A l’occasion du 150ème anniversaire de sa naissance, le 28 janvier 1873, les acteurs touristiques et culturels de l’Yonne célèbrent l’écrivaine et journaliste Colette dont l’oeuvre transpire son pays natal, la Puisaye.
Toute l’année, la Puisaye-Forterre, vaste territoire de forêts et collines verdoyantes blotti entre Auxerre, dans l’Yonne, et la Loire nivernaise, respire au rythme de Colette. Le 150ème anniversaire de la naissance de l’écrivaine native de Saint-Sauveur-en-Puisaye réveille l’imaginaire collectif. Tout le monde pense connaître Colette (1873-1955) pour avoir lu à l’école un extrait de ses Claudine, mais que sait-on réellement de la vie riche et mouvementée de Sidonie Gabrielle Colette, son véritable nom ? A la grande satisfaction de ses admirateurs, elle se dévoile, depuis 2022, à la jeune génération dans le programme du bac de français avec deux oeuvres, Les Vrilles de la vigne (1908) et Sido (1929).
Les festivités ont démarré le 28 janvier, la date d’anniversaire de la femme de lettres, avec l’inauguration d’un buste en bronze de l’artiste Nacéra Kainou dans le petit jardin face à la maison de Saint-Sauveur-en-Puisaye où elle vécut toute son enfance. Le prochain gros événement sera l’ouverture d’une exposition le 17 juin et jusqu’au 12 novembre, au musée Colette, toujours dans son village natal. « Devenir Colette » présentera des documents d’archives « jamais montrés au public », précise la directrice du musée, Sania Bordji.

L’agenda anniversaire est rempli de dizaines d’autres rendez-vous à travers la Puisaye : expositions, conférences, lectures, représentations théâtrales. Avec pour point de repère une gigantesque bannière « Un oeil sur Colette », l’association Poussière d’ocre a conçu un parcours autour de six lieux d’expositions et représentations théâtrales. Yonne Tourisme, l’agence de développement touristique, et l’office de tourisme de Puisaye-Forterre ont fait éditer un timbre à son effigie ainsi qu'un marque-page, disponibles dans les sites culturels et touristiques.

« Un oeil sur Colette ». ©Traces Ecrites
L’hommage se poursuit au-delà de sa terre natale, dans plusieurs villes et régions où vécut une Colette qui avait la bougeotte. À Paris, lieu de sa dernière demeure, rue du Palais Royal, à l’initiative de l’Institut de France et de la très active Société des Amis de Colette. A Besançon, où Colette dit avoir adoré passer ses étés de 1900 à 1905 dans « une maison perchée sur l’épaule ronde d’une petite montagne crépue de chênes bas … » dans le quartier des Montboucons. La ville, qui l’a rachetée en 2001, l’ouvre de temps en temps au public. Tel sera le cas, les 16 et 17 septembre prochains, pendant les Journées du patrimoine. Un buste géant de Colette a également été installé sur le parvis de la gare Viotte, fait d’une résine d’un blanc immaculé et signé Nathalie Talec.
Un concentré de Colette dans son village natal

Il y a longtemps que la Puisaye mobilise ses énergies pour conserver une trace d’une auteure prolifique : 60 recueils de nouvelles, d’articles et de romans. En 1959 déjà, sa fille Colette de Jouvenel esquissait l’idée d’un musée à la mémoire de sa mère. Donation familiale et mécénat donnèrent naissance en 1994 au « musée Colette » dans le château en ruine, propriété de la commune de Saint-Sauveur-en-Puisaye. En 2016, ouvre 100 mètres plus bas, « La maison Colette » – membre du réseau des Maisons des Illustres – , où elle vécut jusqu’à l’âge de 18 ans et dont elle fit un véritable personnage dans ses écrits.
Un sentier pédestre (5,8 km, 1h30) traverse les paysages décrits dans l’oeuvre de l’écrivaine, avec ici et là, des citations sur des écriteaux. Autant de lieux qui remplissent une journée entière à (re)découvrir celle qui fut considérée par Aragon, comme « la plus grande écrivaine française » de son temps.
Mais que d’obstacles et d’abnégation pour parvenir à cette reconnaissance ! Samia Bordji, la directrice du musée, ne peut freiner son enthousiasme pour cette femme « libre », moderne, aux multiples facettes et carrières. Et pour cause, elle connaît par cœur sa vie et son oeuvre pour avoir rassemblé toutes ses archives dans le Centre d’études Colette d'Auxerre : brouillons, lettres, objets qui font hélas défaut dans le musée, principalement constitué d’une chronologie photographique. Mais la directrice arrivée il y a trois ans s’attelle à refondre une scénographie pour la rendre plus vivante et dépasser les 10.000 visiteurs (6.745 en 2022 hors scolaires).

