Un gigaprojet à la gloire de l’Antiquité prend quelques accents alsaciens. Barrisol, le fabricant de plafonds tendus basé à Kembs (Haut-Rhin), recouvre de ses produits l’intérieur du Grand Egyptian Museum. Ce musée devrait enfin ouvrir, au moins en partie cette année, au pied des pyramides de Gizeh, après plus de quinze ans de gestation et de péripéties.

L’entreprise familiale de 130 salariés déploie au Grand Egyptian Museum, au pied des pyramides de Gizeh, l’une de ses nombreuses innovations : des plafonds lumineux en Led qui créent des effets d’ondulation à partir d’une toile-écran. L’Égypte vient compléter une carte du monde des marchés de Barrisol riche de 110 pays. La liste des références récentes et lointaines est presque infinie : sur la période 2017-2018, elle comprend le complexe sportif Aspire Park Studium à Doha au Qatar, deux pavillons du musée Louvre Abou Dhabi et la piscine de l’Al Mamoura Academy dans le même émirat, au Koweït le centre culturel national et le centre commercial The Avenues.
En traversant l’Atlantique, les plafonds Barrisol se retrouvent au Mexique, par exemple dans le musée du peintre Juan Soriano à nouveau en version lumineuse, ainsi qu’au Parlement canadien dans une gamme à forte absorption acoustique, la « Microsorber ». L’Europe n’est pas en reste, avec le Musée historique de Berlin, la Bulgarie (galerie d’art à Sofia, centres commerciaux…) ou encore la Pologne dont des plafonds à effet de miroir au centre commercial Forum de Gdansk.
« Avec une part de 70 % dans le chiffre d’affaires, l’export atteint un niveau historiquement haut », souligne le PDG, Jean-Marc Scherrer.
La France demeure toutefois un pilier dont témoignent récemment les nouvelles Halles de Laissac à Montpellier, le musée des moulages de Lyon, l’Espace des mondes polaires Paul-Emile Victor à Prémanon dans le Jura, le musée des caves du champagne Mercier à Épernay rouvert en juin dernier, le siège rénové de la Banque Populaire à Metz, le restaurant étoilé Buerehiesel à Strasbourg.
Avec ses équipes, le dirigeant perpétue l’esprit d’invention permanente qui a animé son père Fernand, le fondateur de Barrisol décédé cette année. « La toile PVC à l’origine de nos produits devient un support d’expression artistique et de fonctionnalités connexes », souligne-t-il. Le premier point amène à développer des partenariats avec artistes et créateurs, notamment avec Chantal Thomass depuis 2014. Le « plafond-miroir » Barrisol Mirror permet de démultiplier les formes.
Une révolution dans la climatisation

Lancée depuis un peu plus d’un an, Barrisol Clim fait faire un bond en avant à la PME en matière d’ingéniosité. Grâce à ce système, plafonds et murs diffusent de l’air rafraîchissant par de toutes petites fentes qui créent un échange thermique sur l’ensemble des parois, revêtues de la toile Barrisol. Le fabricant y voit une « révolution » de la climatisation, aux « performances exceptionnelles » d’efficacité et de confort.
« En étant diffusé à une vitesse de moins de 30 centimètres par seconde, le flux d’air devient imperceptible. Le système maintient une température très homogène : la différence ressentie entre la tête et les pieds est de 1 degré voire moins. Nous sommes le seul produit labellisé AAA à la fois pour le chaud et le froid », détaille Hervé Munck, directeur d’Artolis, la branche textiles de Barrisol. Et côté pratique, « il n’y pas besoin de réserver des emplacements à des prises ou à des équipements de climatisation », ajoute-t-il.
Le Barrisol Clim a remporté le 17 décembre 2018 un Janus du design et de l’industrie, un an après la même distinction prestigieuse obtenue pour une création avec Chantal Thomass, la « lampe butterfly », suspension lumineuse en forme de papillon.
Et Barrisol est aujourd’hui engagé dans le projet « Baytikool » porté par l’Université de Bordeaux pour repenser le logement dans des territoires très chauds. Celui-ci est lauréat du concours Solar Decathlon décerné à Dubaï en novembre dernier. « De ce fait, il sera présenté, avec notre produit, à l’exposition universelle de 2020 qui se tiendra dans l’émirat », annonce Jean-Marc Scherrer. Une nouvelle belle visibilité à l'international.


Jean-Marc Scherrer y voit deux autres obligations. Intégrer le développement durable : les toiles PVC sont recyclées à 100 % et elles commencent à incorporer une part de biosourcé dans leur conception, sous forme de matière à base de céréales. Et partir en guerre contre la contrefaçon, son « grand cheval de bataille ». La PME alsacienne le partage avec les grands groupes français industriels et du luxe, qu’ils côtoient au sein de l’association Unifab.