Santé et numérique, l’incubateur d’entreprises Semia joue sur les deux tableaux pour animer sa communauté de start-up : les HealthTech Days, fin octobre dernier et les Digital Days le 10 novembre. Pour les biotechs, l’Allemagne et la Suisse, par leur proximité avec l’Alsace, sont des marchés incontournables.


En matière d’innovation en général et de biotech en particulier, difficile, lorsqu’on est en Alsace, d’ignorer le potentiel que représente l’Allemagne et la Suisse voisine à quelques encâblures seulement. Comme d’autres structures d’accompagnement, l’incubateur d’entreprise Semia en a fait son postulat. Il l’a mis en pratique par sa première manifestation trinationale, les HealthTech Days, les 21 et 22 octobre derniers.

Cette édition 2020 pionnière n’a pas pâti de la crise sanitaire. Basculées en digital alors que le reconfinement n’était pas encore prononcé, les deux journées ont donné l’occasion à 70 start-up de la santé et des biotechnologies de France, Allemagne et Suisse de se mettre en rapport avec plusieurs grands noms de l’industrie pharmaceutique mondiale (Johnson & Johnson, Pfizer, Merck, AstraZeneca, Roche, Novartis…) et avec des investisseurs financiers potentiels, business angels ou fonds. Un peu plus de 100 entretiens individuels ont été organisés pour les entrepreneurs.

 

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Ce brassage par-delà le Rhin « est précieux pour ces jeunes entreprises, et pertinent puisqu’il ouvre considérablement le champ de leurs partenariats », estime Stéphane Chauffriat, directeur de Semia.  Pour autant, dans ces secteurs d’activités aussi, l’hétérogénéité des règles et des modes de fonctionnement impose d’apprendre à se connaître. C’est notamment vrai pour le Market Access au sens anglo-saxon (les procédures d’enregistrement et de mise sur le marché de nouveaux médicaments et traitements, Ndlr) et plus généralement pour les « codes » d’accès au marché de l’autre côté de la frontière.
« Ils restent très liés au fonctionnement plus ou moins centralisé ou fédéral des institutions d’un pays. Les HealthTech Days avaient pour but aussi de faire acquérir une meilleure connaissance des spécificités des systèmes de santé respectifs », relève Guillaume Vetter-Genoud, directeur du département santé/deeptech de Semia.


Les incubés intègrent peu ou insuffisamment la dimension internationale

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Semia incube des start-up du médical et du numérique, à Strasbourg et à Mulhouse en réseau avec les trois autres incubateurs du Grand Est : Rimbaud Tech à Charleville-Mézières, The Pool à Metz-Bliida, Innovact à Reims. © Julie Giogi


Pour élargir l’audience des HealthTech Days et mieux s’imprégner de ces différences culturelles, Semia pu identifier des structures homologues ou proches en Allemagne et en Suisse, de statut public comme elle, ou privées.
Ainsi, la manifestation s’est déroulée en association avec les allemands BadenCampus et Life Science Accelerator Baden Württemberg et les suisses Basel Area, Baselaunch, DayOne et l’université de Bâle, ainsi qu’avec le pôle BioValley France, la SATT Conectus, et les incubateurs du réseau #IncubationBySEMIA. «  Nous avons dressé le constat commun que les sociétés que nous suivons respectivement intègrent peu ou insuffisamment la dimension internationale, pourtant primordiale, notamment pour l’appel à des bailleurs de fonds », ajoute Guillaume Vetter-Genoud.

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Également organisatrice de Digital Days pour le secteur numérique le 10 novembre dernier, Semia s’apprête à clore une année marquée par le coronavirus… mais pas au niveau de son bilan. « Nous terminerons près, voire au-delà du niveau de 2019 des financements collectés pour les entreprises accompagnées, qui s’était situé à 25 millions d’€ », annonce Stéphane Chauffriat. Ceci au bénéfice d’une cinquantaine de dossiers.
Le directeur de Semia adresse une note d’espoir en cette année bousculée. « Le marché n’est pas bouché, "nos" jeunes entreprises n’auront certes pas explosé leur chiffre d’affaires en 2020 mais elles sont toujours là, elles montrent leur capacité à passer le cap et peuvent compter sur un écosystème qui les soutient ».

 

Une nouvelle ère depuis deux ans

Semia, dont l’origine remonte à 1999, a changé de cap depuis 2018. L’incubateur alsacien d’entreprises, établi à Strasbourg (Bas-Rhin) et depuis un an à Mulhouse (Haut-Rhin) dans le bâtiment KmO, a recruté il y a deux ans un nouveau directeur, Stéphane Chauffriat, entrepreneur rompu à la levée de fonds. Et il a également élu  comme président un chef d’entreprise en 2018, Pascal Neuville (Domain Therapeutics).

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Pascal Neuville, président de Semia (à gauche) et Stéphane Chauffriat, directeur.

Dans le cadre de la nouvelle région, il a constitué le réseau #Incubation bySemia qui le relie aux trois autres incubateurs du Grand Est (Rimbaud Tech à Charleville-Mézières, The Pool à Metz-Bliida, Innovact à Reims) ce qui représente un effectif cumulé de 25 personnes pour l’accompagnement de jeunes entreprises. Sa propre activité s’est dynamisée. Il suit aujourd’hui 123 projets, soit 40 % dans le digital-numérique, 35 % en santé et 15 % liés à l’industrie, d’abord par une phase d’incubation collective de quelques mois, la Starter Class, puis en individuel, jusqu’à une durée de 24 mois.
Huit projets sur dix sont pérennes à trois ans, note le directeur. Pour le secteur de la santé, Semia constitue l’incubateur le plus important en France.

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