ARMEMENT/ALSACE. En panne de financement, Manurhin trouve l’argent là où il coule à flots… au Moyen-Orient.
C’est auprès d’une banque de cette région du monde que le fabricant mulhousien de machines de munition a décroché les 17 millions d’€ qu’il recherchait frénétiquement depuis des mois pour financer son développement.

Pour l’instant mystérieuse, cette banque du Moyen-Orient vient apporter à Manurhin la solution financière qui n’est venue ni de ses consoeurs françaises rétives, ni d’un emprunt obligataire de 20 millions d’€ qui se fait attendre mais reste à l’ordre du jour - il pourrait se lancer à la bourse de Francfort - ni d’une augmentation du capital obstinément refusée par l’actionnaire slovaque Delta Defence.
Le fabricant de machines de munition, dont le siège et le site de fabrication sont à Mulhouse (Haut-Rhin), trouve ainsi les moyens de son développement, au moins à court terme : douze mois selon l’entreprise.
Côté activité, les clignotants sont au vert. Manurhin conforte son statut de leader mondial des machines de cartoucherie de moyen calibre. Réalisant 100 % de son chiffre d’affaires à l’export, l'industriel étend la géographie de son portefeuille… évidemment liée plus ou moins à la carte des conflits du globe.
« Le hors Europe représente 80 % de notre activité. Nous progressons notamment sur le continent américain et en Asie », souligne Patrick Akcelrod, président du directoire. Le contrat majeur en cours s’honore au sultanat d’Oman : sa signature fin 2013 a porté sur 60 millions d’€ pour alimenter une unité locale de production de cartouches.
Dans ce contexte porteur, le chiffre d’affaires 2014 s’inscrit en hausse annuelle de 32 %, à 50,6 millions d’€. Une quarantaine d’embauches ont été réalisées l’an dernier qui portent son effectif à 160 salariés permanents. Quelques créations d’emploi complémentaires sont attendues dans les prochains mois.
Le compte de résultat bascule résolument dans le vert. Les 6,1 millions d’€ de bénéfice net en 2014 viennent amplifier les 3,9 millions de 2013 qui avaient succédé à plusieurs années de pertes. Après trois exercices négatifs, les capitaux propres affichent désormais + 7 millions d’€.
Un carnet de commandes de plus de deux ans de chiffre d’affaires
Le carnet de commandes à fin 2014 se situe à 115 millions d’€, soit donc plus de deux ans de chiffre d’affaires. « Le potentiel de marché dépasse 500 millions d’€ sur cinq ans », assure Rémy Thannberger, président du conseil de surveillance. De quoi susciter l’ « incompréhension du non-financement bancaire français » chez celui qui fut l’artisan du sauvetage de Manurhin en 2011/12.
A l’époque, le montage avait abouti à constituer un pôle public détenteur d’un peu plus de 43 %, autour de Giat Industries et de la Sofired, une société de financement du ministère de la Défense récemment intégrée à Bpifrance.
Rémy Thannberger et d’autres investisseurs locaux possèdent 16,9 % du capital et le flottant sur le marché libre s’élève à 6,1 %. Reste donc le « cas » Delta Defence qui détient près de 34 % et son obstruction confirmée avec constance depuis des mois au développement de l’entreprise.
Mais apparemment, l’actionnaire slovaque n'a pas d’intention de sortir. Pas de quoi toutefois stopper la marche en avant, mais de la contrarier quand même.
