AGROALIMENTAIRE. Qu’elles sont les réservoirs de croissance de la société dijonnaise Eurogerm, fondée en 1989 par Jean-Philippe Girard et spécialisée dans les ingrédients et améliorants de la filière blé-farine-pain ?
Pourquoi le Cercle Entrepreneurs et Territoires, qu’il préside, s’engage-t-il dans l’innovation territoriale avec Futurs 21 ?
Qu’attend le président de l’Association Nationale des Industries Alimentaires (ANIA) du futur président de la République ?

• Comment expliquez-vous que les résultats d'Eurogerm progressent année après année ?
Le pain retrouve toutes ses lettres de noblesse et avec lui, sa filière amont : blé et farine. Le savoir-faire d'Eurogerm consiste à proposer des ingrédients ou des mélanges d’ingrédients naturels destinés à améliorer sa texture, son goût, son croustillant, sa couleur, tout en multipliant le choix par une gamme de pains très large.
Le succès est au rendez-vous avec notamment des ventes à l’étranger dans 102 pays qui atteignent 60% des volumes. Et nous avons encore de réelles marges de progression sur des marchés comme l’Afrique, grosse consommatrice de pain, et les Etats-Unis.
Problend Eurogerm, notre filiale de production à Chicago emploie 12 personnes et réalise un chiffree d'affaires de 10 millions de $. Elle devrait avoir doublé de taille à l’horizon 2019. La croissance externe entre également dans notre stratégie et nous sommes en discussion pour des acquisitions en Europe et en Amérique du Nord.
En revanche, notre concept de boutique Tartin'Art, vitrine d'Eurogerm et qui fonctionne très bien avec ses deux unités de Dijon et de Paris, ne deviendra pas un réseau. Nous ne voulons pas concurrencer nos clients.
Eurogerm qui vient de publier les résultats de son exercice 2016, a réalisé une croissance de 7,2%, assurant un chiffre d’affaires de 94,5 millions d’€. L’activité dédiée aux améliorants de panification et au pré-mix (36,2 millions, +13%) boostent les ventes globales. Le marché français se porte bien avec une progression de 6% (37,9 millions). L’international n’est pas en reste avec une commercialisation à hauteur de 56,5 millions. Au final, le résultat d’exploitation avant dotations aux amortissements (EBITDA) s’élève 10,2 millions d’€ (+9,6%). Le résultat net part du groupe, s’envole de 19,2% à 4,9 millions.
• L’implication du Cercle Entrepreneurs et Territoires que vous présidez, dans le cadre de l’opération Futurs 21 lancée par le Conseil départemental de la Côte-d’Or, est-elle un vrai choix politique ?
Oui, dans le sens de nouvelle organisation territoriale. Le monde change de plus en plus vite, il faut en conséquence repenser harmonieusement les relations ville-campagne et toutes les fonctionnalités du monde rural : mobilité, services publics, commerces, accès aux soins, fracture numérique, logements, notamment locatifs qui font cruellement défaut.
Le département de la Côte-d’Or ambitionne d’être ce laboratoire des prochains modes de vie ruraux. Futurs 21 se définit comme une vaste réflexion, une tempête d’idées au service de l’innovation territoriale.
Lorsque François-Xavier Dugourd, premier vice-président du conseil départemental, a sollicité il y a un an, le Cercle Entrepreneurs et Territoires, un think tank fort d’une trentaine de membres, nous avons logiquement accepté.
• Vous avez interpellé en tant que président de l’Association Nationale des Industries Alimentaires (ANIA) les onze candidats à l’élection présidentielle, qu’attendez-vous de celui qui sortira vainqueur le 7 mai au soir ?
Qu’il soit en marche pour l’agroalimentaire... Sur les douze propositions que nous avons formulées, prenons en deux et tout particulièrement celle prônant la création d’un grand ministère de l’Alimentation. Il regrouperait l’agriculture, l’agroalimentaire, la distribution et la consommation et réunirait les représentants de chaque secteur d’activité au moins deux fois par mois.
Chaque grande décision serait ainsi prise après l’avis de chacun et de cette coordination naîtrait, j’en suis sûr, des politiques publiques plus ambitieuses, plus cohérentes, donc mieux acceptées.
Il convient, par ailleurs de réformer la loi de Modernisation de l'Economie, dite loi LME votée le 4 août 2008 et appliquée depuis 1er janvier 2009. Mis à part la réduction des délais de paiement, elle est devenue illisible et surtout antiéconomique en ce qu’elle rend licite la guerre des prix comme celle des parts de marché.
L’alimentation n’est pas une marchandise comme les autres, aussi faut-il remettre le produit et l’offre au cœur des négociations commerciales et non plus seulement le prix.
Le consommateur décidera au final, mais ses attentes sont d’aller de plus en plus vers la qualité et la proximité. Sachez que 50% des produits d’une grande surface proviennent aujourd’hui des PME et TPE régionales.
L’ANIA regroupe 19 fédérations nationales sectorielles et 20 associations régionales. Elles sont représentatives des 17.647 entreprises alimentaires de France. L'agroalimentaire est le premier secteur économique national avec un chiffre d'affaires de 172 milliards d'€ et le premier employeur industriel avec 427.213 salariés.
• Pourquoi avec tout ce que vous faites déjà, avoir pris la co-présidence de la toute nouvelle association Bourgogne Franche-Comté Place Financière ?
Cet engagement en compagnie du Franc-comtois Emmanuel Viellard, directeur général de Lisi group, qui co-préside cette association, est juste un amorçage pour lancer un espace de médiation au sens propre du mot, c’est-à-dire voué à faciliter la circulation d'information, éclaircir ou rétablir des relations.
Il existe déjà en France plusieurs places financières, notamment à Lyon et à Nantes. La nôtre rayonnera sur la grande région pour créer un écosystème de tous les intervenants du domaine financier : banques, fonds d’investissement, structures d’accompagnement, collectivités territoriales chargées du développement économique, professions du chiffre et du droit…
Elle servira également de centre pédagogique pour informer sur les nouveaux outils financiers à disposition des entrepreneurs ou porteurs de projet. Elle pourrait aussi aider au placement d’emprunts régionaux et appuyer l’évolution de certaines filières d’activité.
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