Le syndicat textile de l’Est identifie à plus de 150 emplois, les besoins des industriels dans le département des Vosges, dans les trois prochaines années. Le 29 mars, l’organisation professionnelle a signé avec le préfet des Vosges, une convention destinée à financer le poste d’une chargée de mission emploi dédiée aux entreprises de la filière. En 2018, pour la première fois en 40 ans, l’industrie textile des Vosges a recréé des emplois.
Tisserand, bonnetier, teinturier ou encore soigneur de continu à filer (un opérateur sur machine à filer)… Dans le département des Vosges, la filière textile engage une démarche originale en vue d’anticiper ses futurs besoins en main d’œuvre. Le syndicat textile de l’Est vient de recruter l’équivalent d’une super DRH en la personne de Christine Goddyn.
Sa feuille de route ? Préparer le recrutement de 150 salariés sur les trois prochaines années, afin de couvrir notamment les départs à la retraite attendus dans les entreprises.
Le 29 mars, l’organisation professionnelle a entériné son recrutement en paraphant une convention d’accompagnement avec Pierre Ory, le préfet des Vosges et François Merle, le représentant de la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation du travail et de l’emploi (Direccte) qui cofinancent le poste pour une durée d’un an.
« Le tissu économique de notre filière demeure très atomisé avec une trentaine de sociétés de petites et moyennes tailles. De plus, en l’absence d’écoles et d’organismes spécialisés, la formation repose entièrement sur les entreprises. C’est pourquoi, il nous a semblé important de recruter une personne capable d’assurer un audit des besoins de chaque entreprise, de mettre en œuvre des partenariats de formation et d’accompagner les entreprises dans leurs recrutements immédiats », détaille Paul de Montclos, le président du Syndicat textile d’Est, également PDG de Garnier-Thiebaut.
Une vague de départs à la retraite

Les besoins sont criants à l’image de Tenthorey à Éloyes (Vosges), connue pour sa fabrication de sacs publicitaires en toile souple. L’an dernier, cette PME centenaire de 46 salariés a dû gérer les départs en retraite de douze personnes sur des fonctions supports, mais aussi techniques. « Grâce à des contrats de professionnalisation, les opérateurs en poste ont pu transmettre leur savoir-faire aux nouvelles recrues », se félicite Patricia Lopez, responsable des ressources humaines de Tenthorey.
Mais la société doit d’ores et déjà anticiper le départ à la retraite de contremaîtres, des postes nécessitant une bonne expérience métier ainsi que des compétences en électromécanique….
Le son de cloche est similaire du côté de Maille Verte des Vosges à Saint-Nabord, une société de 35 personnes reprise en 2010 par Éric Néri à la suite d’un dépôt de bilan. « Nous avons compris que nous ne trouverions plus de tisserands, de bonnetiers ou encore de teinturiers chez Pole Emploi ! La formation technique s’est reportée sur les entreprises. Dans ce contexte, notre principale difficulté consiste à trouver des profils qui disposent d’une formation technique de base, soient capables de travailler en équipe, de bien communiquer, etc. À nous aussi d’être plus attractifs », livre Éric Néri.
L’accompagnement initié par le Syndicat textile de l’Est bénéficierait d’une nouvelle souplesse apportée, en matière d’apprentissage, par la réforme de la formation (loi du 5 septembre 2018). Désormais, les organismes de formation peuvent mettre en place des classes d’apprentissage sans avoir à solliciter l’accord de la Région.
À partir de septembre, le CFA Papetier de Gérardmer va ainsi lancer deux groupes de formation aux métiers du textile pour une durée de six mois. « Le socle d’enseignement de base sera assuré par le CFA, la formation textile par les entreprises », détaille Paul de Montclos.
L’enjeu de la transmission des savoir-faire est essentiel à la compétitivité de la filière. Après une année 2018 exceptionnelle où elle a recréé des emplois pour la première fois en 40 ans, celle-ci est à nouveau confrontée à des difficultés conjoncturelles, analyse le patron de Garnier-Thiebaut.

Depuis janvier 2019, cette super DRH de la filière textile vosgienne a auditionné une trentaine d’entreprises. « Vingt-deux sociétés ont exprimé au moins un besoin de recrutement », pointe-t-elle. Et de poursuivre : « Nous devons anticiper, car certains savoir-faire comme celui de régleur textile, peuvent prendre plus d’un an à acquérir. Ce métier ne se résume pas à de la simple conduite de machine, mais implique des connaissances en mécanique, en hydraulique, etc. ».