Concepteur d’automates de contrôle de la vinification et de l’élevage des vins, R-tech Solutions à Beaune déploie un réseau de capteurs pour analyser les besoins de la vigne à distance. La jeune société qui vient de s’installer dans de nouveaux locaux et de procéder à une augmentation de capital, recrute.
Deux événements illustrent le décollage de R-tech Solutions, jeune entreprise innovante de Beaune qui avait inventé en 2015, un fût technique avec plusieurs fonctions embarquées de contrôle des paramètres de la vinification : régulation de la température, pression de CO2, bâtonnage des lies.
Arnaud Roussac, le fondateur avec son épouse Clémence, vient de procéder à une augmentation de capital, à 500.000 € en l’ouvrant à trois fonds d’investissements régionaux, Invest PME (groupe Siparex), BFC Croissance (Banque Populaire Bourgogne-Franche-Comté) et Créinvest (Crédit Agricole Bourgogne-Champagne), tout en veillant à demeurer majoritaire. La jeune entreprise a aussi déménagé dans des locaux plus vastes, de 700 m2, dans la zone d’activités des Portes de Beaune que lui a construit et financé le crédit-bailleur Batifranc, sous forme d’un contrat de location de 15 ans au terme duquel l’entrepreneur deviendra propriétaire.
« L’étendue de notre gamme de machines dédiée à l’oenologie, l’agro-alimentaire et maintenant l’agriculture, nous autorise à envisager de passer d’un effectif de 6 personnes à 20 d’ici deux ans ; il fallait de la place pour l’atelier de production et le stockage », explique Arnaud Roussac.
En quatre ans, la jeune entreprise n’a pas chômé pour mettre sur le marché des matériels viticoles, avec pour but commun, la limitation des intrants dans la vinification et la culture. Son arme, c’est la technologie.
Comme la « canne UV-Clean », une sorte de néon dont les ultraviolets détruisent les bactéries, champignons et levures des tonneaux que l’on élimine traditionnellement avec du soufre. « On met la canne dans la cuve ou le fût, et 10 minutes après, ils sont désinfectés et aseptisés sans l’ajout de produit chimique, comme quoi la stérilisation est possible sans soufre », argumente Arnaud Roussac.
R-tech a également mis au point un outil de régulation de la température pendant l’élaboration des vins en fûts, doté d’un système de récupération du volume chauffé pour ne pas augmenter la pression à l’intérieur. Autre machine qui fera son oeuvre pendant les vendanges si elles se déroulent sous des chaleurs estivales, un refroidisseur mobile des moûts de raisin. « 65 hectolitres de moûts peuvent être refroidis en quatre heures », précise le chef d’entreprise.
Un abonnement pour éviter l'investissement dans du matériel

Fort d’un succès naissant dans l’oenologie – le chiffre d’affaires de 400.000 € a cru de 28% en 2018 –, la jeune entreprise explore le marché de l’industrie des jus de fruits, dont bon nombre de caractéristiques pendant la transformation sont identiques au vin.
Mais son grand pari est de faire entrer la technologie numérique dans les vignes et plus largement, dans le milieu agricole, avec la même conviction qu’elle peut contribuer à réduire l’utilisation des intrants chimiques. R-tech Solutions lance un réseau d’alerte et de gestion agricole baptisé BEE Technologies qui recouvre une série de capteurs de données sur le terrain : des stations météo connectées recueillant des informations sur l’humidité de l’air, la vitesse du vent, la pluviométrie etc. et une série d’appareils permettant d’analyser les besoins de la plante selon les conditions météorologiques. Ou encore détecter le moment critique de l'arrivée du gel avec des capteurs foliaires (sur les feuilles).
Sachant le milieu agricole est plutôt réfractaire à l’arrivée de la technologie sur le terrain qui « se pose la question de la maintenance et craint une rapide obsolescence des matériels », Arnaud Roussac a eu l’idée d’un abonnement mensuel sur le modèle de la formule des offres Internet. Il comprend la location du matériel, le SAV et la transmission des données en temps réel sur un ordinateur.
« Cette formule nous permet de déployer assez vite un réseau de capteurs, explique Arnaud Roussac, car c’est nous qui investissons dans le matériel, pas le client.» Un premier déploiement ce mois de septembre sur toute la côte de Beaune explique en partie la récente augmentation de capital.

Pas facile de recruter de jeunes diplômés dans une petite ville, même si elle possède la renommée de Beaune ! C’est le constat d’Arnaud Roussac qui recrute 4 technico-commerciaux pour commercialiser ses matériels viticoles dans d’autres vignobles, le Bordelais, les Côtes du Rhône, l’Alsace et la Champagne.
La société cherche également des profils de développeurs informatique pour sa nouvelle activité de traitement des données des capteurs installés dans les vignes.
Découvrir le secteur viti-vinicole en Côte-d'Or en cliquant sur le logo