AVIS D’EXPERT/MANIFESTATION. A la veille de la 88ème Foire internationale et gastronomique de Dijon (du 1er au 11 novembre), avec pour hôte d’honneur l’Italie, Yves Bruneau, directeur général depuis l’an 2000 de l’association Dijon Congrexpo, l’organisateur, répond à cette question un peu brutale.

• Comment se portent les foires-expositions, notamment dans l'Est ?
Nous vivons des conjonctures très variables et actuellement ce n’est pas la meilleure période. Sur les cinq dernières années, la fréquentation stagne, voire diminue. Et s’il y a une embellie à une édition, cela ne fait que compenser les pertes précédentes et encore...
A titre d’exemple, parmi les 80 foires recensées en France, l’analyse des données contrôlées de 50 d’entre elles donne les résultats suivants en 2016 : 4 millions 496.940 visites (-7,2%) ; 21.891 exposants (-0,3%) ; 1 million 85.449 m2 d’expositions, soit -1,2%. (source Unimev)
La Foire de Dijon est l’événement phare organisé par l’association Dijon Congrexpo (27 salariés). Elle réalise un chiffre d’affaires de 2,8 millions d’€ sur un total de 7 millions pour l'association gestionnaire du parc des expositions et congrès de Dijon, qui en 7 ans aura investi directement dans l'équipement pas moins de 4,7 millions.
• Comment l’expliquez-vous ?
Même si une timide reprise se fait jour, il y a de réels problèmes économiques qui touchent notamment les classes moyennes, le gros de notre public. Les jeunes et les retraités rencontrent des difficultés financières et c’est un frein à leur consommation de plaisir. A la Foire de Dijon (160.000 entrées), ces deux catégories représentent la moitié de nos visiteurs.
Et puis, il y a des facteurs plus locaux. Toujours à Dijon, les travaux du tramway durant deux années, nous ont fait perdre 35.000 visiteurs extérieurs à la ville et son agglomération, car la foire attire dans un rayon de 200 km.

La Foire internationale de Metz n’échappe pas à une certaine désaffection, même si elle s’en sort très honorablement, avec pour atout géographique d’être proche de l’Allemagne et du Luxembourg. Pour sa 83ème édition (28 septembre au 8 octobre 2018), la manifestation perd 8.000 visiteurs pour atteindre 170.000 entrées, proche de l’année 2018, selon la direction du site
• Quelles peuvent être les axes de rebond ?
Une foire populaire est avant tout un lieu de rencontre qui doit être en adéquation parfaite avec son territoire. Celle de Dijon est consubstantielle à la capitale de la Bourgogne - Franche-Comté. Romans-sur-Isère, que je connais, vit aussi le même phénomène.
On se retrouve à la foire et cela de génération en génération pour y déjeuner, dîner, ou simplement boire un verre. D’où l’importance d’une offre de restauration comme d’estaminets diversifiée. Et tenter à chaque édition d’ajouter de l’humain, encore de d’humain et toujours plus d'humain.
Mais cela ne suffit pas, car il faut aussi proposer sur place des produits introuvables ailleurs, sur Internet notamment, et d’un bon rapport qualité prix.
La 86ème édition de la Foire européenne de Strasbourg (7 au 17 septembre 2018) a elle aussi perdu en fréquentation. Elle totalise 163.000 visiteurs, en baisse de 8%. La manifestation attend avec impatience son futur parc des expositions qui devrait l’accueillir en 2021.

• Comment imaginer la foire-exposition de demain ?
Je vous ferai une réponse à la Pierre Dac : « Les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir. » Plus sérieusement, elle seront certainement plus connectées, plus interactives, mais sans une forte dimension humaine de convivialité, elles disparaîtront.

Qui est Yves Bruneau ?
Né à Dijon en juillet 1947, Yves Bruneau est docteur en droit et administrateur territorial hors classe. Sa carrière professionnelle se répartit entre fonctions privées et postes publics.
Parmi ces derniers, il a notamment été directeur de cabinet du président du Conseil général (départemental aujourd’hui) de Côte-d’Or et du maire de Dijon, Robert Poujade.
Nommé en juillet 2000 directeur général de Dijon Congrexpo, il succède à Marc Gonnet. Il forme avec Jean Battault, le président de Dijon Congrexpo, un duo très soudé qui postule pour un renouvellement au 1er janvier 2019 de la délégation de service public.
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Article très intéressant mais qui hélas commence à se généraliser en région. De mon point de vue, le modèle économique lié aux Foires et Salons régionaux est obsolète. Je pratique les salons depuis 10 ans et j'ai été amené à revoir mon positionnement en tant qu'organisateur de collectifs régionaux. Les deux grandes pistes qui m'ont permis de poursuivre mon développement ont été les suivants : - former les exposants à l'utilisation de ce média - proposer des prestations haut de gamme avec une vraie valeur ajoutée De plus les salons régionaux qui marchent sont des salons tournants géographiquement (exemple de Sepem Industrie). La question posée est de savoir si ce sont les gestionnaires de parcs qui doivent piloter les salons ou si cela doit être confié à des opérateurs. Je reste persuadé que les foires et salons sont porteurs et poursuivront leur développement. Ce qui se passe sur un salon ne se passe nulle par ailleurs. Très cordialement. Jacques Meyer Responsable Salons Professionnels CCI Alsace Eurometropole