique à Duppigheim (Bas-Rhin) a largement réorienté son portefeuille clients vers des piliers de la Biovalley alsacienne comme Millipore, Octapharma et Catalent.
Jusqu’à monter en puissance technologiquement pour participer à l’un des projets labellisés du pôle, pour lequel il a mis au point un robot de simulation magnétique.
Alsace Biovalley n’oublie évidemment pas son rôle de dynamisation de la relation entre l’industrie pharma et la multitude de pépites qui germent ou sortent des laboratoires publics régionaux.
Avec la conscience toutefois qu’il lui faut mieux cibler son rôle pour apporter une valeur ajoutée.
« Chaque groupe pharmaceutique a sa veille documentaire et il identifie bien les start-up en lien direct avec ses propres thèmes de recherche. Nous, nous pouvons lui faire rencontrer la start-up insoupçonnée, y compris celle qui vient d’autres secteurs d’activité », souligne Jean-Yves Bonnefoy, président du pôle. Quelque 70 entreprises adhèrent à Alsace Biovalley.

Des motifs de collaboration avec le pôle micro-techniques de Besançon
Le go-between s’applique aussi à la fonction de financement. On connaît - et on mesure souvent - les pôles de compétitivité au nombre de leurs projets labellisés. C’est sous-estimer leur fonction de passeur.
Au premier semestre 2013, Alsace Biovalley a labellisé en direct 9 dossiers (en phase avec l’objectif de 15 sur l’année) pour un montant de 19,7 millions d’€.
Exemple : Dosimed entend innover dans le diagnostic clinique et le suivi thérapeutique par la création d’une plateforme de dosage de médicaments utilisant la spectrométrie de masse.
Dosimed associe Alsachim (Illkirch, Bas-Rhin) et les Hôpitaux universitaires de Strasbourg.
Mais le pôle a aussi instruit 22 autres dossiers qui ont été lauréats d’appels à projets de l’ANR, l’Agence nationale de la recherche, pour un total de 35,3 millions d’€.
Autre outil pour lequel Alsace BioValley joue un rôle pivot : le nouveau label Entreprise innovante de pôle, qui vise à susciter des levées de fonds privées.
Cinq dossiers alsaciens ont été labellisés, deux entreprises ont décroché leur financement, une troisième est en bonne voie.
Au stade amont, le pôle travaille main dans la main avec la Satt Conectus Alsace, devenue le référent pour le financement des projets à leur toute première étape de la « preuve de concept », avant même l’amorçage.
Seul pôle alsacien classé à vocation mondiale, Alsace Biovalley est pris au sérieux à l’étranger.
Il a conclu des partenariats avec un homologue au Québec, le CQDM, et depuis ce printemps avec la référence mondiale des clusters pharma, le Massachusetts Life Sciences Center.
Les entreprises des deux territoires développent et financent ensemble des projets de R&D, un montage associant Oséo, aujourd'hui fondu dans Bpifrance. Le pôle initie aussi des relations au Japon.

Les collaborations intéressent aussi Alsace Biovalley à l’échelle interrégionale.
« Dans le domaine du médicament, nous sommes seuls dans le Grand Est. Mais notre secteur agit en interaction avec un tas d’autres compétences. Nous avons à coup sûr des motifs de collaboration avec Materalia (matériaux) ou le pôle micro-techniques de Besançon », souligne Didier Frommweiler.
Photos : Christian Robischon, Defymed et Lilly.