TOURISME/JURA. La station de moyenne montagne, dans le haut-Jura, affiche clairement la volonté de développer les activités estivales et “indoor” dans son dernier contrat de développement chifffé à 25 millions d'€.

A l'instar de l'Espace des mondes polaires inauguré le 1er juillet dernier.

Les investissements sur le domaine skiable ne sont pas pour autant abandonnés. Une nouvelle remontée mécanique est prévue pour 10 millions d’€ sur le massif des Tuffes et  le domaine suisse de la Dôle, désormais géré depuis la France.

Zoom sur cette station étendue sur quatre villages à l'occasion de l'étape 100% jurassienne de ce samedi 8 juillet qui traverse le département depuis Dole en passant par le vignoble.

 

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Les calicos à l'entrée de Lamoura, village d'arrivée, côtoient les banderolles Made in Jura du Département. © Traces Ecrites.

 

« Les Rousses est une station avec de vrais villages ; 6.500 habitants y vivent en permanence ». Par cette allusion aux stations de ski alpines qui pour beaucoup sont désertées une fois la saison hivernale terminée, Laurent Richard, directeur de la communauté de communes de la station des Rousses, dévoile d’emblée ses arguments commerciaux.

 

En fait, la station des Rousses, dans le parc naturel régional du haut-Jura, est une addition de quatre villages en amont de Morez, à la lisière de la frontière suisse : Les Rousses, le plus peuplé (3.280 habitants), Prémanon, Lamoura, le plus au sud, et Bois d’Amont, le plus au nord.

 

La station est une sorte entreprise étendue que gère la société anonyme d’économie mixte (SAEM) Sogestar dont 85% du capital est détenu par la communauté de communes de la station des Rousses, le reste par des banques et l’École de Ski Français.

 

Cette société de gestion commercialise et exploite toutes les activités de loisirs, y compris la centrale de réservation des hébergements. Elle travaille par délégation de service public pour la communauté de communes qui trace la feuille de route et investit dans les infrastructures, et avec le syndicat mixte de développement touristique de la station des Rousses, propriétaire des remontées mécaniques.

 

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En dehors du tourisme, les habitants du village de Lamoura sont des frontaliers qui vont quotidiennement travailler dans l'horlogerie en Suisse, dans la vallée de Joux. © Traces Ecrites.

 

C’est le domaine nordique qui fait la réputation des Rousses avec ses 200 km de pistes accessibles depuis une dizaine de portes d'entrée réparties sur le massif. L’hiver est de loin la saison la plus active. 70% de la clientèle vient skier. Sur la base des passages à l’office de tourisme, le nombre de touristes est en effet estimé à 72.000 personnes l’hiver et approche 40.000 en été.

 

Au total, les 23.950 lits touristiques dont 8.000 marchands (hôtels, villages vacances, meublés de tourisme etc.) ont enregistré l’an dernier 365.000 nuitées. La clientèle aux trois quarts familiale provient d’abord d’Ile-de-France, puis de Bourgogne-Franche-Comté, cette dernière faisant principalement du ski à la journée.

 

Le volume d’affaires est évalué, hors hébergeurs individuels et commerces, entre 7,5 et 8,5 millions d’€ par an. Il englobe les forfaits de ski alpin, les activités de loisirs, les prestations de services et hébergements commercialisés par la Centrale de Réservation.

 

Un projet d'investissement jusqu'à 2020

 

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Le village des Rousses, le plus animé des quatre que constitue la station. © Traces Ecrites.

 

Depuis quelques années, la communauté de communes met le paquet sur les activités d’été, en prévision d’un enneigement de plus en plus capricieux en moyenne montagne - les sommets ne culminent guère au-delà de 1500 mètres.

 

C’est pourquoi les exploitants de la station accueillent avec satisfaction le « coup de pub » qu’apportera la 8ème étape du Tour de France, samedi 8 juillet à Lamoura, à l’issue d’une traversée complète du département du Jura, depuis Dole à la lisière de la Côte-d’Or et en passant le vignoble d’Arbois et Champagnole.

 

Le précédent contrat de développement touristique (contrat de station dans le jargon administratif) avait permis de rajeunir les installations de neige. Le nouveau, jusqu’à 2020, affiche clairement avec une enveloppe de 25 millions d’€, la volonté de développer les activités estivales et “indoor” pour occuper les vacanciers en cas de mauvais temps.

 

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L’Espace des Mondes Polaires à Prémanon (lire ci-dessous), ouvert en début d’année et inauguré les 1er et 2 juillet derniers, est un bel exemple d’équipements culturels ou de loisirs qui pourraient attirer d’autres visiteurs.

