Lors de sa séance du 28 juin, le Comité du Patrimoine Mondial de l’Unesco a décidé de différer l’examen de la demande de reconnaissance de l’oeuvre de Le Corbusier au patrimoine mondial de l’Humanité. C'est la 2ème fois que le dossier était présenté.
Il semble que l'avis critique du Conseil international des monuments et des sites aie fortement influencé le comité.
Dans un communiqué, Benoît Cornu, adjoint au maire de Ronchamp, dit «son incompréhension (…) alors que la France soutenait cette candidature avec force, c'est elle qui a demandé de le différer sans même que le dossier ne puisse être soumis au vote.
Nous attendons des précisions supplémentaires de la part du comité du patrimoine mondial...»
Patrimoine. Le suspens touche à sa fin pour l'association des sites Le Corbusier. Réuni du 19 au 29 juin, l'Unesco examinera depuis son siège parisien la candidature de l'œuvre de l'architecte franco-suisse Claude-Edouard Jeanneret, dit Le Corbusier, au patrimoine mondial.
Deux édifices de l'est, la chapelle Notre-Dame-du-Haut, à Ronchamp, en Haute-Saône, et la manufacture de Saint-Dié des Vosges, en Lorraine figurent sur la liste (1) du concepteur de la "cité radieuse", dont l'exemplaire sans doute le plus connu est "la maison du fada" à Marseille.
Pour Benoît Cornu, vice-président de l'association des sites Le Corbusier, et adjoint au maire de Ronchamp, "toutes les chances sont aujourd'hui réunies". Les porteurs du projet ont corrigé leur copie, après le refus de la France, en 2009, de porter une candidature jugée incomplète. Chaque commune candidate a élaboré un «plan de gestion» qui précise les conditions d'accueil des visiteurs et la politique d'accompagnement touristique.
A Ronchamp, la commune va déménager l'office de tourisme dans une maison, récemment acquise, à proximité de la chapelle. La communauté de communes de Rahin et Chérimont a établi un plan de promotion des lieux d'hébergement (hôtels, gîtes, camping) et voté des aides à la création ou au développement d'établissements. Elle espère un coup de pouce du département pour une signalétique «cohérente» depuis l'autoroute A 36 et la RN 19. Des passerelles sont également établies avec le musée de la mine et le musée de la négritude de Champagney, tout proche.
Importants pour une commune de 3000 habitants, ces efforts ne seront pas forcément récompensés dans l'immédiat. Si le classement tant souhaité devrait bouster la fréquentation, déjà importante avec 80 000 visiteurs par an (60% d'étrangers), elle ne la fera pas pour autant exploser. «Si on se réfère aux deux autres sites Unesco de Franche-Comté, les salines d'Arc-et-Senans et la citadelle de Besançon, la fréquentation a augmenté respectivement de 50% et de 13% la 1ère année ; il semble donc raisonnable de se situer à environ 20%», indique Benoît Cornu.
L'engagement de la commune est d'autant méritoire qu'elle ne recevra pas un centime d'une augmentation des visiteurs, sauf à mettre en place une taxe de séjour. Le site ouvert 364 jours par an, est en effet géré par l’Eurl La Porterie de la chapelle, émanation de l'association Œuvre Notre-Dame du Haut (une quarantaine de membres), propriétaire des lieux.
C'est elle qui a élaboré et financé, avec par autofinancement, dons et mécénat, le projet de Renzo Piano, dans le périmètre de la chapelle. Décrié par certains, il donne incontestablement un coup de pouce à la candidature. En septembre, l'architecte italien aura achevé pour 12 millions d'€, le nouvel accueil du site, en contrebas de la colline de Bourlément, adossé à une unité de vie et de travail de 1000 m2 pour une communauté des sœurs Clarisses de Besançon.
