AÉRONAUTIQUE/DOUBS. Implantée à Besançon pour son savoir-faire microtechnique, la filiale Cockpit et lightings de Zodiac est considérée aujourd’hui, par le groupe, comme un des centres de production majeurs en France.
Lancé pour améliorer encore sa productivité, son projet « Besançon 2020 » est bien avancé, et l’entreprise bisontine pilote depuis peu la première grappe d’entreprises aéronautique franc-comtoise.

En quatre ans, depuis l’arrivée à sa direction de Bernard Schmidt, Zodiac Aeroelectric a embauché 80 personnes et compte désormais 300 salariés. Le chiffre d’affaires de la filiale (à 100%) de Zodiac Aerospace a doublé ces cinq dernières années et même triplé depuis 2003, pour atteindre près de 80 millions d’€.
Et en ce début 2016, le site du Parc Lafayette de Besançon, que l’entreprise occupe depuis 2002, poursuit sa mue destinée à améliorer encore sa productivité : un étage vient d’être ajouté au-dessus de l’immense atelier de fabrication peu à peu organisé en familles de produits, sans que la production n’ait été interrompue.
D’un montant de 2 à 3 millions d’€, ce chantier global de réorganisation de l’usine, répondant au nom de code « Besançon 2020 » et ayant été retenu au titre de l’appel à projet gouvernemental pour l’usine du futur, pourrait être terminé plus tôt que prévu, d’ici trois ans, estime Bernard Schmidt, le directeur des opérations de Zodiac Aeroelectric.
Retour en terre natale

Né à Besançon, le dirigeant en était parti à l’âge de 7 ans pour y revenir une première fois en 2002, année où il fut chargé, par le groupe, de conduire le regroupement de toute la partie oxygène (les masques des pilotes), avant de s’y installer, en 2011, pour cette fois diriger les opérations.
Un retour en terre natale dû au hasard mais que cet ingénieur Arts et Métiers apprécie. « Ici il y a une vraie qualité de vie. Et la mentalité me plaît, il y a une volonté de bien faire, une conscience professionnelle, une fierté dans le travail. »
La diversité de produits, c’est la particularité de Besançon par rapport aux autres business units du sous-traitant aérospatial. Aucune n’affiche autant de références. « La gestion de la diversité des lignes de produits, et à l’intérieur même de ces lignes de produits, c’est la force de l’usine », confirme le dirigeant.
Choisi pour la main d’œuvre locale formée aux microtechniques, le site a peu à peu récupéré une partie de la production de l’usine de Niort, qui rencontrait des difficultés à fabriquer de petits ressorts…
A Besançon l’horlogère, le petit ressort et la précision, on connaît, et la filiale locale est aujourd’hui reconnue comme un des centres de production majeurs de Zodiac (98 sites dans le monde, 30 000 salariés), en tout cas comme site principal pour les équipements de cockpits et les éclairages.
Les masques à oxygène des pilotes, une innovation maison
Au fil des années, d’autres produits se sont en effet ajoutés aux boutons, switches et voyants historiques : les masques à oxygène des pilotes, une innovation maison qui permet une mise en place rapide et une adaptation immédiate à toute respiration ; des poignées de descente de trains d’atterrissage, d’orientation des roues, des parking break (freins à main), et désormais aussi des panneaux de cockpits, des essuie-glace et des éclairages.

« La totalité des éclairages de l’A350 vient d’ici », confie Bernard Schmidt. « Nous sommes les premiers à faire des feux de puissance à leds, d’ailleurs nous redressions tous les feux de l’A350 en intégrant cette technologie. Cela demande beaucoup de R&D (assurée à Montreuil, siège de Zodiac Aeroelectric, qui emploie environ 200 personnes, ndlr). Nous fabriquons aussi des projecteurs searching light pour hélicoptères. »
Avant d’ajouter, plutôt fier : « Dans chaque avion en vol, il y a un peu de Besançon. »
Sur chaque famille de produit, Zodiac Besançon est n°1 européen, au minimum, avec un objectif de n°1 mondial. Pour la partie oxygène, Zodiac assure 90% du marché mondial, et vient de passer la barre des 50% pour les essuie-glaces.
Un produit sous-estimé qui doit pourtant résister à des températures extrêmes tout en assurant une bonne visibilité… « La politique du groupe est de croître sur des marchés de niche. Nous livrons 400 clients avioneurs, compagnies aériennes ou hélicoptéristes. »
La tête de pont d’une grappe d’entreprises

A Besançon, Zodiac Aeroelectric vient d’être désignée comme tête de pont de la première grappe d’entreprises aéronautiques de Franche-Comté, sur les 65 que compte le territoire hexagonal.
Une démarche qui s’inscrit dans le programme « performances industrielles » du Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales), doté d’un budget de 22,9 millions d’€ et financé par l’Etat, les régions, le Gifas et les entreprises elles-mêmes.
Aux côtés de Zodiac, six entreprises régionales identifiées parmi 300 fournisseurs comme partenaires essentiels : Worldplas, Legeni, IDMM, Cryla, UND (décolettage) et FPI Peinture.
« L’objectif est de faire progresser la supply-chain de la filière aéro », explique Bernard Schmidt, directeur des opérations de Zodiac Aeroelectric. « Le Gifas connaît ses donneurs d’ordre mais il connaît moins les entreprises qui travaillent pour eux. Le but, lorsqu’il s’agira d’augmenter les cadences, est de permettre au n°1 de la grappe de s’appuyer sur les autres membres en toute confiance. Il s’agit donc d’aider les PME à augmenter leur niveau de performance. »
Lancée en décembre 2015, cette grappe aéronautique s’est réunie plusieurs fois. Déjà, une restitution d’audits a permis de lancer un plan de formation.
« Cette coopération est extrêmement bien perçue. Elle est naissante, il y a beaucoup de choses à faire, nous investissons sur ces entreprises partenaires », poursuit le dirigeant de Zodiac Aeroelectric, enthousiaste, qui participe par ailleurs à la mise sur pied de la commission aérospatiale du pôle Microtechniques.