Infrastructures. Le Premier ministre François Fillon se rend ce lundi 31 janvier en Côte-d'Or sur le chantier de la LGV Rhin-Rhône (1ère tranche Dijon-Mulhouse).
Il vient symboliquement souder le dernier rail de la branche est, où rouleront les trains à grande vitesse à partir du 11 décembre 2011.
Si l'événement est analysé par les conseillers généraux de gauche de Côte-d'or comme un coup de pouce à la majorité départementale (UMP) en pleine campagne des élections cantonales, le débat se situe ailleurs.
Présidée par Marie-Guite Dufay, présidente du conseil régional de Franche-Comté, l'Association Trans Europe TGV Rhin-Rhône-Méditerranée espère une réponse sur une question en suspens...
Quand le calendrier de financement de la seconde tranche de la LGV Rhin-Rhône sera t-il arrêté ?
Celle-ci concerne 50 km de voies nouvelles à construire, aux deux extrémités de la ligne nouvelle de 140 km : à l'ouest, 15 km au-delà de Villers-les-Pots (Côte-d'Or) jusqu'à l'entrée de l'agglomération de Dijon et à l'est, 25 km entre Petit-Croix, près de Belfort et Lutterbach (Haut-Rhin), dans la région de Mulhouse.
Ces deux tronçons coûtent respectivement 350 et 750 millions d'€.
Inclus dans la déclaration d'utilité publique initiale, valide jusqu'au 25 janvier 2012, ils permettraient de faire gagner 26 mn sur un trajet Strasbourg-Lyon.
Conduite par Claude Liebermann, ingénieur général des Ponts et président du comité technique de la LGV, la mission de financement devait se réunir en septembre ou octobre 2010.
Or, aucune nouvelle ne s'annonce à l'horizon.
Le syndrôme du canal Rhin-Rhône
«A la fin de cette année, les acquisitions foncières seront achevées ainsi que l'ensemble des études techniques (dossier de projet génie civil, équipements ferroviaires, dossiers de consultation des entreprises…). Le lancement des travaux pourrait de ce fait intervenir dès la mi-2012», interpelle Marie-Guite Dufay, présidente de l'Association Trans Europe TGV Rhin-Rhône-Méditerranée.
Réseau Ferré de France, le maître d'ouvrage, est en train d'acquérir les 360 hectares, dont un tiers de forêts, nécessaires à cette seconde tranche, auprès de 725 propriétaires situés dans 31 communes : 10 en Côte-d’Or, 11 dans le Territoire de Belfort et 10 dans le Haut-Rhin. La grande majorité des acquisitions se faisant à l'amiable.
L’Inrap en Bourgogne-Franche-Comté et le Pair en Alsace ont démarré les sondages d'archéologie préventive.
Le bouclage de la phase préparatoire avant la fin de la déclaration d'utilité publique ne rassure pas pour autant les défenseurs de la LGV Rhin-Rhône.
«Dans la région, on a déjà vu un grand projet abandonné (NDLR : le canal Rhin-Rhône), alors que les acquisitions foncières étaient bouclées», rappelle Thierry Zettel, directeur de l'Association Trans Europe TGV Rhin-Rhône-Méditerranée.
Aussi, les élus attendent-ils du Premier ministre bien plus qu'un effet d'annonce, mais un engagement ferme et chiffré de l'Etat, d'autant que les collectivités locales sont décidées à accompagner cette nouvelle tranche de travaux, comme elles l'ont fait pour la première.
«Une convention-relais entre les différents partenaires de l’opération représenterait un acte déterminant pour éviter toute rupture dans la préparation de la mise en chantier», affirme Marie-Guite Dufay, dans un communiqué.
Le directeur de l'Association Trans Europe TGV Rhin-Rhône-Méditerranée y ajoute un potentiel humain à préserver. «Toutes les équipes de la 1ère tranche sont encore là».
De surcroît, au fil des années, le projet ne cesse de renchérir : 590 millions d’€ (génie civil, équipements ferroviaires et acquisitions foncières), valeur juillet 2006 : 1,1 milliard, valeur 2010.
Le Premier ministre sera également interpelé sur la branche sud (vers Lyon).
Les parlementaires du Jura ainsi que le président du conseil général lui diront leurs «vives inquiétudes».
«Alors que la phase d’études préliminaires s’est achevée il y a presque deux ans, l’annonce du lancement de nouvelles études interroge sur les intentions réelles, à terme, des pouvoirs publics», disent-ils dans un communiqué.
Et ils rappellent que s'ils défendent «inlassablement» cette phase de la LGV Rhin-Rhône, ils tiennent toujours à deux gares jurassiennes.