 

Le centre de balnéothérapie qui manque à la station nécessite encore quelques ajustements avant sa concrétisation. Car la communauté de communes dit veiller au coût de fonctionnement d’équipements qui ne font pas le plein toute l’année.

 

La résolution de problèmes d’emprises foncières (pour beaucoup sur des domaines privés) conditionne la réalisation de la voie verte, une liaison douce de 30 km qui relieront les quatre villages. Son tracé naturellement un peu tourmenté par le relief ferait le plaisir des randonneurs comme des cyclistes et des rollers.

 

Réouverture du village vacances de Lamoura

 

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Le village vacances d'un millier de lits de Lamoura va être redimensionné. © Traces Ecrites.

 

Les investissements sur le domaine skiable ne sont pas pour autant abandonnés. Une nouvelle remontée mécanique est prévue pour 10 millions d’€ sur le massif des Tuffes, le plus fréquenté, qui devrait être encore plus attractif depuis que la Sogestar a repris en gestion le domaine suisse de la Dôle, en début d’hiver dernier.

 

Les skieurs peuvent désormais acheter un forfait unique, côté France comme côté Suisse. Le canton suisse de Vaud participera à l’investissement.

 

Le contrat de station met également sur la table une réflexion sur le développement des hébergements. Il constate un déficit d’offre en hôtellerie de plein-air et en habitations légères de loisirs, ainsi que l’absence d’hôtel 4 étoiles tout en s’interrogeant s’il y a un potentiel pour cette catégorie d’hôtel.

 

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En attendant d’éventuels investisseurs, les acteurs du tourisme se réjouissent de la réouverture du village vacances de Lamoura, rebaptisé Village vacances de la station des Rousses.

 

Fermé avec grand fracas il y a trois ans, l’établissement d’un millier de lits qui était géré par un syndicat mixte regroupant plusieurs villes (dont dans l’Est, Chalon-sur-Saône, Saint-Dizier et Troyes) a été repris par un investisseur de la région parisienne, la société Ereig.

 

L’équipe de l’organisation du Tour, Amaury Sports Organisation, inaugure ce samedi les 250 premiers lits rénovés et le centre de presse sera installé dans l’établissement.

 

Jugé économiquement non rentable dans son format actuel (1000 lits répartis dans 12 bâtiments), le village vacances va être redimensionné et monté en gamme au prix d’un investissement annoncé initialement à 9 millions d’€.


L’Espace des Mondes Polaires

 

C’est Jean-Christophe Victor, le fils aîné du célèbre explorateur Paul-Emile Victor qui a eu l’idée de ce centre dédié aux modes polaires (et décédé fin 2016 quelques jours avant son ouverture), à partir du musée de l’exploration polaire que Pierre Marc, éleveur de rennes dans le Jura et ami de l’explorateur, avait créé il y a plus de vingt ans à Prémanon.

 

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© Traces Ecrites.


La communauté de communes de la station des Rousses n’a pas lésiné sur les moyens pour donner un nouvel écrin aux collections, pour beaucoup offertes de son vivant par Paul-Emile Victor à l'ancien propriétaire.


Jumelé avec une patinoire, plus spacieuse que celle qui existait auparavant, l’équipement a coûté 9 millions d’€, financés par les collectivités locales et l’Europe et, pour 30%, par le mécénat (Fondation de France, montres Longines, Éditions Paulson, Crédit Agricole).

 

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© Traces Ecrites.


Conçu dehors et dedans comme un iceberg d’un blanc immaculé par les architectes jurassiens Richard et Ferreux, l’Espace des Mondes Polaires raconte de manière pédagogique et ludique la vie sur l’Arctique et l’Antarctique à grand renfort de vidéos et d'objets.

 

On y découvre les espèces protégées ou en danger, bizarrement sous la forme d’animaux naturalisés dont la vedette est un ours blanc de plus 3 mètres de hauteur et d’enregistrements  pour reconnaître de leurs cris. La vie des nombreuses ethnies aussi est raconté, elles qui ont depuis le début du siècle adopté la vie occidentale, semble regretter la scénographie.

 

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© Traces Ecrites.


L’exposition permanente se termine par une "alerte aux pôles”. « L’homme ne semble pas toujours mesurer l’ampleur de sa responsabilité dans le réchauffement des pôles, deux fois plus rapide qu’ailleurs : la fonte des calottes glaciaires ouvrent de nouvelles voies maritimes pour la pêche industrielle et attire la convoitise des exploitants de minerais », dit le message militant étayé par des vidéos que l’on peut librement visionner.

 

26.000 personnes (à fin juin) ont déjà pu le lire depuis l’ouverture de l’Espace des Mondes Polaires qui, à ce rythme, rend crédible l’ambitieux objectif de 50 à 70.000 visiteurs par an.

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