Le mécénat n’est pas réservé aux seules grandes entreprises. Boîte à outil pour orienter les PME vers des dons au profit de leur territoire d’implantation et les accompagner dans le processus juridique, le club Entreprises & Mécénat en Bourgogne-Franche-Comté a réuni le 5 février à Dijon, entreprises et porteurs de projets.
Précurseur du mécénat en Bourgogne, Daniel Exartier, élu consulaire aujourd’hui vice-président de la CCI de Côte-d’Or et du club Entreprises & Mécénat en Bourgogne-Franche-Comté, chasse d’emblée les idées reçues. « Un mécène n’investit pas forcément des sommes faramineuses, on peut commencer avec 500 € et le mécénat n’est pas forcément culturel, il concerne aussi le champ économique et social », rappelle celui qui fut à l’origine des premières actions de promotion du mécénat à Dijon, avec la direction régionale des Affaires Culturelles (Drac). C’était dans le milieu des années 2000.
Depuis, cette action s’est structurée avec un club, créé en 2009, baptisé Entreprises & Mécénat en Bourgogne-Franche-Comté. Le nombre d’adhérents, une vingtaine d’entreprises, illustre à la fois la timidité et la discrétion des dirigeants. En même temps, l’association n’a pas vocation à grossir beaucoup plus, précise sa présidente, Virginie Taupenot, « c’est un centre de ressources qui accompagne les entreprises et leur apporte une sécurité juridique ; les mécènes peuvent ensuite mener leur projet en toute indépendance ».
En plus de l’accompagnement, bénévole, pour des actions individuelles, le club anime chaque année un fonds alimenté à hauteur de 12.000 à 15.000 € par les entreprises adhérentes ou non, pour soutenir collectivement des projets à caractère social, artistique, culturel ou humanitaire, issus d’un appel à projets. La participation collective à un projet peut être une bonne façon de faire une première expérience, car le chef d’entreprise ne sait pas forcément quel projet soutenir, qu’il est conseillé de choisir en cohérence avec son activité ou par rapport à l’image qu’il veut véhiculer.
Le chantier 2019 du club Entreprises & Mécénat en Bourgogne-Franche-Comté consistera d’ailleurs à mettre en place une plateforme, sur laquelle les mécènes potentiels et les porteurs de projets, pourront se rencontrer.
Encore une idée reçue, le mécénat ne se traduit pas seulement par un don en numéraire, la pratique la plus courante car la plus facile. Ce peut être un apport en nature au profit d’associations le plus souvent caritatives, ou une offre de compétences : l’entreprise met un ou plusieurs de ses salariés à disposition d’un projet, quelques heures par semaine, sur leur temps de travail ou réalise gratuitement une prestation avec pour but de transférer un savoir-faire. Les trois formes de mécénat bénéficient d’une déduction fiscale de 60% de la valeur du don dans la limite de 0,5% du chiffre d’affaires.
Pour les mécènes, l’avantage fiscal n’est cependant pas une fin en soi, fait remarquer Virginie Taupenot, présidente du club Entreprises & Mécénat, d’ailleurs la moitié seulement des entreprises mécènes l’utilise. « C’est d’abord un acte philanthropique, sans contrepartie, porté comme un élément de différenciation pour développer la notoriété de l’entreprise et affirmer son identité, attirer des recrues ou fidéliser ses salariés. »
Le sujet interpelle les entreprises. Fin 2018 à Besançon, où le club souhaite prendre pied en cohérence avec le nouveau périmètre de la région, 110 dirigeants avaient participé à une réunion d’information de l’Admical, l’association reconnue d’utilité publique de référence.
