POLITIQUE. Pour rester dans leur ligne éditoriale, les journalistes de Traces Ecrites News ont interrogé les têtes de liste en leur posant une seule question : si vous êtes élu quelle mesure en faveur du développement économique mettriez-vous immédiatement en œuvre et pourquoi ?

L’exercice n’était pas facile, tant il devait faire un choix et un seul. Certains n’ont pas souhaité répondre, même pas la négative. D’autres ont voulu nous livrer un véritable catalogue, ce que nous avons refusé.

Nous publions en conséquence et dans l’ordre alphabétique de leur patronyme les réponses circonstanciées des têtes de liste d'Alsace Champagne-Ardenne Lorraine.

 

electionsregionales

 

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©Omar Assef

• Sandrine Bélier, tête de liste Europe Ecologie Les Verts (EELV).

 

Députée européenne jusqu’en juillet 2014, Sandrine Bélier, 42 ans, est juriste de l’environnement diplômée de l’Université de Strasbourg.

 

« Si je suis élue présidente, je mettrai en œuvre deux plans d’investissement complémentaires pour développer l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables.

Une société publique régionale de l’énergie constituée avec les bailleurs sociaux et les collectivités locales permettra de rénover le parc social et les bâtiments publics, notamment les lycées dont les régions ont la charge. Car il faut savoir que le chauffage des lycées est le 2ème poste de dépenses du conseil régional après les charges salariales.

En mobilisant un investissement de 25 millions d’€ sur 3 ans, nous produirons un effet levier de 250 millions d’€ au total, pouvant générer 5000 emplois et des économies d’argent public. Ces crédits pourront également être affectés au parc privé, sous forme de subventions aux ménages modestes afin de déclencher la rénovation massive des logements.

Pour développer les énergies renouvelables, nous créerons un fonds d’investissement piloté par la Région, ouvert aux financements privés. En mobilisant 50 millions d’€ sur cinq ans, nous pouvons entraîner un effet levier de 500 millions d’€. Les associations et les citoyens pourront participer à ce fonds. Des exemples de parcs éoliens citoyens existent déjà et sont de véritables réussites comme celui des Ailes des Crêtes dans les Ardennes. Les entreprises aussi seront sollicitées, notamment les fonds d’épargne et les assurances qui s’engagent dans le cadre de l’économie décarbonée à accueillir dans leurs portefeuilles des valeurs qui limitent leur empreinte carbone. »

 

laurentjacobelli• Laurent Jacobelli, tête de liste Debout la France.

 

Ce candidat de 46 ans vit à Épinal (Vosges). Il est dirigeant d'une société de production audiovisuelle et secrétaire général adjoint de son mouvement politique.

 

« Les régions actuelles sont beaucoup trop endettées et n’ont plus aucune marge de manœuvre. En outre, elles ont pour certaines englouti des dizaines de millions avec des projets gigantesques. En Lorraine, le projet d’Avenir Skylander, pour asseoir une filière aéronautique, a été un flop retentissant. Et que dire à Illange, en Moselle, de cette ambition d’une base logistique sino-européenne propre à créer jusqu’à 30 000 emplois. Les collectivités locales ont payé cher des travaux d’infrastructure pour rien.

Il faut arrêter ce gaspillage et épauler nos entreprises, pas seulement par un chèque, mais pas des conseils en termes d’études de marché, d’évaluation des investissements. Il faut le faire aussi sous une condition : l’embauche de personnels locaux.

La future grande région possède des richesses incroyables : le secteur du bois dans les Vosges, abandonnée par l’actuel exécutif régional lorrain ; la viticulture en Alsace et Champagne ; l’industrie lourde en Lorraine. Si je deviens président de ce vaste territoire, j’aurai une stratégie par filière en insufflant un développement économique raisonnable et en montrant l’exemple. Dans les appels d’offres, ce sont les entreprises locales qu’il faut privilégier impérativement. Les Allemands le font bien et sont soumis aux mêmes règles européennes que nous.

Qui dit développement des entreprises, dit aussi leur assurer des formations adaptées pour leurs besoins en recrutement et le très haut débit partout. Agir politiquement sur l’un sans les deux autres n’aurait pas de réelle pertinence. »

 

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• Jean-Pierre Masseret (PS), tête de liste pour la Gauche responsable, socialiste, écologiste, progressiste, communiste et républicaine.

 

Le président du conseil régional de Lorraine depuis mars 2014, âgé de 71 ans, est également sénateur de la Moselle.

 

«  Ma mesure phare, si je suis élu, sera mettre en place un plan d’urgence emploi pour faire reculer le chômage. Nous devons bousculer les habitudes et regrouper autour d’un outil commun, les différents intervenants et ne plus tolérer le chacun pour soi. Aujourd’hui tout le monde s’occupe de tout, donc personne ne s’occupe de rien.

