AGROALIMENTAIRE/DIJON. Une seule offre a été présentée hier 20 décembre au tribunal de commerce de Dijon pour la reprise de Chocolaterie de Bourgogne, en redressement judiciaire depuis octobre dernier.
Il s’agit d’un groupe familial espagnol, Lacasa qui ne reprendrait que 43 des 185 salariés.
Le tribunal lui a donné un délai jusqu’au 11 janvier pour améliorer son offre.

 

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Vue aérienne du vaste site de la Chocolaterie de Bourgogne.


Le témoignage des représentants des salariés, présents à l’audience du tribunal de commerce de Dijon, qui devait statuer hier mercredi 20 décembre, sur le sort de Chocolaterie de Bourgogne, en redressement judiciaire depuis octobre, est unanime.

 

L’espagnol Lacasa doit « améliorer son offre, beaucoup trop basse, tant au niveau social que financier », commente Christian Bougnon, représentant CFDT. Le repreneur indique ne vouloir conserver que 43 des 185 salariés. Soit un quart de l’effectif. Et la proposition de rachat des actifs ne dépasse pas 200.000 €.

 

Les représentants du personnel souhaitent par ailleurs que la procédure de fiducie-sûreté mise en place cet été par les banques et l'État soit levée. En garantie du paiement de ses dettes, l’industriel transfèrerait une partie de son outil de production à ses créanciers.


Aussi, les juges ont-ils accordé un délai au candidat jusqu’au 11 janvier 2018. Ce qui évite la fermeture de la chocolaterie puisqu’il était le seul à avoir déposé une offre. Son compatriote Natra dont le nom circulait, n’est pas allé au-delà d’une simple déclaration d'intention.

 

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Lacasa est un groupe familial fondé il y a 160 ans par Antonio Lacasa, l’arrière-grand-père des propriétaires actuels, à Utebo, dans la province de Saragosse, au nord de l’Espagne, où se situe le siège social. Il fabrique des chocolats fourrés et des friandises (nougats, bonbons, turrones) dans quatre usines en Espagne , qui sont distribués dans les stations services, bazars, bureaux de tabac, etc.


Le groupe Lacasa réalise un chiffre d’affaires de 150 millions d’€ et emploie 700 personnes, y compris les effectifs des deux succursales portugaises. Il exporte dans les pays hispaniques (Portugal, Argentine), mais il n’est pas implanté en France, d’où son intérêt pour Chocolaterie de Bourgogne.


Selon nos informations, Lacasa avait l’intention d’implanter une cinquième usine en Espagne pour augmenter ses capacités de production. La reprise de la chocolaterie serait alors l’opportunité de s’implanter sur le marché français.

 

Il possède une grosse force de vente, comptant 113 commerciaux et envisagerait de se diversifier dans les barres chocolatées ce que l’outil de la chocolaterie lui permet de faire.

 

Quatre propriétaires en dix ans

 

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Si l’offre aboutit, Chocolaterie de Bourgogne changerait alors de propriétaire pour la quatrième fois en 10 ans. Après Nestlé qui y fabriquait des barres de céréales chocolatées, l’usine a appartenu au Suisse Barry Callebaut, puis à un trio de cadres de l’industrie menés par Philippe de Jarcy.

 

Ont succédé enfin depuis février 2015 un consortium formé des fonds d’investissements néerlandais Varova et Nimbus, accompagnés de Plot Enterprise Ghana Limited, fournisseur africain de cacao - qui ne s'est jamais investi contrairement à aux engagements pris -, de l’entreprise locale Salaisons Sabatier et de Jaap Van den Bent, président jusqu’à ces derniers mois.


Les repreneurs successifs n’ont jamais réussi à atteindre l’équilibre financier, à cause d’un outil surdimensionné (environ 100.000 tonnes annuelles), mais aussi de l’absence de marchés. Ces trois dernières années, a été particulièrement catastrophique.


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Le premier bilan de l’ère Varova-Nimbus, réalisé sur 23 mois (2015 et 2016) affichait un résultat d’exploitation négatif de près de 20 millions d’€ et une perte sèche de 7,6 millions pour un chiffre d’affaires de 76,5 millions d’euros.


Au 30 septembre 2017, le résultat d’exploitation était encore négatif, à moins 6 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 24,9 millions qui devrait s’établir autour de 30 millions cette fin de l’année, soit moitié moins que le prévisionnel.


Sous la pression des pouvoirs publics, des acteurs locaux avaient tenté de sauver l’entreprise cet été. La Caisse d'Épargne Bourgogne-Franche-Comté, avec deux sociétés locales d’investissement, Rubis Capital et ACG Holding, devenant actionnaires à 35%, au même niveau que Varova et Nimbus. Lire le détail ici.

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