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TRAVAUX PUBLICS. Le patron du groupe Roger Martin relève un défi de taille : la défense de sa profession, en grande difficulté.

Le nouveau président de la fédération régionale des travaux publics de Bourgogne poursuit un autre combat à la tête de son entreprise : celui de l’indépendance à l’aune d’un développement raisonné.

 

Le 7 juillet dernier, il était là et déposait silencieusement, avec de très nombreux autres dirigeants, un casque de chantier devant la préfecture de Dijon. « J’exprimais une colère sourde face au manque d’activité et de lisibilité dans le secteur des travaux publics qui dépend à 70% de la commande publique », explique Vincent Martin, président du directoire du groupe dijonnais Roger Martin (200 millions d’€ de chiffre d’affaires, 1200 salariés, 20 implantations en France).

 

Depuis sa prise de fonction, le 1er janvier, à la tête de la fédération régionale des travaux publics (FRTP) Bourgogne, ce chef d’entreprise de 40 ans, né dans la capitale bourguignonne, n’a pas de mots assez durs pour dénoncer certaines décisions politiques.

 

« La suppression de l’écotaxe est une véritable aberration car elle aura permis de dégager des fonds au profit de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France dont nous avons cruellement besoin en cette période où il faut réinventer un modèle économique ».

 

Celui qu’il prône prend la forme d’un « New Deal » ou d’un plan Marshall, qui passe par de grands travaux d’aménagement. « Aucune civilisation ne s’est développée, de l’Egypte Ancienne, à la Rome Antique et plus récemment aux Etats-Unis comme en Chine, sans une relance ambitieuse de l’activité », affirme-t-il.

 

Alors, lui qui a mis les pas dans ceux de son père et incarne la quatrième génération aux commandes d’un des derniers Mohicans indépendants des travaux publics va mouiller la chemise. « Je dois encore plus fédérer mes collègues pour convaincre les élus que le mieux disant dans les appels d’offres l’emporte dorénavant sur des prix toujours tirés vers le bas, même s’il nous faut en ce moment prendre des marchés non rentables pour simplement occuper nos collaborateurs ».

 

Un parcours initiatique

 

Car Vincent Martin met au frontispice de ses valeurs professionnelles le respect de ses collaborateurs et leur bien être au travail. « J’en ajoute deux autres pour préserver nos emplois : gagner de l’argent et avoir une trésorerie saine », souligne cet infatigable travailleur qui n’est pas né avec une cuillère d’argent dans la bouche.

 

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Vincent Martin investit en moyenne 8 millions d'€ par an dans l'achat et la rénocation d'engins comme de matériel de chantier.

 

Chez les Martin, on doit faire ses preuves avant de prétendre. Après une formation d’ingénieur à l’École spéciale des travaux publics, du bâtiment et de l'industrie de Metz, Vincent commence sa carrière, à Béziers, puis à Lyon, chez Gerland (Eiffage) comme simple conducteur de travaux.

 

Il n’intègre le groupe familial qu’en 2001 pour devenir responsable d’exploitation à Châteauroux et progressivement monter dans la hiérarchie jusqu’au poste de directeur général sept ans plus tard. La dernière marche du podium : la présidence du directoire, il ne l’a franchie qu’en 2012.

 

« Avec mon père, nous avons souhaité cette période de transition afin d’éviter tout conflit intergénérationnel et celui que nous avons désigné pour me coacher n’était autre que l’ancien P-DG de Gerland qui m’avait recruté pour mon premier poste ».

 

Un laps de temps fructueux pour apprendre à manager, s’entourer d’une garde rapprochée d’une dizaine de personnes et s’affirmer par son seul prénom. A preuve, il signait le 5 février 2014, le rachat de la société dijonnaise SNCTP pour intégrer de nouveaux savoir-faire en génie civil et bâtiment, l'entrepreneur ne souhaitant faire de la croissance externe qu'en complément d'offre ou en meilleur maillage territorial.

 

Petit défaut à la cuirasse, qu’il confesse volontiers : un tempérament sanguin qui le fait parfois pousser des coups de gueule, toutefois bien vite oubliés. Pour décompresser, ce papa de trois enfants à un jardin secret dans la région voisine de Franche-Comté, berceau de la famille.

 

Il se rend souvent au Domaine de la Pinte, à Arbois (Jura), une propriété viticole filiale de son groupe, d’une superficie 34 hectares et entièrement cultivés en biodynamie. « Le Jura est grand terroir de vins, mais beaucoup de gens l’ignore alors partout où je me rends, j’apporte quelques bouteilles », avoue ce disciple assumé d’Epicure, qui espère avoir encore le temps de parcourir ses vignes, malgré ses nouvelles fonctions.

 

Crédit photos : Traces Ecrites.

 

Lire aussi l’article du même auteur sur Vincent Martin dans le journal Les Echos du 9 janvier.

 

1 commentaire(s) pour cet article
  1. maxdit :

    "...qui n’est pas né avec une cuillère d’argent dans la bouche." Que veut nous faire croire le journaliste de Traces Ecrites ? Décidément la crédulité n'a d'égale que les recettes publicitaires dont le journal dépend. Vous reprendrez bien une petite couche de cirage ! Ceci sans que cela enlève quoi que ce soit aux qualités et défauts de ce monsieur Martin

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