Depuis juin dernier, deux navettes fluviales complètent le réseau de transports urbains de Metz Métropole. Cette expérimentation calquée sur les modèles de Bordeaux, Nantes ou encore Toulon pourrait être prolongée au-delà du 31 octobre si la fréquentation, hors période estivale, s’avère satisfaisante.
Les touristes en goguette à Metz ne sont désormais plus les seuls à profiter de trajets en navettes fluviales. Depuis le 1er juin et jusqu’au 31 octobre, la métropole lorraine expérimente un service de bateaux-bus, une offre innovante baptisée Metz’O, qu'elle intègre à ses transports publics. Moyennant un simple titre de transports ou un abonnement au réseau urbain, les usagers ont la possibilité d’embarquer dans l’un des deux bateaux électriques reliant le centre-ville à la commune de Longeville-lès-Metz, au sud-ouest.
Comptez 30 minutes pour couvrir l’intégralité du parcours – embarquement et débarquement compris. Le trajet parcourt quatre stations qui offrent des correspondances avec d’autres lignes du réseau urbain. À bord, le charme du transport sur la Moselle est indéniable. La navette électrique glisse en silence, livrant aux voyageurs le spectacle du plan d’eau du Saulcy ou encore des berges de l’île Saint-Symphorien connue pour son stade de football du même nom. Le service a été adapté aux besoins des usagers, avec un fonctionnement du lundi au samedi de 7h10 à 18h30 et un cadencement plus élevé aux heures de pointe.
Ce système de transport innovant – déjà adopté par Bordeaux, Nantes ou encore Toulon – figurait parmi les promesses de campagne du maire François Grosdidier, également président de la métropole. L’élu LR souhaite en effet davantage valoriser l’eau à Metz. « Le confort et l’agrément sont essentiels en matière de transport en commun. L’usager voit la ville sous un autre angle. Et il y a une vraie complémentarité avec le service de transport par bus. C’est également un atout touristique, car cette offre est promue par notre agence Moselle Attractivité », argumente-t-il. Les adeptes de la petite reine n’ont pas été oubliés puisque les deux-roues sont autorisés à bord, dans la limite de six vélos par bateau.
Embarcations électriques de 75 et 28 places

désormais épaulé par ses fils Baptiste (ci-dessus) et Benjamin. © Philippe Bohlinger
Côté finances publiques, le montant de l’expérimentation atteint 600.000 euros. L’investissement couvre l’aménagement de quatre pontons soit un par station, ainsi que l’exploitation du service pendant quatre mois par la Compagnie des bateaux de Metz (lire encadré). L’entreprise met à disposition ses deux embarcations électriques de 75 et 28 places. La plus importante présente l’avantage d’être recouverte de panneaux solaires garantissant une autonomie de trois jours par une navigation quotidienne de sept heures à vitesse modérée.
La simplicité apparente d’un bateau-bus naviguant sur la Moselle masque « un parcours du combattant administratif », souligne Béatrice Agamennone, vice-présidente mobilité et transport de l'agglomération. L'élue fait référence aux « importantes exigences des différents services de l’État comme Voies navigables de France ou encore la direction départementale des territoires de Moselle ».
Séduisant, le projet ne fait cependant pas l’unanimité au sein de la métropole. Xavier Bouvet, le chef de file de l’opposition de gauche et ex-candidat à la mairie de Metz, calcule que le temps de transport via la ligne de bus numéro 5 qui circule sur la rive gauche de la Moselle serait deux fois moindre. Lui estime que « personne ne cherche à prendre son temps dans les déplacements domicile-travail. C’est même exactement l’inverse. Le paramètre déterminant reste l’efficacité. L’argument du plaisir appartient à une réalité parallèle ». La majorité tirera le bilan de ce test grandeur nature une fois passée la période estivale. Elle souhaite observer la fréquentation du service, en l’absence d’usages liés au tourisme. Si la fréquentation s’avère satisfaisante, l’offre Metz’O sera pérennisée et pourrait être prolongée à terme en direction de Moulins-lès-Metz.
