Infrastructures. Ce lundi 14 mars, le tramway de Dijon aborde une phase psychologiquement rassurante pour les riverains du chantier. La pose des rails démarre sur les trois lots de l'itinéraire de 20 km qui relie Quétigny (à l'est) à Chenôve (à l'ouest) et la Toison d'Or (au nord) en passant par le centre-ville. Le chantier est cependant loin d'être terminé. Début avril, les travaux s'engagent au centre-ville. Après la pose des rails, achevée dans un an, restera l'alimentation électrique (caténaires, postes de relevage), l'aménagement des quais et des stations, les finitions paysagères.
Premiers essais des rames : janvier 2012, avenue Jean Jaurès à Chenôve. Fin des hostilités : septembre 2012 pour une mise en service, à priori, avant la fin de l'année. Les travaux auront alors duré deux années.
Pour compresser le plus possible la phase travaux, Le Grand Dijon, maître d'ouvrage, a adopté une organisation et des techniques particulières. La division du projet en trois lots, confiés à trois groupements d'entreprises différentes, a permis un lancement quasi simultané des travaux sur l'ensemble de l'itinéraire. Une innovation technique accélère la construction de la plateforme.
Un enrobé qui durcit instantanément
Creusée dans le sol à 57 cm de profondeur, la plateforme est constituée de quatre couches, chacune jouant un rôle déterminé. Appelée couche de réglage (10 cm d'épaisseur), la plus profonde nivelle le tracé pour le rendre régulier. La couche principale (également de 10 cm), apporte solidité et stabilité à la plateforme. C'est sur cette partie qu'une innovation est mise en œuvre. Un enrobé très résistant ("à module élevé", en termes techniques) remplace le béton généralement utilisé sur les chantiers de tramway. Ce matériau présente trois intérêts. La couche est moins profonde (10 cm au lieu des 19 cm nécessaires avec du béton). L'enrobé utilise une partie des gravats excavés. Les délais de mise en œuvre sont raccourcis car cet enrobé durcit instantanément.
La 3ème couche reçoit les rails fixés sur les traverses de chemin de fer, en béton, le tout ensuite emprisonné dans du ciment. La dernière couche correspond au revêtement sur les routes. Sur 80% du tracé, il s'agira de terre végétale (17 cm d'épaisseur) ensuite engazonnée. Au centre-ville, elle sera constituée de béton ou d'enrobé.
Médiatisée vendredi 11 mars, la soudure -symbolique- du premier rail par les équipes de Colas Rail devant un parterre d'élus, apprend que rien ne diffère avec l'assemblage des rails de chemin de fer. D'une durée de 45 à 50 mn, l'opération sera répétée tous les 8 mètres (la longueur d'un rail). On pose un moule de la forme du rail dans l'espace de 2 cm entre les deux rails. On préchauffe les deux abouts de rails à 1000 degrés à l'aide d'un brûleur à oxygène. Puis on met le feu à une charge dans un creuset fixé au-dessus du moule. Fondu à 1200 degrés, le métal coule dans le moule. Une fois refroidie, on moule la soudure.
Seule précaution : ne pas souder les jours de pluie avant d'éviter que l'eau froide n'éclate le creuset !
Crédit photos: Traces Écrites
Mais, d'ici 2012, il subsistera encore, durant de longs mois, beaucoup, beaucoup d'inconvénients pour la circulation, et tout particulièrement pour les riverains. Ce tramway était-il bien nécessaire ? Avant, il y a longtemps, il en existait un que les diverses municipalités se sont empressées de démanteler. Alors, progrès ou régression ?