TEXTILE/ FRANCHE-COMTE. L'idée semble judicieuse : créer des vêtements adaptés aux contraintes des personnes privées de mobilité. Mais de l'idée au développement d'une entreprise, le chemin est long.

Après avoir validé son projet, Vadapad à Belfort cherche maintenant les moyens financiers pour asseoir une stratégie commerciale. La petite entreprise espère rassembler 30 000 €.

 

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Les vêtements conçus pour les personnes à mobilité réduite font appel à bien plus de technologie qu'il n'y paraît. ©Pierre-Yves Ratti.

 

L'origine de la SAS Vadapad, présidée par Pierre Cerede, à Belfort, vient de l'expérience de son épouse : travaillant dans une unité de soins de longue durée, elle était confrontée à la perte de mobilité de ses patients. Un handicap qui a des répercussions sur tous les actes quotidiens : habillage, toilette, repas, etc.


Face à ce problème, l'usage est de découper le dos d'un vêtement de faible valeur et de « faire avec ». Pas très valorisant pour le malade, qui n'a pas forcément envie de passer ses jours en jogging alors qu'il est habitué, par exemple, au costume - cravate. Question de dignité.


Claire et Pierre Cerede ont donc eu l'idée de créer des vêtements qui allient pratique et esthétique.

Facile à dire, pas facile à faire.


Tout d'abord, la démarche implique de faire appel à bien plus de technologie qu'il n'y paraît. Par exemple, à des mini-aimants, destinés aux fermetures qui doivent résister aux tractions parallèles, pour éviter les ouvertures intempestives à l'occasion des mouvements du coprs, mais doivent facilement se séparer lors de tractions perpendiculaires, lors d'ouvertures volontaires.


Ou encore le choix des tissus, qui doivent allier confort, facilité de nettoyage et d'entretien, parfois étanchéité, mais aussi esthétique. Pierre Cerede a rencontré de nombreux fournisseurs, parfois bien loin de Belfort, pour dénicher le matériau idéal.

 

Le long chemin entre la conception et la commercialisation

 

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Des mini-aimants permettent aux fermetures de résister aux tractions parallèles. ©Pierre-Yves Ratti.

 

Aujourd'hui, la jeune société propose pour les hommes deux chemises pour malade, un polo, et un pantalon ; pour les dames, une combinaison, une robe et une chemise de malade. A cela s'ajoutent des serviettes.


Le pantalon, par exemple, est muni de deux ouvertures latérales et d'une ouverture dorsales rendues possibles grâces à de petits aimants assemblées sur supports en silicone.

 

Le polo est coupé dans une fibre polyester nouvelle qui facilite l'évacuation de la transpiration, sèche rapidement, ne colle pas à la peau et offre l'avantage d'être très doux. De quoi assurer le confort du malade même en cas de canicule.


La robe est anti-tache et auto-défroissable, là aussi en ayant recours à des tissus spéciaux. « Certes, nos prix sont élevés, mais avec une forte valeur ajoutée : nous redonnons de la dignité au malade » explique Pierre Cerede. Cela correspond au haut de gamme des vêtements classiques, mais avec des tissus normaux. »

 

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L'idée a germé en 2012 et a progressé de fil en aiguille ; durant l'année, un ami formalise le dessin et une couturière de Besançon, elle-même ancienne infirmière, crée les premiers modèles.


Fin 2012, la SAS Vadapad est créée, Vadapad étant l'acronyme de vêtements adaptés pour personnes âgées dépendantes. Si les vêtements sont pensés pour les personnes âgées, ils sont en fait destinés à toute personne privée de mobilité.


Pierre Cerede décide alors de présenter son projet à la bourse Charles-Foix, destinée à favoriser les projets innovants qui permettent d'améliorer la qualité de vie des seniors ou de leurs aidants. Le projet est retenu dans la liste des finalistes pour son caractère innovant et pour son utilité. Pas encore mûr pour l'industrialisation, il ne sera pas lauréat, mais Pierre Cerede a vu dans cette pré-sélection un encouragement.

 

Ensuite, Vadapad obtient un chèque innovation du Réseau Innovation Franche-Comté (qui financera la couturière), puis un second qui permettra de faire appel à un consultant textile.

 

En 2013, les prototypes ont été validés auprès d'une structure médicale pour leur facilité d'habillage et pour leur système d'attache.

 

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Une étudiante de l'institut supérieur du textile d'Alsace (ISTA), en contrat de professionnalisation, permet de mener une étude technique, une étude de marché et de digitaliser les patrons.


En 2014, un confectionneur de Thann (Haut-Rhin) en vêtements de sports, Defil, crée des prototypes qui permettent de se baser pour la production. Bref, les contours du projet se précisent ; il lui reste à prendre son envol.


30 000 € pour consolider les fonds propres

 

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Pierre Cerede, le fondateur de Vadapad fin 2012. ©Pierre-Yves Ratti.

 

Pour cela, la SAS, initialement capitalisée à hauteur de 10 000 €, cherche à consolider ses fonds propres. Une avance remboursable de la Région Franche-Comté lui apporte 10 000 € et une subvention de 6000 € ; Bpifrance, un crédit garanti et le dirigeant attend des réponses pour des dossiers au crédit impôt innovation et au fonds régional d'innovation sociale.


Deux nouveaux associés se sont présentés : une dame séduite par le projet qui a voulu donner un coup de pouce en apportant 300 € et un Toulousain qui souhaite apporter une participation de 7 500 €.

 

Pierre Cerede cherche aujourd'hui un ou des actionnaires complémentaires pour développer le projet : « Pour être tranquilles, il nous faudrait 30 000 €. »

 

De quoi revoir le site Internet et surtout, lancer une démarche commerciale construite : l'objectif est de contacter dans les prochains mois une centaine d'Epad (établissements pour personnes âgées dépendantes) du Grand Est et de les convaincre de la pertinence de la démarche. Pour les patients comme pour les aidants.

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