Défenseurs passionnés de la candidature, les élus haut-saônois tirent des plans à plus long terme. «L'image Unesco et la publicité mondiale qui en découlera peut nous aider à vendre notre territoire à des entrepreneurs», espère Benoît Cornu. Depuis le déménagement de Gestamp à Champagney (lire www.tracesecritesnews.fr/?s=gestamp), Ronchamp dispose avec l'ancienne filature, d'une friche industrielle en bon état où l'élu verrait bien cohabiter des activités économiques et culturelles.
Une idée loin d'être saugrenue avec la proximité de l'ancien aérodrome de Malbouans, où la décennie prochaine devrait voir éclore des activités de pointe dans les secteurs de la mobilité et des infrastructures.
Les candidatures Le Corbusier dans l'Est
- La chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp. Reconstruite par Le Corbusier entre 1950 et 1955, la chapelle est dotée de trois bâtiments pouvant accueillir au total jusqu'à 200 personnes. Premier édifice religieux de l'architecte, elle est faite de pierres de récupération de l'ancien édifice détruit durant la seconde guerre mondiale avec une ossature en béton et un enduit à la chaux (selon nos informations, les fissures inesthétiques des façades et noircies par une mousse malgré un nettoyage l'an dernier, ne mettent pas en péril la solidité de l'édifice). La toiture est une coque en béton suspendue aux façades, ce qui permet de laisser passer la lumière. Sa conception, toute en rondeurs (murs courbes, toiture inspirée d'une carapace de crabe) tranche avec le style de l'architecte, adeptes des lignes droites.
- La Manufacture de Saint-Dié des Vosges. Recalé pour la reconstruction du plan d'urbanisme de la ville de Meurthe-et-Moselle sinistrée par la dernière guerre, Le Corbusier accepta de rebâtir la manufacture de bonneterie de l'industriel Jean-Jacques Duval en 1947. Seul édifice industriel de l'architecte, il est conçu comme une petite unité d’habitation montée sur pilotis, haute de trois étages et couverte d’un toit-terrasse où se trouvent les bureaux du directeur et de l'administration. Elle est faite d'une ossature de béton avec deux murs pignons aveugles en grès rose de réemploi.
L'usine est toujours en activité aujourd’hui, avec une fabrication de produits de luxe en maille.
Villa Jeanneret-Perret (dite Maison Blanche), La Chaux-de-Fonds, Suisse (1912) - Maisons La Roche et Jeanneret, Paris (1923) - Petite villa au bord du lac Léman, Corseaux, Suisse (1923) - Cité Frugès, Pessac, France (1924) - Maison Guiette, Anvers, Belgique (1926) - Maisons du Weissenhof-Siedlung, Stuttgart, Allemagne (1927) - Villa Savoye et loge du jardinier, Poissy, France (1928) - Pavillon Suisse à la Cité universitaire, Paris, France (1930) - Immeuble Clarté, Genève, Suisse (1930)- Immeuble locatif à la Porte Molitor, Boulogne-Billancourt, France (1931)- Unité d’habitation, Marseille, France (1945)- Manufacture à Saint-Dié des Vosges, France (1946) - Maison du Docteur Curutchet, La Plata, Argentine (1949) - Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, France (1950) - Maisons Jaoul, Neuilly-sur-Seine, France (1951) - Cabanon de Le Corbusier, Roquebrune Cap-Martin, France (1951) - Couvent Sainte Marie de la Tourette, Eveux, France (1953) - Musée National des Beaux-Arts de l’Occident, Tokyo, Japon (1954) - Centre de récréation du corps et de l'esprit de Firminy-Vert, Firminy, France (1953-1965)-
Liens :
https://sites.google.com/a/sites-le-corbusier.org/association/home
www.ronchamp-2008-2010.fr/ronchamp-2008-2010
www.fondationlecorbusier.fr/corbuweb/morpheus.aspx?sysName=home&sysLanguage=fr-fr www.ciup.fr/fr/les_maisons/fondation_suisseeCrédits photos: Gabriel Vieille-AONDH et Association des sites Le Corbusier.
Très bon site !