POLITIQUE. Pour rester dans leur ligne éditoriale, les journalistes de Traces Ecrites News ont interrogé les têtes de liste en leur posant une seule question : si vous êtes élu quelle mesure en faveur du développement économique mettriez-vous immédiatement en œuvre et pourquoi ?

L’exercice n’était pas facile, tant il devait faire un choix et un seul. Certains n’ont pas souhaité répondre, même pas la négative. D’autres ont voulu nous livrer un véritable catalogue, ce que nous avons refusé.

Nous publions en conséquence et dans l’ordre alphabétique de leur patronyme les réponses circonstanciées des têtes de liste de Bourgogne Franche-Comté qui ont accepté nos règles du jeu. Nous ferons de même avec celles d'Alsace, de Champagne-Ardenne et de Lorraine, ce jeudi 3 décembre.

 

electionsregionales
©Ministère de l'Intérieur.

 

dufay• Marie-Guite Dufay, tête de liste du parti socialiste (PS).

 

Conseillère municipale puis adjointe au maire de Besançon, elle exerce depuis 2008 la présidence du conseil régional de Franche-Comté.

 

« Dans un contexte de révolution énergétique et de transition écologique, nous devons nous doter d’une société d’investissement qui permette de faciliter la participation des acteurs locaux à ces questions énergétiques, et de garantir le risque. L’économie verte est pleine de potentiels. De grands acteurs et même des fonds de pension américains s’y intéressent. Il est donc nécessaire et urgent que les retombées profitent au territoire, grâce à des investissements locaux qui impliquent des associations et des collectivités locales.

Cela nécessite que la puissance publique, la grande région en l’occurrence, soit à leurs côtés. Ma première mesure en matière de développement économique, si je suis élue, sera donc la mise en place d’une société d’économie mixte (SEM) pour booster l’investissement économique.

Nous ne le ferons pas seuls mais avec nos partenaires habituels, les acteurs locaux de l’investissement, comme les grandes banques mutualistes et la Caisse des Dépôts. Cette SEM investira avec les entreprises locales, participera au risque, amènera des garanties, afin que ce ne soit pas des fonds de pension américains qui bénéficient des retombées économiques de ce secteur. C’est une force de frappe nécessaire. Tous les acteurs économiques attendent de cette grande région qu’elle soit le démonstrateur des technologies de demain que sont l’automobile, la santé, l’alimentation et les énergies renouvelables. »

 

grudler• Christophe Grudler, chef de file de la seule liste MoDem.

 

Âgé de 50 ans, cette éditeur de presse et déjà un élu local. Depuis 1998, il est conseiller départemental de Belfort (Territoire de Belfort) et revendique être le seul chef d’entreprise tête de liste de la future grande région.

 

« Faisons d’abord un triste constat : Bourgogne et Franche-Comté réunies font la deuxième plus pauvre des régions françaises, derrière la Corse je crois. Voyez comme il est grand temps de réagir et de recréer de la richesse grâce aux fantastiques savoir-faire industriels que nous accueillons. L’industrie qui a beaucoup souffert avec des dizaines de milliers d’emplois perdus doit nous redonner cet allant, mais il faut l’accompagner. C’est pourquoi, je voudrais déjà inciter les entreprises d’un même secteur à collaborer.

Dans l’énergie, la Vallée du l’Énergie du nord Franche-Comté a sans doute beaucoup de choses à apporter au pôle nucléaire de Bourgogne et réciproquement. Pour l’automobile, la grappe d’entreprises de Magny-Cours (Nièvre) et le pôle de compétitivité Véhicule du Futur pourrait avoir de très nombreux projets communs. Dans l’agroalimentaire, Vitagora montre depuis longtemps l’exemple à suivre et cela fonctionne plutôt bien. Prenez aussi l’aéronautique qui n’est pas structuré alors que des dizaines d’entreprises du futur territoire commun y travaillent et auraient beaucoup à partager. Si deviens président du conseil régional, mon rôle auprès de ces secteurs sera d’être à leur écoute et d’assurer leur promotion, mais également de répondre en matière d’emploi par un bon développement des formations. Et je pense tout spécialement à l’apprentissage. »

 

• Sophie Montel, tête de liste Front National.

