Dans le contexte de taux d’intérêt bas, la demande de bureaux à Strasbourg se déplace vers l’acquisition, mais l’offre neuve demeure insuffisante. Les départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin fusionnés en une Collectivité européenne d’Alsace le 1er janvier 2021. Le fabricant de poutrelles et prémurs Rector-Lesage s’étend près de Toulouse. Bétons Fehr investit dans la vente en ligne. Le promoteur marseillais Constructa se jette à l’eau à Huningue au bord du Rhin. Le port de Mulhouse en baisse à cause du manque d’eau.
• Bureaux à Strasbourg : la demande est là, pas l’offre
Le marché des bureaux à Strasbourg retrouve des couleurs, mais il le pourrait encore davantage avec plus d’offre disponible. Les cabinets-conseils BNP Paribas Real Estate et Rive Gauche CBRE partagent cette conclusion dans leurs études respectives sur l’année 2018. Les transactions ont encore légèrement progressé après une belle année 2017. Elles s’établissent à 70.000 m2 selon BNP et 72.000 m2 selon CBRE, soit près de 15 % au-dessus de la moyenne décennale.
Le cœur du marché reste constitué des « petites » surfaces jusqu’à 500 m2, qui ont capté 86 % des transactions enregistrées. Rive Gauche CBRE recense toutefois 13 opérations de plus de 1.000 m2. La plus importante a installé AG2R La Mondiale dans 4.400 m2 à l’Espace européen de Schiltigheim, qui conforte ainsi son statut habituel de principal parc tertiaire de l’agglomération strasbourgeoise : il a concentré le quart des surfaces placées.
BNP Paribas RE pointe toutefois un facteur de frein : « Le marché est très locatif or la demande se déplace vers l’acquisition, dans le contexte de taux d’intérêt bas. Dès lors, une partie de cette demande n’est pas satisfaite », relève Florian Munch, directeur adjoint BNP Paribas Real Estate Strasbourg.
Mais le principal problème qui empêche Strasbourg d’être mieux placée que 10ème des villes françaises en immobilier de bureaux, vient de l’offre neuve. Elle reste insuffisante. « Il n’y a que quatre offres immédiates de 1.000 m2 ou plus. Pour la cinquième année consécutive, le neuf représente moins de 15 % du total (13.000 m2 sur 115.000 m2 à fin 2018), Strasbourg est à ce stade l’une des agglomérations les moins dotées », commente Olivier Braun, directeur de Rive Gauche CBRE. Selon les commercialisateurs, les nouvelles constructions ne peineraient pas à trouver leur occupant : le neuf a représenté environ un tiers des transactions l’an dernier, bien plus donc que son poids dans l’offre.
La donne s’apprête toutefois à changer. BNP Paribas Real Estate recense 18.000 m2 qui seront livrés en 2019, puis 30.400 m2 prévisibles en 2020 car déjà en chantier ou en permis déposé ou obtenu. Parmi ces surfaces futures, figurent le « Racine » d’Adim à Hautepierre (4.200 m2), et les programmes Vision (5.300 m2) de Nexity et Online (6.800 m2) de Lazard Group sur Archipel, le quartier d’affaires du secteur du Wacken voisin des institutions européennes.
• Les départements alsaciens d’accord pour fusionner en une Collectivité européenne d’Alsace
« L’Alsace est de retour par la grande porte. Elle existera à nouveau sur la carte de France », ont déclaré de concert Brigitte Klinkert et Frédéric Bierry, respectivement présidents des conseils départementaux du Haut-Rhin et du Bas-Rhin au lendemain du vote des deux départements (40 voix pour, 6 voix contre dans le Bas-Rhin, et à l'unanimité dans le Haut-Rhin) en faveur de la création de la Collectivité européenne d’Alsace. La fusion des deux départements aura lieu le 1er janvier 2021. Les premiers conseillers d’Alsace devraient être élus en mars 2021.
Le vote du 4 février 2019 constitue le début du processus législatif, qui va se poursuivre par la publication d'un décret en Conseil d’État et le vote d'une loi. La nouvelle collectivité reprendra les compétences des deux départements (action sociale, routes départementales, collèges...), auxquels s’ajouteront de nouvelles, notamment la coopération transfrontalière, le renforcement du bilinguisme, le tourisme (marque Alsace) et la mobilité, notamment l’entretien des autoroutes A35 et A36.
L’implantation du siège qui ne fera pas l’objet d’une nouvel construction, ont précisé les élus, n’est pas encore choisi. Les agents resteront dans leurs locaux actuels répartis sur le territoire.
Ce statut particulier permet à l’Alsace de s’affranchir de la région Grand Est, sans pour autant la quitter. « Depuis 2015 et l'apparition de la Région Grand Est, l’Alsace avait disparu de la carte institutionnelle, des plaques d’immatriculation et même des moteurs de recherche… », écrivent les protagonistes dans le document de présentation du projet. C.P.
• Rector-Lesage s’étend près de Toulouse

