L'Etat avait lancé en mars un appel à manifestation d'intérêt (AMI) pour faire émerger des sites de production de meltblown, le matériau de filtration utilisé pour la fabrication des masques FFP2 et FFP3, ceux de protection des personnels hospitaliers. Le projet de Nicolas Burny est l'un des cinq lauréats. Meltblo France verra le jour à Technoland 2 au printemps 2021. Un investissement industriel de 4,1 millions d'€.


Dès le premier confinement, Nicolas Burny, ingénieur spécialiste des non-tissés, avait lancé l'idée d'un site de production de meltblown dans le nord Franche-Comté. Ce média filtrant sert à la fabrication des  masques FFP2 et FFP3, les plus performants en matière de filtration bactérienne, ceux qu’utilisent les personnels hospitaliers. 

C'est à travers sa plate-forme E-nispe  de distribution de matériaux non-tissés qu'il avait identifié, en mars, une très forte demande mondiale pour cette matière première, liée à la crise du covid-19 et à la pénurie de masques. Mais sa tentative de trouver des investisseurs n'avait pas été couronnée de succès.


L’appel à manifestation d'intérêt (AMI) de l’Etat pour favoriser l'émergence de projets comme celui qu'il avait en tête, a débloqué la situation : car il veut faire émerger une filière française de meltblown, le premier producteur mondial étant la Chine, puis la Tunisie.
« Cette démarche du gouvernement est venue crédibiliser mon projet et je me suis dit, autant y aller seul. » Sélectionné en juillet parmi cinq autres, le projet est désormais sur les rails. « Nous sommes cinquième, derrière de grands groupes. On est un peu les petits Gaulois », sourit Nicolas Burny, dont l'expérience dans le domaine des non-tissés a sans doute été déterminante.


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La Sem (société d’économie mixte) patrimoniale PMIE, de l'agglomération du Pays de Montbéliard est en train de construire un bâtiment de 1.300 m² sur la zone d’activités Technoland 2, à Brognard (Doubs), qu’elle louera à l’industriel. Celui-ci investit 4,1 millions d’€ dans les équipements. Un tiers est  financé par l'AMI, un second par la Région Bourgogne-Franche-Comté, et le dernier résulte d’un emprunt. L’industriel apportant le capital social de 400.000 € de la société Meltblo France qu’il a créée. Une avance remboursable d'Aire Urbaine Investissement est également intervenue dans ce financement.

L'objectif de Nicolas Burny est de démarrer la production de meltblown au printemps 2021. Le bâtiment construit, il faudra un mois pour installer une machine d'une cinquantaine de tonnes commandée en Italie et six semaines pour la mettre en service. L'industriel annonce avoir déjà signé des contrats avec des producteurs français de masques (dont Colmis et le groupe Intermarché-Les Mousquetaires) qui lui assurent un carnet de commandes jusqu'à fin 2022.
Il est également en cours de discussion avec la Région pour finaliser un accord pour le projet qu'elle soutient à Dijon avec OMV System. (Lire l’article de Traces Ecrites News : Le Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté veut créer une filière masques.) Au total, Meltblo France aura une capacité de 500 tonnes de meltblown chaque année, de quoi fabriquer 500 millions de masques.


Préparer « l'après-masques »

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L’usine de fabrication de meltblown sera équipée d’une machine d'une cinquantaine de tonnes comme celle-ci, d’une capacité de 500 tonnes de non-tissu, de quoi fabriquer 500 millions de masques.


Les recrutements démarreront dès début 2021, avec une perspective de 18 embauches. A commencer par un ingénieur en recherche et développement pour développer et faire certifier le produit, et un responsable de production ayant déjà une expérience dans le domaine. Des compétences que Nicolas Burny s'attend à devoir rechercher à travers la France entière, voire l'Europe, car ils sont assez rares. Il démarre aussi le recrutement de 6 conducteurs de lignes et 6 aides conducteurs de lignes, auxquels s'ajouteront plus tard une assistante de direction, une assistante commerciale, puis des caristes.


Tout le monde l’espère, la crise sanitaire s'arrêtera bien un jour, et la demande de masques  baissera mécaniquement. « Nous avons déjà pensé à l'après-masques, souligne Nicolas Burny. D'ailleurs, cela faisait partie du cahier des charges de l'appel à manifestation d'intérêt. » Cet « après-masques » passera pour de nouveaux marchés non seulement en France, mais aussi en Europe (Belgique, Allemagne). Car outre le secteur médical, les capacités de filtration du meltblown sont utilisées dans le secteur industriel (automobile, climatisation, etc.). Une seconde phase de développement est prévue pour fin 2024 avec 11 nouveaux recrutements. Une nouvelle enveloppe de 3 millions d’€ sera alors nécessaire.

Photos fournies par l'entreprise.

 

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La couche centrale des masques

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Le matériau filtrant en non-tissé est produit en lèses de 1,70 m ensuite découpées de la largeur des masques.

Le matériau filtrant est produit en lèses de 1,70 m ensuite découpées de la largeur des masques. Le meltblown est « un média filtrant qui constitue la couche centrale dans les masques », selon les explications de Nicolas Burny. C'est lui qui capte virus et bactéries.
Il est fabriqué à base de granulés de polypropylène extrudé, puis soufflé sous pression pour atteindre une granularité très fine. C'est cette technologie qui nécessite des investissements importants. A Technoland, il sera produit en lèses de 1,70 mètre, puis découpé selon la largeur nécessaire pour les masques.

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