La députée européenne et conseillère régionale d’extrême droite, élue en Franche-Comté, n’a pas souhaité répondre à notre question malgré plusieurs sollicitations par téléphone et courriel auprès de ses différents contacts presse.

 

sauvadet• François Sauvadet, tête de liste UDI - Les Républicains.

 

Président depuis 2008 du conseil départemental de la Côte-d'Or, cet ancien journaliste né à Dijon est député depuis 1993 et fut ministre de la Fonction Publique dans le gouvernement de François Fillon en 2011-2012.

 

« Ma mesure prioritaire consistera à accélérer le déploiement du très haut débit dans une région où 20% de la population n’en dispose pas. C’est incontournable compte tenu de la situation économique de la Bourgogne Franche-Comté, la seule nouvelle grande région en récession. Et un enjeu vital aussi déterminant que la révolution industrielle du 19ème siècle, pour les entreprises de tous secteurs d’activité et de toutes tailles : l’industrie, l’artisanat, le commerce, le télétravail, et pour les services à la population de maintien à domicile et de télémédecine.

Si je suis élu président, le conseil régional portera à 200 millions d’€ l’enveloppe disponible dans l’ensemble des départements - chargés de déployer le très haut-débit- qui s’élève aujourd’hui à 95 millions d’€. J’ai déjà pris des contacts avec la Caisse des dépôts et consignations et des banques : le moment est opportun grâce à des taux à long terme très bas. Nous pouvons également mobiliser les fonds européens ainsi que les aides de l’Etat.

J’ai aussi entrepris des démarches avec les présidents de cinq conseils départementaux de la droite et du centre pour créer une Société Publique Locale chargée de l'exploitation, la maintenance et la commercialisation des réseaux de fibre optique à l'abonné (FTTH).

La mutualisation des moyens tant au niveau de l’investissement que de l’exploitation peut concrétiser d’ici deux ans une première phase prévue initialement jusqu’en 2020, sachant que la couverture de l’ensemble de la région est évaluée à 650 millions d’€. »                      

 

thiebaut• Maxime Thiébaut, tête de liste Debout la France.

 

Juriste de formation, conseil auprès des collectivités locales et thésard, il est le plus jeune candidat (24 ans) tête de liste en France à ces élections régionales.

 

« Les régions actuelles et les futures ne sont que des boîtes à subventions et c’est une catastrophe, car, soit elles les distribuent sous forme d’un saupoudrage et, cela ne sert à rien qu’à faire du clientélisme, soit elles ne les mobilisent pas. Je fais ici référence aux différents fonds structurels européens que les Italiens et les Espagnols utilisent avec compétence et efficacité ce qui a pour résultat un véritable effet de levier. Si je deviens président de la grande région, je créerai une équipe de choc qui saura recueillir cette manne. Et pas seulement pour notre propre usage, mais aussi pour toutes les autres collectivités locales qui y ont droit en fonction des différents projets présentés.

J’instaurerai aussi une nouvelle subvention attribuée à la start-up de l’année. Cela ne coûtera pas un centime d’euro supplémentaire, car l’argent sera pris sur les indemnités des élus qui ne  viennent pas ou ne travaillent pas. Toujours en matière de subvention, je doterai les centres de formation d'apprentis (CFA) de vrais moyens pour assurer leur mission en adéquation avec les besoins actuels et futurs des entreprises. L’industrie très riche sur ce territoire a besoin de personnel bien formé et en partie chez elle. Mais je n’oublierai pas non plus l’université. Ce sera donc un renforcement important des crédits de formation du CAP au bac + 5. »

 

vermorel• Nathalie Vermorel, chef de file d’une liste Front de Gauche, élargie au MRC.

 

Assistance sociale de profession, cette conseillère régionale de Bourgogne est la présidente du groupe communiste.

