VEHICULES DU FUTUR/BELFORT. Jusqu’à ce soir 14 décembre, Belfort accueille la conférence internationale annuelle de la société savante « Institute of Electrical and Electronics Engineers », qui regroupe 400.000 membres dans 160 pays.
Organisé alternativement sur les trois continents, l’événement consacré à l’électrification des véhicules réunit 350 chercheurs et ingénieurs du monde entier.
Alors que le sommet sur le climat ”One Planete Summit” à Boulogne-Billancourt, vient de mobiliser l’industrie et la finance mondiales sur la transition énergétique, les modes de déplacement se révèlent l’un des enjeux majeurs pour freiner le dérèglement climatique.

 

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Belfort s'est fait une réputation dans le domaine de la mobilité électrique, avec notamment les travaux de recherche sur l'hydrogène et la pile à combustible dans divers laboratoires réunis au sein du FC Lab, et grâce aux formations de l'école d'ingénieurs UTBM. © P.-Y. Ratti.

 

Quand on parle de véhicule électrique, on pense spontanément voiture, parfois vélo. La réalité va bien au-delà : les bus, les avions, les bateaux, les trains. Et les problématiques sont multiples : les véhicules eux-mêmes, les batteries, l’alimentation par hydrogène ou le courant électrique, l'hybride et les nouvelles infrastructures engendrées par ces nouveaux outils de mobilité (les questions de stockage de l’énergie, de recharge, etc .)


Autant de thématiques et de sujets qui sont abordées jusqu’à ce 14 décembre par les quelque 350 participants à la conférence internationale de l' « Institute of Electrical and Electronics Engineers ». Belfort a été choisie pour cette édition 2017, après des villes comme Séoul, Pékin, Chicago, Montréal, en raison d’une concentration de laboratoires de recherche sur la pile à combustible.


La cité du nord Franche-Comté est d’ailleurs le siège du FC Lab “Fuel Cell Lab”, fédération qui regroupe les instituts de recherche de Franche-Comté et de Lyon, dans le domaine des systèmes pile à combustible.

 

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« L'objectif est de faire un état des lieux des techniques et de la recherche et développement » explique Daniel Hissel, professeur de l'Université de Bourgogne - Franche-Comté, président de cette édition et directeur du FC Lab.

 

Traditionnellement, cette conférence annuelle fait le point des avancées dans tous les domaines de l’électrification du véhicule : le stockage de l'énergie ; l'électronique de puissance et les moteurs électriques ; l'électronique et les systèmes de transports intelligents ; le contrôle de la gestion de l'énergie; la modélisation, l'analyse et la simulation des systèmes de transports ; le systèmes de recharge ; l'infrastructure hydrogène et les véhicules à pile à combustible.

 

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Coradia, le train hybride d'Alstom : le toit abrite une pile à combustible et un réservoir d'hydrogène qui fournissent de l'électricité à des batteries situées sous le châssis, régénérées également par l'énergie cinétique lors du freinage. © Alstom.

 

Alstom qui vient de commercialiser son premier train à hydrogène en Allemagne est un peu dans son jardin à Belfort. Samuel Hibon, responsable de l'efficacité énergétique et de l'innovation du matériel roulant chez Alstom à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), soulignait que le constructeur fait des véhicules électriques « depuis 1920, mais l'architecture évolue ».


Alstom réfléchit ainsi à des trains hybrides (électricité embarquée et diesel) qui limiteraient les infrastructures dans les villes. Alternative aux trains diesel sur des lignes non électrifiées, les train à hydrogène que le constructeur ferroviaire vient de vendre au Land de Basse-Saxe transportent sur leur toit deux réservoirs d'hydrogène qui alimentent une pile à combustible, laquelle fournit l'électricité au moteur du train.

 

Moins que la technologie elle-même, c’est le système global qui accompagne le fonctionnement et l'exploitation commerciale qui suscite la curiosité : production d’hydrogène sur place, station de distribution d’hydrogène, etc.


Nouveaux véhicules, nouveaux espaces publics

 

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La mobilité électrique pose aussi la question du stockage et de la distribution de l'énergie. Ici, un réservoir qui transporte l'hydrogène à haute pression, conçu par l'un des pionniers de l'hydrogène en Franche-Comté, l'entreprise Mahytec à Dole. © Mahytec.

 

De quoi alimenter les réflexions de Thierry Chenard, architecte urbaniste suisse spécialiste de la mobilité et des transports innovants. Son axe de réflexion, pour faire simple, porte sur la façon de mettre sur les routes les véhicules qui n'utilisent pas d'énergie fossile.

 

Cette évolution (ou révolution ?) des transports aura en effet un impact sur la configuration de l'espace public, aujourd'hui fortement marqué par l'automobile telle que nous la connaissons aujourd'hui. Une réflexion qui s'adresse tout particulièrement aux élus, en grande partie responsables de ces futurs aménagements.

 

L’équipementier automobile Faurecia, fortement présent dans le Pays de Montbéliard, a une vision globale du sujet du fait de son activité de sous-traitance pour l'ensemble des constructeurs mondiaux.

 

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« Nous travaillons avec les constructeurs sur des systèmes d'échappement et de dépollution, sur l'association batterie / pile à combustible, etc. », explique Christophe Vacquier, ingénieur en chef à Bavans (Doubs), au sein de la cellule ”Clean mobility”. Il s’agit pour l’instant de marchés de niche, qui demain passeront à l’état de séries, avec comme enjeu de faire baisser drastiquement les coûts de production.


Autant de perspectives qui posent la question de l'évolution des métiers, donc des formations. L'Université de Bourgogne - Franche-Comté dispose d'ores et déjà d'atouts, notamment dans l'Aire urbaine Belfort - Montbéliard avec la formation d'ingénieurs dans les domaines de l'hydrogène et de l'électrique.

 

Une des meilleures illustrations réside dans le ”Mobypost”, le véhicule à hydrogène issu des laboratoires de l’université pour le groupe la Poste. Mais les métiers moins qualifiés, devront aussi s'adapter à ces nouvelles technologies.

 

Le directeur du FC Lab insiste d'ailleurs sur la transversalité de ces évolutions en termes de compétences : mécanique, électricité, électronique, chimie, mais aussi dans les sciences humaines et sociales. ”Mobypost” a ainsi été conçu en tenant compte des besoins des facteurs.

 

Et concevoir les véhicules de demain n'a de valeur que s'ils sont perçus positivement par leurs acquéreurs potentiels. Question de pragmatisme et de réalisme commercial.

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