La Colette dont la culture collective a conservé la mémoire est celle des Claudine où elle raconte la Puisaye de son enfance. Une carrière d’écrivaine pourtant bien mal partie. Willy, le surnom de son premier mari, journaliste en vogue, signe à sa place cette série (1900-1904) quasi autobiographique dont les archives attestent l’écriture à quatre mains, assure la directrice du musée. Colette corrigea cette injustice bien plus tard avec La Maison de Claudine (1922), un recueil de nouvelles sur sa chère Puisaye et quelques « best-sellers » comme Chéri (1920), Le Blé en Herbe (1923), La Fin de Chéri (1926) et Sido (1929).
Près de 50 années de journalisme

L’histoire a moins retenu qu’elle fut aussi une femme de music-hall (1906-1912) et surtout une journaliste prolifique dès l’âge de 20 ans jusqu’à 70 ans (avec une pause de quelques années à la fin des années 1920). Une oeuvre ignorée, « cadenassée dans les archives de la presse parisienne du 19ème siècle et de la première moitié du 20ème », écrivent Gérard Bonal et Frédéric Maget, en préface de « Colette journaliste », un recueil de 130 articles choisis parmi les 1260 connus. Chroniqueuse littéraire, puis musicale, elle multiplia les collaborations tous azimuts, près d’une trentaine au cumul, dont les inattendus La Gazette apicole, Falbalas et Fanfreluches et des plus prestigieux, Le Figaro, Paris Soir, Marie-Claire… comme pigiste dirait-on aujourd’hui. Plus tard, elle se fit embaucher comme grand reporter au Matin, à La République, puis au Journal à un rythme quotidien auquel elle s’accommoda malgré la souffrance de l’écriture, qu'elle avouait elle-même,
C'est ainsi que Colette couvre la traversée inaugurale du Normandie vers New-York, l’arrestation de Jules Bonnot, chef de la célèbre « bande », et des procès de criminels. Elle raconte aussi la vie quotidienne pendant la Deuxième guerre mondiale. Sa production littéraire marque alors le pas, faute de temps, qu’elle compense par l’édition de compilations d’articles ou de chroniques.
Son attirance pour la presse, Colette la tient à son enfance, à voir son père Jules, dit Le Capitaine, lire Le Temps dans la bibliothèque de la maison de Saint-Sauveur comme le laisse deviner le décor reconstitué d’après les écrits de l’auteure. « Pour la décoration, on s’est laissé guider par Colette, son oeuvre regorge de détails jusqu’au nom des plantes du jardin qu’avait aménagées sa mère Sido, férue de botanique », raconte la guide de La maison Colette.

