ENERGIE/DOUBS. Le groupe bisontin de travaux publics s’adosse à la Caisse des dépôts pour produire de l’énergie à partir de déchets du bâtiment.
L’unité de cogénération qu’il construit à Merey-sous-Montrond pour 34 millions d’€ est une voie de diversification que Frédéric Bonnefoy et ses actionnaires comptent dupliquer ailleurs en France et à l’étranger.
Le projet, déjà en route, a été présenté en fin de semaine dernière au carrefour des maires et des élus locaux à Besançon.

C’est la suite logique du développement de l’entreprise de travaux publics Bonnefoy à Saône (Doubs), près de Besançon. A l'issue de près de dix années d’expérience dans le tri et la valorisation des déchets du bâtiment et des travaux publics, le groupe familial dirigé par Frédéric Bonnefoy se lance dans la cogénération.
La centrale qu’il construit sur son site industriel de 4 hectares à Merey-sous-Montrond, près de son siège social, va transformer en combustible les refus de son centre de tri : métaux, cartons, bois traités, plastiques, non recyclables ou non valorisables dans les cimenteries, et qui finissaient en décharge.
Le potentiel de transformation de ces déchets industriels banals (DIB) en combustibles solides de récupération (CSR) est de 45.000 tonnes par an.
Le process utilise la technologie de la gazéification avec un gazogène. Les déchets sont séchés à une température de 1.000 degrés. La combustion génère un gaz de synthèse composé de CO2 et d’hydrogène. Ensuite épuré de ses polluants, le gaz actionne cinq moteurs d’un groupe électrogène qui produit de la chaleur et de l’électricité.
« La technologie du gazogène est ancienne mais elle s’applique là dans un modèle industriel encore émergeant dont l’avenir repose sur un traitement efficient grâce à l’épuration du gaz avant son utilisation », précise Frédéric Bonnefoy, P-DG.
Une unité de séchage de produits forestiers attendue
L’électricité sera réinjectée dans le réseau EDF. La production annuelle est estimée à 51.600 MWh équivalent à la consommation de 52.800 personnes. La chaleur, évaluée elle, à 90.000 MWh par an, est destinée à l’outil industriel de Bonnefoy mais aussi à une unité de séchage de produits forestiers qui devrait bientôt s'installer à proximité, espèrent l’entrepreneur et son principal partenaire financier, la Caisse des Dépôts.

En plus de l'utilisation de la chaleur, l'entreprise forestière apporterait au process des déchets de bois supplémentaires ainsi qu'une part de bois neuf (type rondins) nécessaire à la qualité de la biomasse.
« Le projet confirme la pertinence d’un modèle économique de circuit court et va dans le sens de l’engagement de la Caisse des dépôts dans les projets de territoires à énergie positive », expliquait Antoine Bréhard, directeur régional au carrefour des maires et des élus locaux qui s’est déroulé les 27 et 28 octobre à Besançon.
Pour porter et exploiter la centrale, Bonnefoy a créé une nouvelle société, Synnov Déchets dont il est actionnaire majoritaire (64,67%). La Caisse des dépôts en est le second avec 24,67% du capital. Le reste est réparti entre Leroux et Lotz Technologies qui développe le process, et deux opérateurs nationaux de la gestion des déchets, le groupe Nicollin et l’entreprise Braley, dans le sud de la France.
L’investissement s’élève à 34 millions d’€. Il est financé par l’Ademe et la Caisse des Dépôts dans le cadre du Programme d’Investissements d’Avenir (PIA) et par l’entreprise avec le concours de Bpifrance et d’un pool de banques privées : la Banque Populaire, la Caisse d’Epargne, le Crédit Industriel et Commercial et le Crédit Mutuel.
La centrale sera opérationnelle à la rentrée 2018 et devrait générer une vingtaine d’emplois. Les premiers essais sont prévus au printemps prochain.
Synnov Déchets ne compte pas s’arrêter à cette première réalisation. Ses actionnaires affichent en effet l’ambition de développer cette filière énergie en France et à l’étranger.
Qui est le groupe Bonnefoy ?

L’entreprise de travaux publics créée en 1965 par Jean-Claude Bonnefoy, a conservé un capital et une direction familiales. Frédéric en est le P-DG, son frère Christophe et sa soeur Nathalie occupent des fonctions à la direction générale du groupe qui est composé aujourd’hui de trois filiales.
Bonnefoy TP réalise des travaux de terrassement, de voirie et de réseaux. Le groupe s’est notamment illustré dans la construction du tramway de Besançon, de la gare de Besançon TGV et a participé à la ligne à grande vitesse Rhin-Rhône entre Dijon et Belfort.
La Société Industrielle B.B.C.I. (Bonnefoy Béton, Carrières, Industrie) assure au groupe une autonomie d’approvisionnement en matériaux et un rôle de fournisseur à d’autres entreprises du BTP. Elle exploite des carrières et possède cinq centrales à béton prêt à l’emploi dans le Doubs, le Jura et en Saône-et-Loire, trois centrales d’enrobés dans le Doubs, dans le Jura et en Haute-Saône ainsi qu'une usine de liants bitumineux à Merey-sous-Montrond.
B.B.C.I. a également développé en 2009, une filière de tri et de recyclage des déchets des entreprises du bâtiment. Les matériaux inertes dits de classe 3 (pierre, aggloméré…) sont réutilisés pour le réaménagement des carrières. Quant aux déchets industriels banals (bois, plastique, déchets électriques) ainsi que les déchets industriels spéciaux, ils sont orientés vers des filières spécifiques.
La troisième filiale se nomme B2T. Unité de transport, elle assure toute la logistique du groupe.
Le chiffre d ‘affaires consolidé s’élève à 65 millions d’€ avec 250 salariés.