Fabricant de machines spéciales, Pressequip s’est mis à la tâche pendant le confinement pour concevoir une machine à fabriquer des masques. Aujourd’hui, la PME se lance dans la fabrication de masques par l’intermédiaire d’une société dédiée AFD Manufacture. Une boutique en ligne commercialise les masques grand public aux particuliers et petites entreprises. Les débouchés des masques chirurgicaux passent par les appels d’offre de la filière de la santé.

 
Fabricant de machines spéciales, ce fut un jeu d’enfant pour Pressequip de concevoir une machine à fabriquer des masques. Enfin presque, car Cyrille Berthier, son gérant, a l’humilité de l’ingénieur. « Le réglage n’est pas évident, notamment la soudure à ultrason des élastiques, le travail des plis, on essaie plusieurs techniques, on ajuste… », raconte-t-il. La PME de Dannemarie-sur-Crête, près de Besançon, a déjà vendu trois lignes de fabrication en France et en Suisse. Et n’étant jamais si bien servi que par soi-même, elle s’est lancée dans la fabrication de masques trois plis.

L’atelier en location installé dans les alentours produit depuis début septembre deux types de masques trois plis en non-tissé : des masques non sanitaires lavables 5 fois destinés aux  entreprises et aux particuliers, et des masques chirurgicaux pour les soignants. Deux des trois lignes de production installées tournent, pour l’instant à une cadence de 30.000 unités par jour, environ 600.000 par mois. En fin d’année, Cyrille Berthier compte bien atteindre 3 millions de masques par mois avec trois lignes.

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Tandis que les masques sont en cours d’homologation (UNS1 pour les grand public, norme EN 14683 pour les chirurgicaux), son équipe travaille à améliorer la cadence et réduire les rebuts. Un Internet des Objets (IoT), technologie que Pressequip maîtrise sur les machines qu’il conçoit habituellement, permet une traçabilité des différents composants, de la production et au final, de vérifier le respect des normes.    


AFD Manufacture, nouvelle société dédiée à la fabrication des masques

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Dans l'atelier de fabrication de masques grand public. © Laurent Cheviet
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Encore un mois de fiabilisation et AFD Manufacture montera en cadence. © Laurent Cheviet


Pour mettre en œuvre la production de masques, Cyrille Berthier a créé une nouvelle société, AFD Manufacture avec des associés corses. La SARL a investi 500.000 € dans les équipements et embauché 5 personnes. Deux techniciens proviennent de Pressequip. Les opérateurs sont des salariés volontaires mis en chômage partiel par leur employeur et, par l’intermédiaire de l’UIMM du Doubs, mis à disposition temporaire d’AFD Manufacture, un dispositif de prêt de personnel autorisé dans le cadre de la crise sanitaire.  

Qu’ils soient réutilisables ou jetables, les masques suivent le même procédé de fabrication. Au niveau de la matière première – du non-tissé, encore appelé meltblown –, la différence relève de la qualité de filtration, ceux destinés aux personnels soignants devant être davantage filtrants. Le non-tissé arrive en rouleaux de Turquie, du Maroc et de Chine, la France disposant de très rares fabricants.

Le projet d’implantation d’une usine de fabrication dans le Pays de Montbéliard – le projet Metblo de Nicolas Burny – est reçu positivement par Cyrille Berthier : « Ce serait naturel de s’y approvisionner. » Quant aux débouchés, ils sont de deux sortes. Les masques jetables visent la clientèle des entreprises et les particuliers via une boutique en ligne dédiée (https://masque-bfc.fr/). Pour les masques chirurgicaux, l’entreprise répond à des appels d’offres d’établissements hospitaliers et de centrales d’achat.  

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Cette nouvelle activité est d’un double intérêt pour l'industriel. En devenant elle-même fabricante de masques, l’entreprise acquiert une expertise dans le domaine des machines à masques dont le marché est grand ouvert par les intentions du gouvernement d’aider à bâtir une filière hexagonale. Elle s’offre une diversification au moment où nombre de commandes de l’industrie automobile et de l’horlogerie (ses gros marchés) ont été suspendues depuis le confinement, faisant chuter le chiffre d’affaires d’un tiers.

