Le cluster régional Ecorse TP s’associe à deux entités de Rhône-Alpes et Ile-de-France pour constituer Infra@2050. Ce nouveau pôle de compétitivité labellisé depuis quelques semaines entend stimuler des projets innovants autour de la réduction de l’impact environnemental des infrastructures et des réseaux.
Ecorse TP change de dimension : le cluster des travaux publics de Bourgogne-Franche-Comté devient pôle de compétitivité. Pas de lui-même - « nous n’en aurions pas eu la capacité à nous seuls », admet son président Christophe Ribette – mais en s’adossant à son voisin : le pôle Indura également actif dans les travaux publics en Auvergne-Rhône-Alpes.
Avec le renfort de surcroît d’un institut technologique parisien l’Irex (*), ce trio a posé avec succès sa candidature aux nouvelles labellisations de pôles de compétitivité de l’Etat attribuées fin mars. « Et devenir ainsi le seul de France dédié aux infrastructures : routes, voies ferrées, réseaux d’électricité ou d’eau-assainissement, etc. », pointe Christophe Ribette.
« Nous constituons ainsi un mix bien pertinent : un institut de dimension nationale et deux régions avec leurs complémentarités. Cet ensemble paraît ainsi bien armé pour capter les fonds européens de financement des programmes de recherche et développement », espère le président d'Ecorse TP.
Labellisé jusqu'en 2025, le nouveau pôle qui prend le nom d’Infra@2050 - expression à la fois de sa projection dans l’avenir et de l’entrée du secteur dans l’ère du numérique – ne passera en phase opérationnelle que vers la fin de l’année. Il lui reste à définir son statut juridique (association ou autre) et à recruter du personnel dédié, ainsi qu’à constituer le comité scientifique devant l’accompagner dans la définition et la progression de ses projets.
Mais le cadre de ceux-ci est fixé : « la réduction de l’impact environnemental des infrastructures. » A savoir, aider à rendre ces infrastructures de transport plus respectueuses de la biodiversité, plus économes en ressources de façon à durer plus longtemps et à s’user moins vite, ou encore « améliorer la résilience des territoires » au changement climatique. Ces thèmes sont appelés à être développés par les entreprises et les organismes de recherche des trois membres du nouveau pôle.
Porter une trentaine de projets

Celui-ci a pour objectif de porter une trentaine de projets sur deux ans. « Ils devront avoir une dimension d’ingénierie et associer l’enseignement supérieur », selon le président d’Ecorse TP. Les résultats des travaux auront vocation à se consigner dans des ouvrages ou des guides de référence pour les professions des travaux publics en France.
Par ailleurs, Infra@2050 conçoit de s’élargir à d’autres clusters et pôles du BTP ou de définir des partenariats avec eux, comme Novabuild dans les Pays de Loire ou Fibres-Energivie dans le Grand Est. Ses fondateurs imaginent aussi de s’ouvrir à d’autres secteurs aux préoccupations comme l'équipement ferroviaire, qui compte un fief de sa R&D en Bourgogne avec Mecateamcluster au Creusot-Montceau.
A cet attelage, le membre de Bourgogne-Franche-Comté peut apporter quelques « briques technologiques » de ses entreprises adhérentes, comme Vermot TP à Gilley (Doubs), filiale d’Eurovia (groupe Vinci) qui a mis au point un dispositif de déneigement alimenté par géothermie. Mais il amène surtout « le carnet d’adresses » comme image Christophe Ribette : la capacité à organiser l’échange entre les donneurs d’ordre publics et les entreprises, notamment pour stimuler les expérimentations de réemploi de matériaux et de recyclage, à l’instar de l’utilisation réussie dans la région de mâchefers (les résidus des usines d’incinération des déchets) pour l’enfouissement de réseaux électriques.
L’organisation des travaux publics en une filière technologique en Bourgogne-Franche-Comté a démarré en 2012 par la création du Cluster Eco-Chantiers. Celui-ci s’est rebaptisé en juillet 2021 « Ecorse TP », un acronyme réunissant « éco » et la référence à la responsabilité sociétale des entreprises. Eric Vermot, le dirigeant de l’entreprise du même nom dans le Doubs, a cédé à cette occasion la présidence à Christophe Ribette, directeur technique du groupe Roger Martin, tout en endossant la fonction de trésorier. L’association compte aujourd’hui près de 40 adhérents, « chiffre en constante augmentation » relève avec satisfaction Claire Paris, sa directice, par ailleurs secrétaire générale de la fédération régionale des travaux publics (FRTP), sous l’égide de laquelle l’initiative se développe. Ces membres se répartissent en trois collèges : collectivités et autres institutions, organismes de formation et de recherche comme le Cerema (**) et organisations professionnelles, entreprises. Doté d’un budget annuel de 120.000 € dont le conseil régional est le principal apporteur, Ecorse TP emploie un chargé de mission pour son animation, Laurent David.
Très tourné vers la Franche-Comté à son origine, il a rééquilibré sa couverture géographique vers la Bourgogne. Mais c’est à Besançon, chauqe mois d'octobre, que se continue à se tenir le principal rendez-vous d’Ecorse TP, avec la FRTP et le parc Micropolis : le Carrefour des collectivités locales lieu d’échange inégalé entre les maîtres d’ouvrages et leurs prestataires de travaux publics.
(*) Institut pour la recherche appliquée et l'expérimentation en génie civil
(**) Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement