S’il est un espace bourguignon, situé en Côte-d’Or, qui marie terroir et territoire, porte un nom à double résonnance selon que l’on domine les cités de Nuits-Saint-Georges ou de Beaune et invite à l’évasion, ce sont bien les Hautes-Côtes. Ici, entre vignes, cultures et forêts, tout ce déguste, notamment dans le verre avec pour guide Nicolas Thevenot, président de l’appellation viticole.

 

La région des Hautes-Côtes, qu’elle soit estampillée Beaune ou Nuits, porte bien son nom. Ça grimpe vraiment pour y accéder. On la sillonne entre 320 et 450 mètres d’altitude. Avec une césure à Savigny-lès-Beaune qui sépare en deux les Hautes-Côtes de Beaune que l’on dit du haut, à Echevronne ou du bas, vers Orches, Meloisey ou encore Saint-Romain.

 

negociants


Ici, pas d’autres communes au nom très connu si ce n’est quelques sites touristiques évocateurs : la Rochepot pour son château aux tuiles vernissés ayant appartenu à Lazare-Hippolyte-Sadi Carnot, fils du président de la République Sadi Carnot, assassiné sous la IIIème République, ou encore le Bout du Monde près de Nolay, un superbe cirque de type reculée jurassienne.

Les paysages en relief, combes, crêtes et falaises, offrant de beaux terrains de jeu aux randonneurs et grimpeurs, laissent aussi place à de belles et vastes forêts et un savant mariage de cultures et de vignobles sur de larges pentes vallonnées. La vigne occupe près de 1.600 hectares, dont 765 pour la partie nord de Nuits et 835 pour celle de Beaune (*).

mareylesfussey
Le village viticole de Marey-lès-Fussey. © Traces Ecrites


La couleur rouge prédomine largement en pinot noir. Quant aux blancs, si le cépage chardonnay se taille presque toujours la part du lion, quelques vignerons cultivent le pinot blanc et pinot gris. Nicolas Thevenot préside depuis 2013 cette appellation d’origine contrôlée (AOC) : il s’agit d’un bourgogne identifié avec deux dénominations géographiques complémentaires, Beaune et Nuits.


Des vins abordables d’une large palette aromatique

nicolasthevenot
Nicolas Thevenot, viticulteur à Marey-les-Fussey et président des AOC Hautes-Côtes de Beaune et Hautes-Côtes de Nuits. © Traces Ecrites

 

« Nous avons décroché  l'AOC après un long combat  le 4 août 1961 et cela a été un tremplin pour nos vins que l’on appelaient auparavant d’arrière côte, c’est dire que nous y avons gagné au change », souligne ce vigneron de 40 ans, hydrologue de formation et à la tête d’une exploitation à Marey-lès-Fussey de 30 hectares (5 salariés, environ 800.000 € de chiffre d’affaires).

Ce professionnel fédère 351 confrères dans 40 villages, sachant que sept d’entre eux en hautes-côtes-de-Beaune se situent dans le département de la Saône-et-Loire, la Bourgogne viticole étant si complexe et c'est une litote.

 

cd21vae

 
Avec un degré de moins en moyenne du fait de l’altitude, le cycle végétatif de la vigne est légèrement décalé, offrant souvent une maturité meilleure surtout depuis l’amplification du réchauffement climatique. Une autre particularité que l’on retrouve dans les paysages tient à la méthode culturale des vignes hautes qui ne dépasse pas 4.000 à 5.000 pieds l'hectare, avec deux à trois mètres d’écartement et la respectable taille de 80 cm (**).

 

vigneshautes
Les Hautes-Côtes de Nuits et de Beaune se distinguent de la côte viticole par ses vignes hautes, très espacées et densifiées à seulement 4.000 à 5.000 pieds l'hectare. © Traces Ecrites

 

« Les vignes hautes sont moins sensibles au gel de printemps et la pression des maladies est moindre en raison du brassage de l’air », détaille Nicolas Thevenot. L’ensemble propose des vins légers, très abordables, autour d’une dizaine d’€ en moyenne la bouteille, et dotés d’une très large palette aromatique.

(*) Une centaine d’hectares dans l’aire d’appellation constitue une précieuse réserve foncière viticole, après déjà un triplement de surface en 30 ans.

(**) Les vignes dites basses sont densifiées jusqu'à 10.000 pieds l'hectare.

Relire aussi sur Traces Ecrites News un autre vignoble méconnu de Bourgogne : celui du Tonnerrois

celagrimpe
Les routes grimpent pour accéder aux Hautes-Côtes, jusqu'à 450 mètres d'altitude. © Traces Ecrites

 

CDP-trace-ecrite-640x90-px-mai-21

 

monopolethevenot
Un mélange de plusieurs paysages, vallons, bois et montagne. Ici un monopole de la société Thevenot Le Brun, baptisé le Clos du Vignon d'une superficie de 7 hectares © Traces Ecrites

 

Les Hautes-Côtes ont aussi leur cave coopérative viticole

cavehautescotes
© Cave des Hautes Côtes /Maxime MASSA-Agence Album

Créée à Orches en 1957, village où l’on faisait jadis un excellent rosé, puis déménagée aux portes de Beaune en 1967, la cave coopérative des Hautes-Côtes accueille 80 adhérents qui exploitent 340 hectares en hautes-côtes, mais 410 au total, car la coopérative élabore 68 cuvées, dont crémants (plus de 20%), des villages, des 1er crus et même un monopole, un gevrey-chambertin 1er Cru Clos du Chapitre.
« Nous sommes la troisième alternative au vigneron et un choix majeur car il conserve un œil sur le devenir de sa production », souligne Sébastien Hudelot, président de la cave. Elle vend dans 58 pays, atteint 13,5 millions d’€ de chiffres d’affaires et emploie une trentaine de salariés. « Nos vins plaisent de plus en plus en raison de leur qualité, du large choix proposé et de leur tarifs attractifs. »
Ce vigneron installé à Arcenant possède une technique toute particulière pour savoir quand un vin atteint sa plénitude. Il suffit à ses yeux d’acheter 12 bouteilles, dans boire une par an et l’année où elle plaît vraiment : d’inviter et de tout consommer (sic).
La Cave des Hautes-Côtes Nuiton-Beaunoy est labélisée Vignerons Engagés depuis l’an dernier. Pour ses ventes en grande distribution et à l’international, elle forme une union avec la cave coopérative Vignerons des Terres secrètes, implantée à Prissey, dans le Mâconnais.

hudelot
Sébastien Hudelot, président de la Cave des Hautes-Côtes Nuiton-Beaunoy. © Cave des Hautes-Côtes / Maxime MASSA-Agence Album

Commentez !

Combien font "6 plus 5" ?