Il a fallu des années d’entêtement à l’association des Amis de Colette et en particulier à une ancienne institutrice de Saint-Sauveur-en-Puisaye, Marguerite Boivin, pour retrouver mobilier et objets chez des collectionneurs, car les parents de Colette, ruinés, avaient été contraints de vendre la maison avec les meubles. Notre guide assure même qu’une enquête stratigraphique permit de retrouver des fragments des anciens papiers peints afin de les confectionner à l’identique.
L’oeuvre des Amis de Colette n’est pas achevée. Des travaux en cours (environ 700.000 €), cofinancés par la mission Bern et la Fondation du Patrimoine, doivent redonner vie au bâtiment des communs. Dans les combles à côté de la chambre d’enfant de Colette, il est également prévu d’installer le fonds documentaire constitué de legs privés du centre d’études. Le « J’appartiens à un pays que j’ai quitté » (Les vrilles de la vigne, 1908) a plus que jamais de la résonance.
Le jardin de la maison natale de Colette est incontournable, facilement repérable dans le village de Saint-Sauveur-en-Puisaye grâce à la glycine déjà gigantesque dans son enfance. « J'espère bien qu'elle est encore vivante, qu'elle le sera longtemps, cette despote au moins deux fois centenaire [...], la glycine qui hors de mon jardin s'épanche au-dessus de la rue des Vignes … » (Pour un herbier, 1948). L’antre de sa mère Sido, le jardin-du-haut et le jardin-du-bas, a été reconstitué lorsque l’association a acquis la maison en 2011. Virginie Lagerbe, à Toucy, y a trouvé l'inspiration à l’occasion du 150ème anniversaire de la naissance de l’écrivaine.
Son métier : coloriste en teinture naturelle. « On est entourés de couleurs qu’on ne soupçonne pas, 20 à 25% des plantes sont colorantes », expose la fondatrice de Pérégreen, en nous guidant dans son propre jardin, lieu d’expérimentation de ses premiers essais de teinture naturelle, à partir des plantes. L’aspérule odorante donne une couleur rouge, l’alchimille, du jaune, la ronce, un brun, l’ortie une déclinaison du jaune au brun, le polygunum, de l’indigo…

