A l’invitation d’Ecorce TP, association émanant de la Fédération Régionale des Travaux Publics de Bourgogne-Franche-Comté qui promeut les pratiques « vertes » du métier, la start-up AlphaGreen Développement a présenté le 24 septembre au salon des collectivités locales à Besançon, son concept de dépollution des moteurs diesel. Il relève plus du bon sens que de la technologie de rupture. Et surtout, il a trouvé son marché. Entre autres, les engins des travaux publics.


A première vue, on peut s’interroger sur le degré d’innovation de la technologie d’AlphaGreen Développement, toute jeune entreprise accompagnée par le Propulseur du Pôle des Microtechniques à Besançon. Elle décalamine les moteurs à injection pour les rendre moins polluants, une technique connue que Ludovic Chevènement a améliorée, brevet mondial à l’appui et surtout « verdie ».

« Elle n'utilise aucun produit chimique », précise t-il. Le nettoyant est de l’hydrogène produit avec de l’eau déminéralisée introduit à l’entrée du système à injection du moteur. Le volume nécessaire au décollement des résidus de combustion, est calibré en fonction de certains paramètres tel que la cylindrée et le régime du moteur. Les mesures se font via une application connectée au moteur, dont l’algorithme calcule le taux d’encrassement dans ses différentes parties.

 

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Pourquoi en effet faire compliqué quand on peut faire simple ? Tel a été le raisonnement de ce jeune mécanicien au fil de son expérience dans un garage. « Une technologie de rupture demande plusieurs années de R&D, or la problématique du CO2, c’est maintenant qu’il faut s’y atteler car un tiers des  émissions de gaz à effet de serre proviennent des moteurs des véhicules, essentiellement diesel », expose t-il.

Les résultats sont séduisants : la réduction de CO2 se chiffre à 475 tonnes annuelles pour un poids lourd et 35 tonnes pour un véhicule utilitaire, ce qui représente moins 8 % pour les premiers et 17 % pour les seconds. De surcroît, les particules d’hydrocarbure sont éliminées. Avec comme autre intéressant avantage, qu’un moteur nettoyé consomme moins de carburant.  « Car il se retrouve dans un état de fonctionnement comme s’il était à neuf, pour trois ans », argumente Ludovic Chevènement qui a mis une seconde corde à son arc.


Réduire l’impact écologique des engins de travaux publics

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AlphaGreeen dispose d'une station mobile de production d'hydrogène qui se déplace sur les parcs de véhicules des entreprises. © AlphaGreeen

 

Si on veut accélérer le « verdissement des parcs de véhicules des entreprises, il faut aller au devant d’elles », note t-il. Il a conçu pour cela une station technique mobile intégrée dans un fourgon qui se déplace dans les entreprises. Début 2022, il a prévu d’acquérir une seconde station mobile qui sera adaptée aux gros engins des travaux publics. « Pour ce type d’engin, il faut prévoir quatre heures d’immobilisation, deux pour un véhicule léger », précise t-il.

 

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Le marché d’AlphaGreen Développement est concentré pour l’instant dans le Doubs avec quelques gros contrats en perspective, comme la ville de Besançon et le Conseil départemental du Doubs, et déjà plusieurs entreprises locales de transport. La Bourgogne figure sur son plan de développement et à terme l’hexagone, peut-être sous forme d’une franchise. La start-up dispose aussi d’une antenne à Lausanne, le marché suisse que Ludovic Chevènement connaît par un premier emploi dans le canton de Vaud, se révélant « prometteur. »

Les particuliers sont aussi un débouché car, estime t-il, la décalamisation des moteurs est « une solution alternative à l’achat d’une voiture neuve. » Et beaucoup plus économique…

Qui est Ludovic Chevènement ?


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L'équipe d'AlphaGreen autour de son président (au centre) Ludovic Chevènement : à droite,  Adeline Chevènement, responsable administrative et à gauche, Théo Garneret, responsable développement commercial en Alternance en Master à l’Ecole de Commerce et de Management de Besançon. © Traces Ecrites

Après un bac pro en mécanique au lycée Fertet à Gray  (Haute-Saône) en 2012, Ludovic Chevènement poursuit sa formation comme technicien en après-vente automobile à l’école des métiers de l’automobile PSA (Stellantis). La pratique du métier de mécanicien dans une concession automobile à Yverdon dans le canton de Vaud, en Suisse, pendant cinq ans, l’amène à réfléchir au problème de l’encrassement des moteurs, source de la majorité des pannes.
Et il a trouvé une solution.  En février 2020, ayant mûri sa technologie de dépollution des moteurs, il crée AlphaGreen Développement.  Accompagné par Propulseur, l’accélérateur du Pôle des Microtechniques (PMT), il met toutes les chances de son côté en se rapprochant de la communauté régionale de la French Tech, du Pôle du Véhicule du Futur et du club hydrogène Bourgogne-Franche-Comté. Malgré le confinement qui a ralenti son lancement, la petite entreprise compte trois salariés et s’apprête à embaucher un autre technicien.

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