La pandémie de la Covid-19 est le bon moment de définir un nouveau modèle économique a voulu démontrer hier, le colloque 360 degrés Grand Est, avec les moyens qu’a dégagé le Conseil régional dans son dispositif d’accompagnement des entreprises « Business Act ». A peine l’industrie 4.0 sur les rails, on parle d’industrie 5.0. En son centre, la décarbonation de l’énergie.
MISE A JOUR 14 DÉCEMBRE. L'ensemble des séquences de la journée, tables rondes, témoignages, webinaires, et capsules vidéo sont accessibles en Replay sur www.360grandest.fr
L’industrie 4.0 qui évoque une 4ème révolution industrielle – après les trois premières de l’ère du charbon, puis de l’électricité enfin de l’électronique – est à peine entrée chez les manufacturiers, que déjà on annonce une cinquième révolution industrielle, l’industrie 5.0. Celle-ci ajoute l’impact environnemental à la digitalisation des moyens de production, sensée conduire à de meilleures performances en matière de compétitivité et de qualité, et pour l'industrie 5.0, à une décarbonation de l'industrie.
Pour un grand nombre d’entrepreneurs, il s’agit d’un virage à 360 degrés même si, comme l’a montré le colloque 360 Grand Est, organisé en ligne, hier 8 décembre, des entreprises ont déjà dépassé le stade de la théorie. La Région Grand Est et l'agence d'innovation Grand E-Nov qui l’organisaient, pensent que la crise économique issue de la pandémie de la Covid-19, est le bon moment dpour prendre ce tournant. Le Conseil régional, avec son « Business Act », a pour cela débloqué 100 millions d’€ pour lui donner corps (Lire encadré)
Isabelle Héliot-Couronne, conseillère régionale, pose les bases de l’industrie 5.0 : la digitalisation, l’écologie et l’humain. Pierre Hardouin, directeur général de Engie Solutions utilise une assez belle formule : du B2B to P (pour People et Planète). « L’écologie n’est plus une contrainte mais devient un élément de la stratégie de l’entreprise qui en décarbonant son énergie, lui permet de faire un saut technologique », poursuit l’élue.
Plusieurs exemples régionaux se veulent pédagogiques envers les patrons de PME, la cible principale du « Business Act ». La majorité émanent de grands groupes industriels. Cité par plusieurs intervenants, Novacarb est selon eux un bel exemple de décarbonation de l’industrie. Le fabricant lorrain de carbonate et bicarbonate de soude qui utilise du charbon dans son process industriel va déployer courant 2021, deux nouvelles technologies pour remplacer l'énergie fossile : les Combustibles Solides de Récupération (matériau fabriqué à partir de déchets ménagers) et la cogénération biomasse. Ces énergies propres devraient considérablement réduire sa production de CO2, qui s’élève à 600.000 tonnes par an.
Des projets collectifs, la voie pour les PME

Cité comme pionnier, depuis 2011 le groupe Roquette, fabricant de protéines végétales, couvre 80% de l’énergie nécessaire à son site de Beinheim (Bas-Rhin) avec un double système de chaudière à biomasse et de géothermie profonde. A Châlons-en-Champagne (Marne), la chaleur issue de l’incinération des ordures ménagères alimentera fin 2022, le réseau de chaleur urbain l’hiver et l’usine de déshydratation de luzerne de la coopérative Luzeal à Recy, l’été.
La cimenterie Vicat, activité très énergivore, à Xeuilley (Meurthe-et-Moselle) devrait réussir à se passer du charbon en 2025 grâce à l’alimentation de ses fours en Combustibles Solides de Récupération, boues de station d’épuration et bois usagé.
Dans l’industrie lourde aussi, des exemples sont donnés. ArcelorMittal à Florange (Moselle) qui veut fabriquer de l’acier sans carbone à l’horizon 2025, a pour l'instant fait sa révolution numérique à l’occasion de l’implantation, cette année, d’une nouvelle ligne de galvanisation. Les opérateurs commandent les machines, munis de tablettes tactiles qui remplacent 26 écrans.
Quant aux PME, elles peuvent trouver les moyens de faire leur transformation écologique dans des projets collectifs, conseille Pierre Veltz, ingénieur expert. Vincent Juneau, vice-président de Siemens, y ajoute une remarque de bon sens : remplacer les anciennes machines dont la moyenne d’âge, en France, est de 17 ans, par de nouvelles moins énergivores. La mutation digitale passe, elle, par des moyens humains rajeunis. « Ces sont les 20-30 ans qui peuvent les aider à prendre cette orientation », estime Pierre Veltz.