Le groupe mulhousien de préfabrication béton a officialisé son nouvel investissement français : il construit une usine à Tournefeuille (Haute-Garonne) pour 20 millions d’€. L’unité entrera en service au premier trimestre 2020 et créera 30 emplois. D’une surface de 7.700 m2, elle fabriquera des prémurs et prédalles, ceci juste à côté de l’usine de poutrelles et poutres.
Le groupe Rector-Lesage dont l’origine remonte à la fin du XIXème siècle compte 800 salariés en France et près de 1.100 au total, répartis en 25 implantations dont 13 usines avant la nouvelle de Tournefeuille et une autre en Pologne, pour un chiffre d’affaires annuel de 200 millions d’€. Il se définit notamment comme le leader français des planchers en béton précontraint pour les maisons individuelles ou groupées.
• Bétons Fehr investit dans la vente en ligne
L’industriel alsacien du béton entre au capital d’une start’up de ce matériau de construction : Fehr investit 650.000 € pour devenir actionnaire de Béton Direct, une société lyonnaise de vente en ligne de béton frais qui boucle ainsi sa troisième levée de fonds. Béton Direct (10 salariés) est notamment spécialisée dans la vente en ligne aux consommateurs occasionnels grâce à des partenariats avec des centrales à béton, dont celles de Fehr. Elle restera indépendante, souligne-t-elle. « Notre plateforme restera ouverte et autonome, le rapprochement modifie en rien les rapports avec les partenaires, dont les concurrents de Fehr », précise-t-elle.
Chacun des deux associés améliorera en quelque sorte sa connaissance d’un volet du métier, virtuel ou physique. Fehr n’a toutefois pas attendu cette opportunité pour s’engager par lui-même dans sa transformation digitale, de façon intense et depuis des années.
L’opération Béton Direct concerne son activité de préparation de béton prêt à l’emploi, qui représente un quart de son total. L’entreprise familiale alsacienne de 700 salariés (chiffre d’affaires de 100 millions d’€) est majoritairement tournée vers les éléments en béton préfabriqué : murs, prédalles, panneaux de bardage…
• Constructa se jette à l’eau à Huningue au bord du Rhin

Constructa donne corps à l’ambition de la commune de Huningue (Haut-Rhin) de faire pousser des bâtiments « phares » le long de ses berges du Rhin, qui soient dignes de rivaliser avec celles de la suisse Bâle sur l’autre rive. Le promoteur marseillais a lancé en ce début février le programme de 30.000 m2 « Les Jetées » qu’il a conçu après avoir remporté la consultation de VNF (Voies navigables de France), propriétaire des terrains.
Moyennant un investissement de 90 millions d’€, il va réaliser cinq immeubles, pour des logements principalement (300 appartements privés classiques et en résidences-services, un hôtel 4 étoiles et quelques commerces). Les deux premiers lots, représentant 10.000 m2 dont un immeuble de 16 étages, débuteront leurs travaux en 2020 pour une livraison deux ans plus tard. Le reste doit suivre jusqu’à un achèvement en 2025. La maîtrise d’œuvre se répartit entre les cabinets d’architectes Nicolas Laisné, Triptyque et Jean-Baptiste Pietri, le fils de Marc, le charismatique patron de Constructa.
Le même duo familial sera à l’œuvre à Dijon, pour la seconde incursion significative de Constructa dans l’Est : la Zac des Carrières Blanches au bord du lac Kir en prolongation du quartier de la Fontaine d’Ouche, où il doit déposer dans les deux prochains mois le permis de construire 300 logements.
• Le port de Mulhouse en baisse à cause du manque d’eau

A l’instar de son homologue plus grand de Strasbourg, le port de Mulhouse a subi une baisse de trafic par l’effet des basses eaux, mais dans une moindre mesure. Il a limité son recul de trafic 2018 à 9,7 %, pour comptabiliser 4,375 millions de tonnes transportées. Les produits pétroliers (1,07 million de tonnes l’an dernier), les graviers (827.000), les produits chimiques (512.000) connaissent tous un recul, de 3 à 10 % chacun. Mais parmi les principaux postes de trafic, les céréales font exception avec une progression de 4 %, à 755 000 tonnes.
Les conteneurs fluviaux ont davantage pâti des perturbations dans les conditions de navigation. Ils accusent une chute de 21 %, soit un total de 26.000 EVP (équivalent vingt-pieds). A l’inverse de Strasbourg, l’inexistence de services ferroviaires n’a pas permis de compenser par ce mode, et le trafic par la route a aussi diminué. Par conséquent, au cumul des modes, les conteneurs ont reflué de 18 %, à 63 000 EVP.