Au moment où la RSE (Responsabilité sociale de l’entreprise) est une réflexion de plus en plus présente dans l’entreprise, elle peut être un catalyseur, explique Corinne Strauss, présidente de France Qualité Performance. « Le mécénat est un des volets possibles de l’implication sociétale de l’entreprise qui recherche un ancrage territorial et un dialogue avec son environnement économique et social qu’il s’agisse de ses salariés, de ses fournisseurs ou des consommateurs. »
La réunion d’information que le club Entreprises & Mécénat en Bourgogne-Franche-Comté a tenue le 5 février à la CCI de Dijon, a été l’occasion pour quelques mécènes de témoigner de leurs actions de mécénat. Revue d’initiatives.
C’est par le fonds de dotation du club Entreprises & Mécénat que la Caisse d’Épargne de Bourgogne-Franche-Comté a fait ses premiers pas dans le mécénat. Depuis, il fait partie de la démarche RSE de l’entreprise de 1.700 salariés qui engage des moyens conséquents, 1,140 million d’€ en 2018. L’inclusion bancaire légiférée pour autoriser l’accès aux services bancaires aux personnes défavorisées mobilise une partie de ses projets. A travers une association locale, Parcours Confiance, la banque accorde des micro-crédits (jusqu’à 3.000 € avec un taux de 1% sur 3 ans) à des personnes, clientes ou pas, pour leur remettre le pied à l’étrier : achat d’un équipement basique, moyen de déplacement afin de faciliter l’accès à un emploi. Deux personnes à temps plein sont affectées à cette mission qui comprend aussi une aide à l’accès aux associations caritatives ou tout autre service social. Un autre poste de travail sous couvert de l’association nationale cette fois, Finances et Pédagogie, repère et accompagne les personnes en amont de leurs problèmes financiers : étudiants, familles, anciens détenus.
Également mécène de nombreux clubs ou événements sportifs et culturels (dont depuis 1999, des expositions d’artistes dans le hall de son siège de Dijon), la Caisse d’Épargne de Bourgogne-Franche-Comté lance cette année, un fonds de dotation de 60.000 € pour soutenir des projets locaux qui seront sélectionnés par ses sociétaires, à travers les Sociétés Locales d’Épargne. « C’est une manière, dans la stratégie RSE de l’entreprise, d’impliquer nos sociétaires [ les clients actionnaires de la banque, Ndlr ] comme le font déjà les collaborateurs », précise Nathalie Renvoise-Benhamdoune, directrice de la communication.
Enfin, la banque mutualiste finance la fabrication, par un luthier local, d’un violoncelle pour un étudiant du conservatoire régional de musique de Dijon.
Arnaud Sabatier, président des Salaisons Dijonnaises, pratique le mécénat en nature au profit de l’aide alimentaire depuis plusieurs années. « Auparavant, nous revendions à des déstockeurs nos surplus de produits et de matières premières, issus de commandes annulées ou de retours de distributeurs, maintenant nous les reconditionnons pour l’aide alimentaire. » Les dons se font à travers l’association Fondalim (pour Fonds de dotation du tissu agroalimentaire) créée il y a 10 ans par l’Association régionale des industries agroalimentaires (Aria) et la Banque alimentaire de Bourgogne.
« Donner a du sens pour moi, et l’est devenu pour les salariés, en particulier les préparateurs de commande et les livreurs », précise le dirigeant qui donne entre 10 à 20 tonnes de marchandises par an sur une production totale de 1.500 tonnes. La Banque alimentaire réceptionne, stocke et distribue les produits en direct ou via des associations locales, et cible les personnes dans le besoin grâce aux CCAS des communes.

L’agence digitale dirigée par Pascal Tournier fait du mécénat de compétences. Elle réalise des sites Internet, seule ou en coproduction avec des organisateurs de festivals et des associations du spectacle vivant et les héberge gracieusement.
Parmi les fondateurs du club Entreprises & Mécénat, I-Com, basée à Dijon, qui mène ces actions pour « aider à la montée en compétence » de ses partenaires, souvent des bénévoles d’associations, estime que le premier choix d’un mécène dest celui « d'un secteur en cohérence avec sa propre activité. »
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