Le groupe de textile alsacien Velcorex-Matières Françaises qui a repris depuis 2014 l’entreprise Emanuel Lang, a investi un million d’€ pour installer une ligne de filature de lin dans cette usine du Sud Alsace. Disparue en France depuis une trentaine d’années, cette activité sera opérationnelle d’ici à début 2020.
La France est le premier producteur mondial de lin, avec 100.000 hectares de cultures répartis sur tout le territoire. Mais 80% de cette production part en Chine, car il n’existe plus d’industries de transformation du lin dans notre pays. Et une fois transformée, la matière revient en partie chez des tisseurs et façonniers européens.
Pour commencer à résoudre ce paradoxe, le groupe Velcorex dirigé par Pierre Schmitt a entrepris de relocaliser une filature de lin en Alsace, dans l’usine Emanuel Lang à Hirsingue (Haut-Rhin). Spécialiste du tissé teint et des matières naturelles comme le coton, le tencel (fibre de cellulose), le lin, le chanvre et l’ortie, l’entreprise a été sauvée in extremis de la liquidation judiciaire par le groupe Velcorex en 2014.
Militant du « made in France » et des circuits courts, il y a longtemps que Pierre Schmitt réfléchit à l’autonomie industrielle de la France et de l’Europe sur les fibres naturelles. Depuis huit ans, l’industriel s’est rapproché de NSC Schlumberger, le premier constructeur de machines de filature pour les fibres longues, basé également en Alsace, à Guebwiller. Leur collaboration s’est concrétisée cette année par l’achat de machines d’occasion en Hongrie, complété par des machines neuves pour créer une ligne de filature complète pour le lin.
120.000 jeans en lin par an

Arrivées à Hirsingue début octobre, sept machines sont en train d’être montées et installées. L’investissement s’élève à un million d’€ et sera opérationnel au début de l’année prochaine. Une dizaine d’emplois seront créés au cours du premier trimestre 2020. La ligne pourra produire 150 tonnes de fibres de lin par an : de grosses fibres qui pourront être utilisées pour des pantalons ou des tissus d’ameublement.
Le fil sera ensuite tissé puis envoyé chez Velcorex à Saint-Amarin pour être ennobli. « Nous allons fabriquer des jeans 100 % lin made in France. Avec 150 tonnes de fibres de lin, nous pourrons en faire 120.000 par an. Avec 85 millions de jeans vendus en France chaque année, il y a de la place sur le marché », assure Christian Didier, le directeur d’Emanuel Lang.
Les jeans seront vendus sous la marque Matières Françaises, celle du groupe Velcorex qui s’affiche dans une boutique à Colmar et bientôt, en ligne.
« Des confectionneurs pourront acheter nos tissus en lin pour produire leurs propres vêtements. Nous avons déjà des clients intéressés », précise le directeur. Les marques de prêt-à-porter haut de gamme avec lesquelles travaille l’entreprise apprécient la traçabilité du champ au vêtement, et la production en circuit court, assure t-il.

© Julie Giorgi
Le lin, mais aussi le chanvre et l’ortie : le groupe Velcorex qui travaille étroitement avec le fabricant de machines NSC Schlumberger, projette de développer une filature pour ces deux matières premières. La capacité d’innovation se situe aussi du côté d’autres processus industriels, l’utilisation de colorants naturels, la photopolymérisation (fixation des colorants par rayons UV) et des solutions pour réduire la consommation d’eau à tous les stades de la production. Des ambitions qui redynamisent la filière textile française, commente Christian Didier, le directeur d’Emanuel Lang. Non sans difficultés. « Ce qui tue le made in France, c’est la distribution qui se prend entre 3 et 10% de marge sur un vêtement. Notre mode de distribution nous rend capables de vendre des produits made in France à un prix compétitif, par exemple des chemises sur mesure à 120 €.»
Aujourd’hui, formé de quatre entreprises, Philea Textiles, Velcorex Since 1828 spécialisée dans le velours, Emanuel Lang et Tissages des Chaumes, le groupe Velcorex-Matières Françaises emploie 150 salariés et réalise un chiffre d’affaires de 32 millions d’€. Le projet d’entrée en bourse annoncé début 2018 a finalement été reporté.
Originaire de cette belle terre de Normandie, cela fait longtemps que j'attendais cette si bonne nouvelle. Un grand bravo à vous, Pierre Schmidt, et Christian Didier, pour redonner vie au fil de lin 100% made in France. Je vais suivre votre activité avec très grand plaisir, et nul doute que ça va marcher très fort. Avec espoir, Agnès Scoto Di Suoccio
Merci pour cette belle initiative que nous espérons pouvoir soutenir à l'avenir par des achats...Espérons aussi qu'elle incite d'autre industriels à mettre en avant des savoir-faire un peu oubliés mais qui ne demandent qu'à revivre... et à re-localiser des emplois en France, ce dont nous avons tant besoin... Peut-être y aurait-il aussi possibilité de créer des articles en lin vendus dans les boutiques des musées alsaciens pour témoigner du savoir faire de notre région? Bien cordialement, MC Ramstein
Je viens d'entendre aussi un reportage à la radio et c'est vraiment très agréable de voir que le tissage de lin revient en France. en septembre je pense aller en vacances en Alsace et j'espère pouvoir visiter cette usine. bravo ! Sylvette du 41.
Quel beau projet ! Bravo pour votre initiative.
Bravo ! On ne peut pas à la fois chercher le coût comptable le plus bas, où qu'il soit dans le monde et quelles que soient les externalités sociales et environnementales, et dire qu'on veut lutter contre le chômage. C'est le tissu industriel qu'il faut reconstruire car on ne peut marcher sur une jambe.
Enfin la relocalisation d’une filature de lin en France, j’ai travaillé plus de vingt ans pour une filature située dans le Nord où je m’occupais des achats et compositions des mélanges. Aujourd’hui, il n’en reste plus en France. En retraite depuis 3 ans, je continue à travailler pour une maison de négoce qui exporte principalement pour la Chine. Les tailleurs regrettent que notre savoir-faire soit parti à l’étranger. Je souhaite que votre nouvelle usine donne des idées à d’autres sociétés et que nous puissions valoriser cette belle fibre naturelle. Très cordialement Bruno Louvieaux
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