La rédaction de Traces Ecrites News effectue une première pause pendant cette semaine de congés scolaires. En attendant de nous retrouver le 7 novembre, nous vous proposons un retour sur quelques événements économiques marquants de cette rentrée 2022-2023. Aujourd'hui : Roger Martin va investir 30 millions d’€ dans la création d’une unité d’hydrogène sur son site d’Auvergne. Livré en 2025, le projet s’inscrit dans la logique de ceux entrepris récemment par le groupe familial de BTP au nom de la transition énergétique.
PARU LE 19 OCTOBRE 2022. La galerie de nouveaux visages dans les métiers de Roger Martin va se compléter. Le groupe de travaux publics siégeant à Dijon s’était engagé dans la fabrication de bois-énergie il y a deux ans, à la faveur du rachat de son confrère Moulin TP, en Haute-Loire, qui avait développé une telle activité. Il pousse à présent la démarche jusqu’au bout de sa logique : sur ce même site auvergnat de Monistrol-sur-Loire, il planifie la création d’une unité de production d’hydrogène, permettant une optimisation du process.
L’investissement chiffré à quelque 30 millions d’€ doit aboutir à une mise en service courant 2025. « Avec les 80.000 tonnes annuelles de bois dont la qualité permet de produire des plaquettes, nous réceptionnons des tas de biomasse qui ne sont pas valorisables ainsi : des souches, des bois de rebuts ou en mélange de compost. Par contre, cette matière peut se transformer en hydrogène, d’origine « verte » de surcroît et nous pourrons réutiliser en outre les chutes de process », expose Nicolas Monnin, chargé des sujets énergie chez Roger Martin.
De plus, l’indispensable électrolyse pourra trouver son alimentation sur place : l’électricité mobilisée sera celle qui provient déjà aujourd’hui de la combustion des déchets à Monistrol-sur-Loire. Et l’eau pourra venir aussi du séchage de la biomasse.
Que faire de cette énergie, dont le volume reste à déterminer (l’étude préalable au projet a démarré début octobre avec un cofinancement de l'Ademe et le soutien de la Région Auvergne-Rhône-Alpes) ? Vincent Martin, le président du groupe familial de 1.700 salariés permanents (chiffre d’affaires de 360 millions d’€ l’an dernier) a bien sûr son idée : « L’unité pourra alimenter notre flotte de poids lourds, mais répondre aussi aux besoins des entreprises et collectivités proches ».
Alternatives au gazole

en C02 de la société franc-comtoise Alphagreen de Ludovic Chevènement. © Edwige Prompt
De ce point de vue, le projet entre résolument dans une politique de transition énergétique ciblée sur la propulsion des 930 camions et engins de chantier du groupe. « Cette stratégie s’est accélérée depuis deux ans », souligne Vincent Martin.
Depuis 2021, l’entreprise teste la circulation avec du carburant végétal (« Oléo 100 ») qui utilise les « résidus de colza, donc ne fait pas concurrence à l’alimentation », insiste-t-elle. Une cinquantaine de poids lourds en sont équipés. Des engins embarquent, quant à eux, des boîtiers « Ecolow », un module français économiseur de carburant. Et l’ensemble des moteurs passe au nettoyage par la solution du Franc-comtois Alphagreen : « On constate une réduction de 10 % du CO2 » par son intermédiaire, rapporte Vincent Martin.
Le dirigeant travaille aussi à la généralisation des bornes de recharge dans les 55 implantations du groupe ainsi qu'à l’autonomisation énergétique, au moyen de centrales photovoltaïques - une est en cours d’installation à Monistrol-sur-Loire, l’autre en projet sur la sablière qui fermera à Champdôtre (Côte d'Or) – et de panneaux sur les bâtiments de l’entreprise. D’après ses calculs, Roger Martin aurait les moyens de produire du photovoltaïque en quantité pouvant compenser toute sa consommation électrique, soit 6 gigawattsheure par an.

Sur une autre facette connexe aux travaux publics, la promotion et l’aménagement immobiliers, Roger Martin avance également ses pions. Le développement de programmes d’habitat, entamé en 2019, aboutira à la livraison de 400 logements à partir de l’année prochaine. « Nous ciblons en priorité la réalisation de résidences plutôt haut de gamme, dotés de services de « conciergerie » modernes comme la mise à disposition de véhicules en autopartage, en somme l’Ipad à la place du balai ! », décrit Vincent Martin.
Dans son habit d’aménageur, le groupe donne aussi un coup d’accélérateur. Il achève actuellement les travaux préparatoires d’un lotissement de 70 parcelles à Arbouans (Doubs). Et il engage un premier projet de zone commerciale : à Arc-sur-Tille (Côte d'Or) pour cinq cellules d’un total de 8.000 m2 dont il compte livrer les aménagements fin 2023. « Le secteur concerné est suffisamment excentré de l’agglomération dijonnaise pour sortir de la zone d'attraction commerciale de celle-ci et disposer de sa propre offre », analyse Vincent Martin.
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