VOSGES. Avec cinq étapes, le Tour de France s’attarde dans l’Est pendant presque une semaine, de la Moselle jusqu’au Jura, en passant par les Vosges, la Haute-Saône, l’Aube et la Côte-d’Or.L’occasion de découvrir quelques-unes des villes d’accueil.
Mondialement connue pour ses eaux de source qu’embouteille Nestlé Waters, Vittel reçoit l’épreuve sportive, pour la quatrième fois dans son histoire, pour l'arrivée de la 4ème étape le jeudi 4 juillet et le départ de la 5ème, le lendemain.
Le chef-lieu de canton des Vosges attend de l’épreuve un regain d’attrait touristique. D’autant que les planètes sont désormais alignées grâce à la dynamique retrouvée de ses thermes et des deux villages Club Med.

Avec un brin de hardiesse, on pourrait surnommer la 4e étape du Tour de France l’étape « bien-être ». Mais les 207 km que parcourront les coureurs pour rallier deux villes d’eaux, Mondorf-les-Bains (Luxembourg) et Vittel, dans les Vosges, n’auront rien d’une sinécure.
Avant de repartir le lendemain pour la Planche des Belles Filles (Haute-Saône), les cyclistes auront tout de même le loisir de sillonner le parc thermal de 650 ha, spectaculaire poumon vert de la cité mondialement connue pour son eau minérale.
Avec 200.000 nuitées hôtelières par an, ses thermes, son casino, son hippodrome, un centre de préparation omnisport, 51 trous de golf, etc., « Vittel est une petite commune de 5.300 habitants qui bénéficie d’infrastructures plus proches de celles d’une ville de 20.000 habitants », résume Nicole Charron, adjointe au maire en charge du tourisme et du thermalisme.
Et la ville entend bien surfer sur l’exposition médiatique exceptionnelle apportée par le Tour de France pour attirer davantage de touristes aux côtés des curistes.
La dynamique économique de la ville implantée en bordure de l’autoroute A31, tourne assez logiquement autour de ses quatre sources, toutes propriétés du groupe Nestlé Waters. La multinationale suisse y produit chaque année 1,5 milliard de bouteilles de Vittel, Hépar et Contrex. Vittel est d’ailleurs sponsor du Tour de France jusqu’en 2018.
Premier employeur des Vosges, la société suisse comptait encore 1.350 salariés en 2010 contre 970 actuellement dont 80 au sein de son centre mondial de recherche et d’analyse sur l’eau, le PTC (Product Technology Center Water).
Le groupe veille jalousement sur la protection de sa ressource. Pour protéger les eaux des risques liés à la culture intensive du maïs, il a initié le programme Agrivair en 1992. Nestlé Waters finance une démarche zéro pesticide associant les agriculteurs et les collectivités, sur près de 10.000 hectares et onze communes autour de la source.
Les thermes tournent la page Partouche

La Société d'économie mixte d'exploitation des thermes de Vittel (SEM des Thermes de Vittel) lui achète chaque année 165 millions de litres d’eau thermale au prix d’un euro les 1.000 litres. Des eaux recommandées dans le cadre d’affections rhumatologiques, urinaires, digestives et de maladies métaboliques.
Après des années difficiles consécutives à la reprise en 2008 de l’activité thermale au groupe Partouche, la SEM sort la tête de l’eau. Le doublement des séjours en cure et de la fréquentation du spa lui ont permis d’atteindre l’équilibre en 2015 et 2016. Preuve de leur santé retrouvée, les thermes ont ouvert un espace de soin chinois il y a un an.
Il faut dire que la municipalité n’a pas ménagé ses efforts, posant 12 millions d’€ sur la table pour acquérir le patrimoine immobilier et assurer sa rénovation.
« Le groupe Partouche était essentiellement intéressé par la délégation de service public du casino. Pendant dix ans, il n’a pas investi dans les thermes… Après le rachat, nous avons vécu des années difficiles avec jusqu’à 600.000 € de déficit d’exploitation en 2010 », livre Christian Brunet, directeur de la SEM Thermes de Vittel détenue à 82% par la ville et pour 18% par Viking Casino, exploitant de l’établissement de jeux vosgien.
123.000 nuitées au Club Med

Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, les deux villages du Club Med – Vittel Golf Ermitage (104 chambres) et Vittel Le Parc (363 chambres) – ont eux aussi retrouvé des couleurs ces dernières années.
Inaugurés en 1972, leur fréquentation était tombée à 80.000 nuitées générant 2 millions d’€ de pertes annuelles, avant de remonter à 123.000 nuitées en 2015.
Avant son acquisition par le chinois Fosun, le groupe qui emploie jusqu’à 350 personnes au plus fort de la saison, avait décidé de relancer le complexe de Vittel (18 millions d’€ de chiffre d’affaires) suite à la fermeture du village équestre d’Arnac Pompadour (Corrèze) moyennant un gros effort de rénovation et un investissement de la ville dans un parc équestre.
Au final, Vittel a su développer l’image d’un thermalisme sportif incarné dans son centre de préparation omnisport ouvert pour préparer les athlètes français aux JO de Munich.
Sur le plan budgétaire, la commune bénéficie de ressources non négligeables issues du casino, de la taxe de séjour et, plus étonnement, d’une redevance versée chaque année par Nestlé Waters à proportion du nombre de bouteilles produites.
L’apprentissage fait aussi son tour de France

A l’initiative du Medef et des organismes de formations en alternance de toute la France, des apprentis valorisent leurs métiers auprès du grand public sur le parcours du Tour de France.
Les 3 CFA des Vosges concourent à ce challenge baptisé Beau Travail ! sur le village départ de Vittel le mercredi 5 juillet.
Ce challenge consiste à créer un vélo à partir de leurs savoir-faire. Les apprentis de L’AFTRAL à Jarville-la-Malgrange et des associations ouvrières vosgiennes des Compagnons du Devoir et du Tour de France, spécialisées dans le BTP, présenteront leur projet qui associe le bois et l’acier.
Deux apprentis en chaudronnerie industrielle du Pôle Formation des Industries Technologiques de Lorraine à Henriville, présenteront quant à eux, leur “Concept Bike du futur”, composé d’acier en partie réalisé avec une imprimante 3D.
Deux apprentis de l’Ecole de l’Ameublement Français à Liffol-le-Grand, exposeront leur création composée essentiellement d’essences locales (le frêne et le chêne des Vosges) et de pièces en aluminium, en carbone pour le guidon, en cuir et même d’une feuille d’or pour la finition du cadre.
Des entreprises du Grand Est, Laval (sièges), la Société Nouvelle Almeca (machines à bois) et Cycle Vosges Evasion (vente de cycles) dans les Vosges, ainsi que la SARL Création Vidon Gerlier en Meuse, ont parrainé les jeunes.