AUTOMOBILE/EST. Anniversaire aurait pu plus mal se passer. PerfoEst, le service d’amélioration de la performance industrielle du pôle de compétitivité Pôle Véhicule du Futur (PVF), célébrait ce 27 juin ses 20 ans chez Trevest, équipementier du Pays de Montbéliard implanté sur la vaste zone industrielle de Technoland à Étupes (Doubs).
Outre une exceptionnelle qualité d’accueil, la manifestation a fait le point sur la filière automobile d’Alsace et de Franche-Comté - et tout bientôt de Bourgogne -, en pleine évolution pour contrer les pays européens à plus bas coût de main d’œuvre et proposer des innovations maison.
Compte-rendu d'une journée un peu « particulière », où les entreprises alsacienne Sogefi et franc-comtoise RDT, ont été distinguées.

A lui tout seul Bernard Gaulier, directeur du site de Trevest, qui accueillait ce mardi 27 juin l’anniversaire des 20 ans de PerfoEst (*), résume bien l’action conduite par ce service du pôle de compétitivité Véhicule du Futur (PVF), entièrement consacrée à l’amélioration de la performance industrielle de la filière automobile de l’Est, dont il a été président de 1999 à 2002.
« Depuis cinq ans la qualité de Trevest, évaluée dans notre jargon en PPM (ndlr : indicateur qui mesure le nombre de pièces non-conformes par millions de pièces produites), est de deux, autant dire presque la perfection », assure-t-il.
A visiter son usine de 16.000 m2 couverts, implantée sur la zone Technoland à Étupes (Doubs), qui livre pour les constructeurs PSA, Renault et Smart (Daimler), des matelassures de sièges, des tapis de sol et des produits complexes d’insonorisation de l’habitacle des véhicules ainsi que du compartiment moteur, on constate une forte implication industrielle, autant matérielle qu’humaine.
Ici, 170 personnes et un volant de 25 intérimaires, travaillent du textile et de la mousse polyuréthane en préparant l’avenir. « Nous investissons un million d’€ dans des équipements pour répondre au besoin d’un nouveau véhicule PSA qui sera réalisé à Mulhouse, et en concertation avec le constructeur pour étudier les moules adaptés », explique le dirigeant.
Un autre homme fort était présent au sein du vaste hall aménagé chez Trevest en salle de réception. Non des moindres, puisqu’il s’agissait d’Yvan Lambert, directeur du site PSA de Sochaux, une entité de 280 hectares de superficie et de 9.500 salariés.

Le premier employeur industriel de Franche-Comté n’était pas venu les mains vides en rappelant que Sochaux, berceau du groupe français, ambitionne de redevenir l’usine de référence.
60% des entreprises ont progressé
Pour ce faire, il lui faudra gommer quelques imperfections du passé : démolir, reconstruire et équiper, à l’aune d’un investissement - hors projets industriels - de 200 millions d’€ jusqu’en 2022. « Nous avons la chance d’être au cœur d’une région qui mesure tout l’enjeu de notre stratégie », souligne Yvan Lambert. Le constructeur va modifier ses bâtiments pour faire une usine aux flux plus cohérents.
Une ligne de presse (emboutissage) quatre fois plus productive va être installée pour 33 millions d’€ sur un nouvel emplacement. Un ferrage multi-silhouettes (assemblage des pièces de structures d’un véhicule) le jouxtera, puis l’atelier peinture sera reconfiguré à hauteur de 50 millions d’€. Enfin, le montage final des voitures bénéficiera d’une ligne très polyvalente.
« Au total, nous allons diviser par cinq la distance entre nos différents ateliers », assure le directeur PSA de Sochaux. Les surfaces libérées, soit environ 50 hectares, seront proposées pour inviter, notamment, des start-up à rejoindre les marques au Lion et aux deux chevrons.
La performance industrielle d’une filière adhérente au Pôle Véhicule du Futur, à hauteur de 320 entreprises, a fait aussi l’objet d’une enquête auprès de onze activités différentes.
Il en ressort pour l’année 2016 que 60% des équipementiers ont progressé en référence à 16 critères analysés : coût des rebuts et retouches, rotation des stocks, temps de changement de fabrication, investissements, dépenses en formation…

Alors bien sûr, les quelque 200 invités, ont parlé leur novlangue avec des acronymes et autres expressions barbares, comme 5S, SMED, full kitting et bien sûr Kanban pour : bonnes pratiques, taux d’utilisation des machines, approvisionnement des lignes de montage, ou encore, gestion des process, notamment en temps de changement de fabrication.
Objectif en partie atteint
Deux entreprises sortent du lot pour ce millésime 2017. La franc-comtoise s’appelle RDT et se situe à Vermondans, tout près de Pont-de-Roide (Doubs). L’entreprise, codirigée par Philippe Peroz et Sébastien Renaud qu'ils ont acquise en 2015, découpe, emboutit et assemble des pièces (de moteur et de structure) simples ou plus complexes.
Elle réalise 12 millions d’€ de chiffre d’affaires, emploie 68 personnes et fait partie d’un ensemble de trois sociétés avec les mêmes actionnaires qui atteint les 35 millions d’€ d’activité en s'appuyant sur un effectif de 270 salariés. Très discrets par nature, les deux chefs d’entreprise qui livrent PSA et Daimler ne sont pas peu fiers.
« Nous avons mis l’accent sur la sécurité au travail, le chiffre d’affaires par personne et l’implication de chacun », argumente Philippe Peroz. « C’est une distinction que nous partagerons avec l’ensemble de nos personnels », se félicite son associé.
Pour l’alsacienne Sogefi (groupe italien coté à la bourse de Milan), tête de pont d’un groupe spécialisé dans la conception de pièces en plastique destinées aux systèmes d’air et de refroidissement des moteurs : collecteurs d'admission d'air, conduits d’air de suralimentation, modules de pompe de refroidissement…, l’affaires était tout autre.

Mal géré jusqu’en 2015, selon sa direction actuelle, le site de Orbey (Haut-Rhin) et ses 650 salariés courait à la catastrophe. Une équipe renouvelée, entraînée par Frédéric Sipahi, a remis les choses progressivement en ordre, non seulement en termes de qualité, mais aussi de productivité. « Perfoest a voulu saluer tous nos efforts faits pour parvenir à ce rebond », évoque le directeur général.
Avec deux autres usines en France, dont une dans les Vosges, l’équipementier affiche près de 200 millions € de chiffre d’affaires pour un volume d'activité européen de 480 millions.

En concluant la rencontre et cet anniversaire, Denis Rezé, président de PVF, a eu la bonne idée de rappeler les débuts et l’objet même de PerfoEST : « ...La promotion de l’excellence industrielle des constructeurs et des fournisseurs liés au secteur de l’automobile de l’Est de la France, afin de permettre à ces derniers d’accéder et de se situer parmi les meilleurs mondiaux dans le domaine de la performance industrielle, notamment en matière de qualité, de coûts, de délais, et d’innovation ».
Un objectif qui chaque année est en partie atteint et chaque année remis sur le métier vers… une filière automobile du futur.
(*) La manifestation s’est déroulée l’an dernier chez l’Alsacien Pöppelmann.