Virginie Lagerbe traduit ainsi sur du tissu « l’âme colorée » du jardin de Colette qu’elle présente à deux pas de son atelier de Toucy, à la boutique d’antiquités et de décoration Styles & Chine de son amie Claude Benhaïem. Le nuancier issu de neuf plantes, de la vigne vierge au troène jusqu'à l'abricotier en passant par la reine des prés, se décline en foulards et autres tissus ainsi qu’en une étonnante collection de bijoux. Le même travail a été effectué sur 20 essences tinctorales du Jardin du Luxembourg à Paris et est présenté sur place jusqu’au 30 septembre.
Révélée par différentes techniques de macération des fleurs, feuilles, tiges ou des écorces, puis par une décoction à chaud ou à froid, la couleur d’une plante donne une diversité de tons en fonction de son support. « Les fibres végétales brutes, comme le coton ou le lin, révèlent des couleurs douces, plus vives lorsque la fibre est imprégnée de sel d’alun ou plus foncées après l’ajout de sel de fer », explique t-elle.
Interlocutrice des décorateurs et restaurateurs du patrimoine – elle obtint en 2019 le Prix du patrimoine de l’Institut de France –, Virgine Lagerbe vient de s’associer avec Baho, un artisan en bâtiment nantais pour une gamme de peintures biosourcées en douze teintes issues de quatre essences du jardin de Colette : le noyer, le sureau, la vigne et le cerisier.
Le gîte et le couvert
• L’Hôtel Les Grands Chênes (Les Berthes Bailly, 89170 Saint-Fargeau)
A quelques kilomètres de Saint-Fargeau et de son château au spectacle estival grandiose, à deux pas aussi des 220 hectares du lac-réservoir du Bourdon et non loin du chantier médiéval de Guédelon, l’établissement hôtelier (3 étoiles) n’usurpe pas son nom. Le parc arboré de quatre hectares accueille un pavillon à l’origine encore à trouver pour Laureen et Cyril Picard, les très sympathiques propriétaires de cette demeure de charme depuis décembre 2021. Lassé de la vie parisienne stressante, le couple offre ici un havre de tranquillité, tant dans les neuf chambres du pavillon que dans les quatre maisonnettes, idéales pour loger familles et groupes d’amis. Le petit déjeuner, complet et copieux, propose un large choix sucré et salé avec des produits du terroir. De nouveaux services verront bientôt le jour, comme une petite restauration pour la clientèle qui ne souhaite pas ressortir dîner en soirée. Pour en savoir plus : 03 86 74 04 05 www.hotellesgrandschenes.com et contact@hotellesgrandschenes.com
• Au Grès des Envies (49 Grande Rue, 58310 Saint-Amand-en-Puisaye
S’il y a des coups de coeur à rechercher, n’hésitez pas pour ce restaurant, situé dans la Nièvre, mais en bordure de l’Yonne et qui doit son nom à un jeu de mot lié à l’activité historique du cru : la poterie. En attestent un musée dédié et le Centre international de formation aux métiers d’art et de la céramique (EMA-CNIFOP), qui prépare ou perfectionne aux métiers du grès. Nous avons été « oppressants » sans le vouloir pour le déjeuner. Alors que nous avions plus d’une heure pour nous restaurer, un rendez-vous impératif a été avancé, réduisant le temps des agapes de moitié. Cela n’a en rien perturbé Émilie Saunier, au service, et son compagnon Stéphane Jacques, aux fourneaux. L’ambiance du lieu montre d’ailleurs une convivialité communicative dont témoigne un large brassage de clientèle. Car la cuisine de type bistrot ravit tous les palais. En témoigne les viandes de Charolais persillées à souhait et une inoubliable fricassée de champignons avec son oeuf poché à la crème de parmesan. Anciennement parisien, puis installé un temps à Saint-Fargeau, ce couple de restaurateurs perpétue les plaisirs de la table avec une carte des vins de Loire sans fausse note. Réserver au 09 51 29 31 71 et sur la page Facebook du restaurant.
• Le Délice des Galets (7 place de la République, 89130 Toucy)
Situé juste en face du buste d'un autre personnage célèbre de la Puisaye-Forterre, Pierre Larousse, linguiste, lexicologue et auteur du Grand Dictionnaire universel du XIXᵉ siècle, qui donnera ensuite Le Petit Larousse, ce restaurant de Toucy possède de nombreux atouts. Le premier tient à l’excellente et inventive cuisine de Denis Dutartre, son chef, qui sait concocter avec dextérité des plats de viande comme de poisson. A conseiller tout particulièrement, les ris de veau à la bière rouge avec pommes écrasées et trompettes de la mort. Les tarifs à consulter sur le site de l’établissement ne vident par ailleurs pas le porte-monnaie pour des prestations d'un tel niveau. Reste que l’affluence, surtout à l’heure du déjeuner, ne permet pas un service toujours rapide, en dépit des efforts déployés. Mais il est vrai que trouver du personnel dans les métiers de bouche relève dorénavant de l’exploit. Se renseigner au 03 86 44 83 67 et ledelicedesgalets@gmail.com. Site web : https://ledelicedesgalets.fr/ Depuis notre venue, le restaurant a été vendu et s'appellera, à compter du 10 juin prochain, l'Ataraxie dans le même style de cuisine.
Informations pratiques
Musée Colette, Saint-Sauveur-en-Puisaye, ouvert d’avril à mi-novembre (le 12 en 2023) de 10 h à 18 h, sauf le mardi.
La Maison Colette, uniquement visites guidées (réservations conseillées au 03 86 44 44 05 ou en ligne) est actuellement ouverte du mercredi au dimanche de 10h30 à 18h ; pendant les vacances scolaires, tous les jours mêmes horaires.
Le sentier Colette (5,8 km) est fléché en couleur jaune. Le parcours est détaillé sur le site de Bourgogne-Franche-Comté Tourisme. Le dépliant d’un itinéraire plus court, limité au village, Sur les pas de Colette, est disponible à la Maison Colette.
Le fonds de dotation La Maison de Colette recueille des dons, déductibles des impôts, pour clore le programme de travaux en cours et aménager une salle d’explosions temporaires et de conférences. www.maisondecolette.fr
Liste des manifestations sur le site de Yonne Tourisme www.tourisme-Yonne.com/colette
Autres activités en Puisaye-Forterre sur le site de Bourgogne-Franche-Comté Tourisme Chercher le mot-clé Puisaye.

Christiane Perruchot, Nous aurions été ravis de vous accueillir chez nous pour vous faire visiter notre expo UN OEIL SUR COLETTE créé par notre association et qui se tient au Domaine de l'Ocrerie (chambres d'hôtes et maison d'art) à Pourrain jusqu'au 25 Juin / ouvert les WE de 14-18h avec les oeuvres-collages de l'artiste Treize Bis, les sculptures de Gilles Laburthe & Wilfried Schick ! Cathy présidente de Poussière d'Ocre https://www.facebook.com/poussieredocre/