Aujourd’hui, l’entreprise n’a plus de salariés au chômage partiel mais l’activité traditionnelle d’ingénierie mécanique et électronique pour la conception et la fabrication de machines spéciales (presses à emboutir, de découpe, automatismes), ne redémarrera réellement que lorsque l’industrie reprendra son cycle d’investissement. En 2019, Pressequip avait réalisé un chiffre d’affaires de 4 millions d’€ avec 30 salariés.    

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Les masques grand public sont vendus en ligne aux entreprises et aux particuliers. © Laurent Cheviet

 


Le raté avec la Région Bourgogne-Franche-Comté  

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Cyrille Berthier, gérant de Pressequip et associé d'AFD Manufacture. © Laurent Cheviet
En plein été, Cyrille Berthier, du genre combatif et pas langue de bois, avait vivement réagi au projet du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté d’acheter une machine à masques d’occasion en Turquie pour en fabriquer lui-même. « Ayant eu vent de ce projet de la région, j’avais contacté ses services le 16 avril pour être précis afin de lui proposer la machine que j’étais en train de concevoir et j’ai eu une fin de non-recevoir. »
Aujourd’hui, alors que le projet de la région est en route avec une entreprise savoyarde (Lire ici l’article de Traces Ecrites News), la colère est retombée, mais le dirigeant regrette l’absence de solidarité régionale, surtout en pareille période.  


Droit de réponse de Marie-Guite Dufay, présidente du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté par rapport à la déclaration qu'il a faite ci-dessus (25-09-2020)

« Je tiens à préciser la chronologie des contacts avec Cyrille Berthier, le gérant de Pressequip. Le premier échange en date du 17 avril 2020 portait sur une demande d’aide à l’investissement pour l’achat d’une machine d’occasion qu’il souhaitait adapter afin de fabriquer des masques. Une réunion téléphonique a pu se tenir début mai entre l’entreprise, l’Agence Economique Régionale (AER) et en lien avec le service des TPE/PME de la région, afin de présenter les aides possibles de la Région. Il en est ressorti que les dispositifs de la Région ne pouvaient être mobilisés en faveur du projet de Pressequip. Ce n'était pas un refus de notre part, mais parce que l'entreprise avait déjà acheté les machines en Chine. Il n'est pas possible d’attribuer une aide de façon rétroactive. Si l'entreprise avait pris l'attache de la région, on aurait pu soutenir bien évidement le projet. Nous lui avons proposé une aide à la recherche et développement pour l’adaptation de la machine, il n’a pas donné suite. »
Marie-Guite Dufay, présidente du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté


Droit de réponse du dirigeant de Pressequip suite à celui de la Présidente de Région (28-09-2020)-
«
Nous n’avons jamais parlé de machines d’occasion. La machine ne venait pas de Chine mais de Turquie. Nous avons proposé nos services le 17 avril… Je n’ai jamais eu la preuve de la date de décision de l’investissement de la Région. Cette décision est à mon avis à postériori de ma proposition de service. Je suis à mon humble avis, l’initiateur de ce projet même si la Région n’a pris que mon idée de projet… Concernant les aides, mon objectif n’est pas d’en obtenir mais uniquement de participer à la création de cette filière de fabrication française… et que nous soyons respectés et pris en compte par les acheteurs institutionnels. Je suis plutôt fier d’avoir agi rapidement même si des aides ne peuvent être attribuées rétroactivement… »
Cyrille Berthier, gérant de Pressequip

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Conception sur ordinateur d'une machine spéciale. © Laurent Cheviet
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© Laurent Cheviet
Avec Comepri, également fabricant de machines spéciales, dans le Doubs (Baume-les-Dames), Pressequip a créé le GIE Novtek pour être une plus grande force de frappe commerciale et technique. Une dimension intéressante face aux grands donneurs d’ordre de l’automobile. Le duo fait souvent salon commun comme la rédaction l’avait constaté au salon BE 4.0 de Mulhouse en 2018. Lire ici l’article de Traces Ecrites News.  

 

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Electricité, automatismes, mécanique sont les métiers de Pressequip. © Laurent Cheviet
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Pressequip fabrique des machines spéciales, à emboutir, à découper et des lignes de production. © Laurent Cheviet

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