L’engagement de tous les partenaires est nécessaire pour faire reculer le chômage. C’est pourquoi nous proposons de créer par territoire, un commissariat à l’Emploi piloté par la Région et les partenaires sociaux (représentants des entreprises, représentants des salariés).

Le plan d’urgence emploi qui sera mis en œuvre le 1er juin 2016 invite les collectivités en charge de l’insertion et de la formation à mettre tous leurs crédits, y compris ceux de l’Etat, dans un pot commun pour financer les priorités.

Ces dernières sont de corriger les anomalies constatées sur chaque territoire : le chômage de longue durée, des jeunes, des plus de 50 ans, un taux élevé de précarité et les emplois offerts non pourvus.

Le plan inclura les dispositions du retour à l’emploi des chômeurs de plus d’un an. Les bénéficiaires deviendront à titre exceptionnel stagiaires de la formation professionnelle avec un suivi individualisé tout au long de leur parcours afin de surmonter les difficultés et garantir leur accès à l’emploi.

Les citoyens seront associés au suivi du Plan Urgence Emploi. Cela n’a jamais été proposé ni fait ailleurs ! »

M. Masseret n’ayant pas trouvé un moment pour répondre au téléphone aux journalistes de Traces Ecrites News, son équipe de campagne nous a transmis ce texte que nous avons légèrement réécrit pour le rendre plus fluide.

 

• Florian Philippot, tête de liste Front National.

 

Le député européen et vice-président du Front National, n’a pas souhaité répondre à notre question malgré plusieurs sollicitations par téléphone et courriel auprès de son service de presse.

 

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©Cyrille Beudot.

• Philippe Richert, tête de liste Les Républicains, UDI et Modem.

 

Président du conseil régional d’Alsace depuis 2010, Philippe Richert, 62 ans, fut ministre des collectivités du gouvernement Fillon.

 

« Si je suis élu président, j’engagera deux mesures dont l’une ne va pas sans l’autre : la couverture en très haut débit et le renforcement des fonds propres des entreprises.

Le numérique est incontournable pour le développement des territoires. La Région s’engagera pour la couverture en très haut débit, en prenant part à tous les appels d’offres lancés par les collectivités locales. L’amélioration de l’infrastructure et de l’offre Internet contribuera à doper l’activité des entreprises pour lesquels nous interviendrons également sur la base de l’expérience d’Alsace Croissance, le  fonds commun de placement créé avec la Caisse des dépôts et le Crédit Mutuel.  Nous l’ouvrirons aux particuliers sous la forme de financement participatif. La participation des habitants d’Alsace Champagne-Ardenne Lorraine au développement des entreprises, pourra favoriser le sentiment d’appartenance à la nouvelle région.

Cette forme d’aides aux entreprises est un cercle vertueux, puisque les interventions dans le capital des entreprises en ressortent au bout de quelques années et peuvent être réinvesties dans d’autres. On réduit ainsi les subventions qui, elles, ne servent qu’une fois et leur équivalent peut être investi dans d’autres politiques publiques qui chacun le sait seront contraintes de raisonner à l’économie.

Alsace Croissance est aujourd'hui doté de 50 millions d’€ dont 18 millions du conseil régional d’Alsace ; demain avec la grande région, le fonds peut être renforcé jusqu’à 150 à 200 millions d’€. »

 

LE DÉROULEMENT DU SCRUTIN EN BREF

 

Il s'agit d'un scrutin de liste, à deux tours, avec représentation proportionnelle à la plus forte moyenne, sans panchage ni vote préférentiel, se combinant avec une prime majoritaire.

Les listes sont régionales (tous les habitants d’une région reçoivent les mêmes), mais elles sont composées de sections départementales dont le nombre de candidats est déterminé en fonction de la population de chaque département.

Au premier tour, la liste qui recueille la majorité absolue des suffrages exprimés reçoit un quart des sièges à pourvoir, arrondi à l’entier supérieur. Les autres sièges sont répartis selon la règle de la plus forte moyenne entre toutes les listes ayant obtenu plus de 5% des suffrages exprimés.

Si aucune liste n’obtient la majorité absolue, un second tour a lieu auquel ne peuvent se présenter que les listes ayant obtenu plus de 10% des suffrages exprimés au premier tour. Entre les deux tours, les listes peuvent être modifiées, notamment pour fusionner avec des listes ayant obtenu au moins 5% des suffrages exprimés.

La répartition des sièges se fait selon les mêmes règles que pour le premier tour, à ceci près que la majorité absolue n’est plus requise.

Les conseillers régionaux qui seront 169 en Alsace Champagne- Ardenne Lorraine sont élus pour six ans.

 

Source : Direction de l'information légale et administrative, Premier ministre.

 

Photos fournies par les candidats.

 

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