 

« Disons déjà que je conçois la production et les échanges commerciaux selon la satisfaction des besoins humains et dans le respect d’une protection durable de la planète. En partant de ces convictions, je pense que l’industrie bourguignonne et franc-comtoise doivent être au cœur du développement économique.

Il faut et ce sera ma priorité, en cas d’élection de notre liste, instaurer une véritable politique de filière, et ce, de l’enseignement initial jusqu’au circuit de distribution. J’aurais aussi un rôle de facilitatrice entre les secteurs d’activité pour qu’ils travaillent mieux entre eux et épaulent surtout les PME. Les donneurs d’ordres, c’est-à-dire les grands groupes, que je respecte, doivent être à leur côté. L’économie sociale et solidaire, avec les sociétés d’intérêt collectif, les sociétés coopératives et participatives (SCOP) auront une place plus importante.

Vous le voyez, nous ne voulons pas effrayer le patron et sommes des candidats réalistes. Le très haut débit partout et très vite, comme l’isolation des bâtiments sont des gisements d’emplois immédiats. Il faut juste le vouloir et avoir les politiques en conséquence. Et, à ce propos, je demandai à toutes les banques présentes sur le territoire, notamment les banques mutualistes qui appartiennent à leurs sociétaires, d’abonder de manière significative un fonds emploi-formation, adapté aux besoins et qui aura une gestion paritaire en Bourgogne et Franche-Comté. »

 

Photos fournies par les candidat(e)s, sauf pour François Sauvadet : ©Grégory Girard/ Sensation Web.

 

LE DÉROULEMENT DU SCRUTIN EN BREF

Il s'agit d'un scrutin de liste, à deux tours, avec représentation proportionnelle à la plus forte moyenne, sans panchage ni vote préférentiel, se combinant avec une prime majoritaire.

Les listes sont régionales (tous les habitants d’une région reçoivent les mêmes), mais elles sont composées de sections départementales dont le nombre de candidats est déterminé en fonction de la population de chaque département.

Au premier tour, la liste qui recueille la majorité absolue des suffrages exprimés reçoit un quart des sièges à pourvoir, arrondi à l’entier supérieur. Les autres sièges sont répartis selon la règle de la plus forte moyenne entre toutes les listes ayant obtenu plus de 5% des suffrages exprimés.

Si aucune liste n’obtient la majorité absolue, un second tour a lieu auquel ne peuvent se présenter que les listes ayant obtenu plus de 10% des suffrages exprimés au premier tour. Entre les deux tours, les listes peuvent être modifiées, notamment pour fusionner avec des listes ayant obtenu au moins 5% des suffrages exprimés.

La répartition des sièges se fait selon les mêmes règles que pour le premier tour, à ceci près que la majorité absolue n’est plus requise.

Les conseillers régionaux qui seront 100 en Bourgogne Franche-Comté sont élus pour six ans.

 

Source : Direction de l'information légale et administrative, Premier ministre.

 

1 commentaire(s) pour cet article
  1. Glutrondit :

    Message à Mr Sauvadet: Je suis un icaunais qui habite en Puisaye, et de ce fait la fracture numérique, je sais ce que c'est : accès à internet très limité et à un prix exorbitant, et des zones blanches ou pire des zones à une barre pour le téléphone portable!!!! Je suis aussi un entrepreneur bourguignon investi depuis 15 ans dans la transition énergétique, notamment dans la thermique du bâtiment et le développement des énergies renouvelables. Alors Mr Sauvadet, le déploiement du haut débit n'est que le minimum syndical que vous avez l'OBLIGATION de mettre en place si vous souhaitez briguer des responsabilités régionales. Mais ce ne peut être en aucun cas une mesure principale. C'est trop insignifiant!!!!! Comme tous les Bourguignons, j'ai reçu les programmes des différentes listes. Sur la vôtre PAS UN MOT, je dis bien pas un seul mot sur la transition énergétique. Par ailleurs, vous (LR-UDI) ne proposez rien de nouveau et de CONCRETEMENT ambitieux pour la nouvelle région, rien!!!!

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