RSE/BELFORT-MONTBÉLIARD. Une quarantaine d’entreprises a réuni les 18 000 € minimum requis pour constituer la Société coopérative d’intérêt collectif Etre, dont le leitmotiv est la responsabilité sociale des entreprises (RSE).
Une initiative de la CGPME 90 née de la polémique sur les marchés de sous-traitance du chantier du nouvel hôpital de Belfort-Montbéliard qui doit être livré ces prochaines semaines.
La coopérative fait ce mardi 12 octobre, sa première sortie publique avec un double événement à Besançon, un premier club des associés, suivi d’une participation à une conférence du Mouvement Français de la Qualité (MFQ Franche-Comté) et de la CCI sur « la RSE, moteur de la compétitivité ».

La Bourgogne-Franche-Comté entend se positionner comme fer de lance de la RSE. En tout cas le territoire Nord de la Franche-Comté, qui décline le sigle comme la « responsabilité sociétale des entreprises », de préférence à l’appellation usuelle responsabilité sociale et environnementale.
Dans cette optique, la CGPME 90 a initié une structure baptisée « Etre » sous le statut d’une SCIC (société coopérative d’intérêt collectif) afin de former entreprises et donneurs d’ordre à la RSE, la promouvoir et échanger les bonnes pratiques. Les premières actions démarrent cet automne.
CGPME, Nord Franche-Comté, donneur d’ordre… Les connaisseurs du terrain local n’auront pas manqué d’établir la connexion entre cette initiative et l’exemple… ou le contre-exemple selon ses contempteurs, du chantier de l’hôpital médian de Trevenans, objet d’une longue et virulente polémique sur le degré de recours à la sous-traitance étrangère.
Dire qu’à quelques semaines désormais de la livraison, les relations soient devenues cordiales entre l’organisation patronale, la direction de l’hôpital et l’entreprise de construction Bouygues Bâtiment Nord-Est (ex-Pertuy) serait très éloigné de la réalité.
Sans lâcher le morceau sur le dossier, Louis Deroin, le président de la CGPME 90, entend aussi en « sortir par le haut ». Et c’est là que Etre - qu’il préside dans un premier temps - prend son sens.
« Nous voulons fédérer un maximum d’entreprises autour de la RSE, afin que cette pratique devienne un atout, assumé par les entreprises et reconnu par leurs clients. Nous voulons toucher le volet économique de la RSE, qui est le moins investi. Cela suppose d’objectiver autant que possible la notion de mieux-disant », expose-t-il.
Retombées fiscales pour le territoire, politique d’achat de proximité, etc.

Cette quête a abouti à la rencontre avec Biom en cours d’année. Ce cabinet nantais a mis au point une méthode qui passe la comptabilité d’une entreprise au crible de quelque 70 référentiels, pour convertir en un « indice sociétal » la somme de données : montant des cotisations sociales, retombées fiscales pour le territoire, soutien aux associations, actions de santé/sécurité au travail, politique d’achats, investissements dans le développement durable, gestion de l’énergie, etc.
Du moulinage, sort un pourcentage d’une prestation donnée, ce qui permet de justifier auprès d’un donneur d’ordre le surcoût d’une offre. Si l’indice sociétal atteint 10% par exemple, on pourrait ainsi faire valoir un écart d’autant dans le prix proposé.
Les premières touches ont trouvé du répondant. Louis Deroin annonce une quarantaine d’entreprises de Nord Franche-Comté ainsi « Bioméconométrées », ce qui permet au cabinet d’ouvrir une antenne locale. Comme la structure est agréée centre de formation, elle pourra dispenser des cursus.
Les premiers proposés concernent, pour les PME, la dématérialisation des appels d’offres, et pour les collectivités locales, la fameuse intégration d’une clause RSE dans les marchés publics, en dépit des débats sur sa pertinence et malgré sa non-inscription dans la dernière réforme des marchés publics, justifiée par le gouvernement par le fait qu’une directive européenne l’interdit. « Nous ne sommes pas exclusifs Biom, nous sommes ouverts à d’autres partenariats », insiste Louis Deroin.

En parallèle, un club « Attitude Bourgogne Franche-Comté » se constitue entre ces quelque 40 entreprises pour échanger les bonnes pratiques.
Il constitue aussi le noyau dur des membres de la SCIC Etre, qui a réuni les 18 000 € minimum requis pour se constituer. Le capital devait passer à 30 000 € en fin d’année, estime Louis Deroin.
Petites entreprises industrielles, sociétés de service à l'industrie, cabinets conseils, commerçants, les adhérents à la démarche exercent des activités très variées.
Etre devrait ainsi disposer des moyens, humains et techniques, pour remplir les missions qu’elle vise : promouvoir la RSE, notamment par la participation aux salons d’entreprise de la région ; animer le club Attitude ; faciliter l’accès des entreprises aux appels d’offres. Et surveiller l’attribution des marchés publics en Bourgogne-Franche-Comté.