Parallèlement à l’amélioration du process, l’entreprise de Novillars, dans le Grand Besançon, poursuit une approche de Responsabilité Sociétale et Environnementale (RSE). Et depuis fin 2018, pour adoucir la vie à l’usine, où la plupart des salariés travaillent en horaires décalés, Gemdoubs se soucie de leur bien-être.
La production de la papeterie Gemdoubs a été exceptionnellement stoppée pendant trois semaines fin 2019. Trois semaines durant lesquelles plus de 100 personnes se sont activées jour et nuit pour améliorer les caractéristiques de la machine à papier et sa productivité.
Un chantier de 6 millions d’euros pour Gemdoubs, papeterie spécialisée dans la production de papier recyclé (pour fabricants de packaging en carton ondulé), « pour faire face aux nouveaux marchés », explique Laurent Grenier, son directeur général. « Nous anticipons les besoins. Avec cette machine dont on a modifié la partie presse, nous pouvons produire des papiers plus fins mais aussi plus forts. »
Depuis sa reprise en 2013, la papeterie de Novillars, rebaptisée Gemdoubs (un nom qui rappelle le patronyme de son sauveur, l’industriel papetier libanais Fadi Gemayel), franchit les étapes sans embûches. Elle a retrouvé son effectif de 70 salariés et produit désormais 90.000 tonnes de papier recyclé par an.
Après le redémarrage, le gros projet fut celui de la centrale biomasse qui allait permettre de sécuriser le deuxième poste de dépense de l’entreprise, après la matière première : l’énergie. Un chantier de 87 millions d’€ mené en partenariat avec Akuo Energy, soutenu par les collectivités locales pour son caractère environnemental et livré en février 2019. La centrale remplissant son œuvre, l’étape suivante fut donc l’adaptation de la machine.
Les salariés à la production, tous polyvalents

Parallèlement à la modernisation de l’outil industriel, Gemdoubs a repris à zéro sa politique de management. En 2015, elle avait obtenu les certifications Iso 9001, pour la qualité, puis Iso 14.001, pour sa démarche environnementale. En 2017, appuyée par la CCI du Doubs, ce fut la certification 50.001 pour sa performance énergétique.
Et depuis fin 2018, elle est engagée dans une démarche de qualité de vie au travail. Celle-ci complète l’approche globale de RSE (Responsabilité Sociétale et Environnementale), que l’entreprise n’affiche pas outre-mesure, mais pour laquelle elle a néanmoins obtenu un prix du Mouvement Français de la Qualité (MFQ) et de la CCI en octobre 2019.
Le projet d’amélioration de la qualité de vie au travail a été confié aux salariés. La direction leur a proposé de créer un comité représentatif des différents services dont la première mission fut d’adresser un questionnaire aux 70 salariés. Quatre thématiques d’amélioration en étaient sorties : l’alimentation, la gestion des horaires décalés, le choix de la 4e semaine de vacances et une bonne communication pour ceux qui travaillent de nuit ou de week-end.
Pour l’alimentation, un partenariat a été noué avec un distributeur local et des paniers de fruits sont déposés chaque semaine depuis un an. Selon un sondage interne, les deux tiers des salariés apprécient, « et la moitié dit avoir changé ses habitudes alimentaires », relève Laurent Grenier. Pour la gestion des horaires décalés, une convention a été signée avec la médecine de travail et deux infirmières viennent une fois par mois donner des conseils. « Et il y a du monde à chaque fois. »
Le choix de la quatrième semaine de vacances, lui, a donné lieu à un plan de formation. Les salariés de Gemdoubs ont bien cinq semaines de vacances, mais pour quatre d’entre elles, les dates sont imposées. Ils ont émis le souhait de pouvoir décider des dates de leurs congés pour deux semaines et non plus seulement pour une seule. « Sur 70 salariés, nous en avons 40 en production, la machine tourne 7 jours sur 7 et la gestion des vacances, c’est compliqué », admet le dirigeant.
« J’avais répondu aux salariés que leur demande était légitime mais qu’elle nécessitait qu’ils gèrent eux-mêmes le calendrier. Pour cela, il fallait qu’ils soient tous polyvalents, afin de pouvoir remplacer les absents. Finalement, avec ce plan de formation sur deux ans, on fait d’une pierre deux coups : les salariés auront le choix des dates de leur quatrième semaine de vacances et tout le monde, en production, sera polyvalent. »

Quant à l’aspiration à plus de communication, la réponse a consisté à installer deux écrans dans les salles de repos sur lesquels défilent des informations relatives à la vie de l’entreprise : résultats, sécurité, nouveaux clients… Une cinquième action a même vu le jour : l’installation d’une bibliothèque partagée, où chacun peut venir déposer et prendre des livres. L’histoire ne dit pas s’ils sont en papier recyclé...

Il était arrivé chez Gemdoubs en 2015 pour prendre la suite de Gérard Lasserre, qui avait interrompu sa retraite pour aider au sauvetage et trouver un nouveau propriétaire. C’est « la vision à long terme, la personnalité et le projet » de Fadi Gemayel, son actionnaire, qui l’avaient convaincu d’accepter le poste.
Laurent Grenier préside désormais l’association des ingénieurs de l’ENSMM, « un réseau de 7.000 ingénieurs dans le monde », et est impliqué dans différentes instances papetières.
Directeur général de Gemdoubs, il en est aussi le directeur commercial et sillonne l’Europe pour aller à la rencontre des 50 clients de l’entreprise.
