D’ici fin 2023, le groupe chimique belge va augmenter les capacités de production de polyfluorure de vinylidène (PVDF) de son usine de Tavaux (Jura). Ce polymère est l'un des composants des batteries des véhicules électriques.


Le groupe belge Solvay va investir 300 millions d’€ sur son site de Tavaux, près de Dole (Jura), pour en faire « le plus grand site en Europe » de production de polyfluorure de vinylidène (PVDF) destiné au marché de l’industrie automobile. Ce plastique synthétique obtenu par polymérisation du fluorure de vinylidène que Solvay commercialise sous la marque Solef®, a des capacités de résistance à des environnements extrêmes (chaleur, eau, produits chimiques). Ces qualités en font un composant recherché pour les batteries des véhicules électriques.

Ce polymère est utilisé à la fois comme liant et comme revêtement du séparateur des batteries lithium-ion. En outre, il a pour faculté « d'augmenter la densité énergétique, la sécurité et la puissance de la batterie », explicite l’industriel dans un communiqué. Il a eu son heure de gloire en 2016. Il été utilisé pour les batteries de l’avion à moteur électrique Solar Impulse qui avait le tour du monde en 2016 propulsé uniquement l’énergie solaire.



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Le site de Tavaux fabrique du PVDF depuis 1990 pour d’autres applications (tuyauteries de l’industrie chimique, isolation électrique et électronique) et avait déjà augmenté sa capacité de production en 2009 pour le marché automobile. Le volume actuel (non communiqué pour des raisons de concurrence, précise l’entreprise) sera porté à 35.000 tonnes d’ici fin 2023.

Les investissements vont porter sur toute la chaîne intégrée verticale. Pour supprimer les goulots d'étranglement qui ralentissent la productivité, l’usine qui s’étend sur un foncier de 200 ha va être agrandie. Plusieurs bâtiments neufs seront affectés aux maillons successifs de la chaîne de production, les différents produits intermédiaires aboutissant à la fabrication du PVDF. Solvay va aussi renforcer la digitalisation de son outil de production déjà entreprise pour disposer de données en temps réel.

 

Le soutien de France Relance et de la Région Bourgogne-Franche-Comté

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Solvay à Tavaux emploie aujourd'hui environ 600 salariés ; son projet devrait augmenter l'effectif de 100 personnes dans deux ans. © Solvay


« Cet investissement est notamment possible grâce au soutien de l’État au travers du plan France Relance, sur le volet résilience », s’est félicité Fabien Sudry, préfet de Région dans un communiqué simultané avec l’industriel. L’Etat apporte en effet 30 millions d’€ qui financeront notamment les dispositifs d’économies d’énergie et de réduction des émissions d’oxyde d’azote (NOx) et d’oxydes de soufre. Le Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté l’accompagne à hauteur de 1 million d’€. Les nouvelles installations devraient générer une centaine d’emplois directs.

Avec cet investissement, le plus important qu’ait pu bénéficier l’usine de Tavaux, Solvay (23.000 employés dans 64 pays, chiffres d’affaires de 9 milliards d’€ en 2020) ambitionne de devenir « le leader incontesté » dans l’électrification de l’automobile. Son objectif est de tripler ses ventes sur ce marché, d'environ 800 millions d’€ en 2021 à plus de 2,5 milliards d’€ d'ici 2030. Elles ont augmenté de 8% par an de 2016 à 2021.

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Le groupe mise aussi sur les propriétés du PVDF dans d’autres  applications automobiles, comme l'allègement des carrosseries des voitures. Il évoque aussi le développement en cours d'un composite thermoplastique permettant de remplacer 22 pièces d'acier reliées.

L’usine chimique jurassienne est née en 1925 grâce aux ressources  locales, le sel gemme de Poligny et le calcaire de Damparis, ingrédients de l’électrolyse pour fabriquer de la soude. En 2014, souhaitant se concentrer sur la production de polymères, à plus haute valeur ajoutée, Solvay cède son activité chlorovinylique à Inovyn (environ 700 salariés), une coentreprise avec le chimiste Ineos, dont Solvay se désengage en 2016.
Installée sur le même site, classé Seveso seuil haut, Inovyn fabrique du chlore, de la soude caustique, des composants chlorés et du PVC. L'industriel est en train de réaliser un investissment de près de 70 millions d'€ pour passer du gaz à l'électricité.

En plus du polyfluorure de vinylidène, Solvay fabrique à Tavaux d’autres polymères notamment pour l’emballage alimentaire et pharmaceutique, ainsi que des produits chimiques fluorés, utilisés dans l’isolation (agent d'expansion des mousses) ou la réfrigération.

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