ECO)BREF. La cristallerie lorraine Baccarat devient chinoise. La Caisse d’Epargne de Bourgogne Franche-Comté anticipe les mutations sociales et digitales. Le lunetier jurassien Julbo rachète la marque Solar du groupe L’Amy. La Société des Emballages Moulés dans la Marne en liquidation judiciaire. La plus ancienne maison de foie gras d’Alsace Feyel-Artzner en redressement judiciaire.
- La cristallerie lorraine Baccarat passe aux mains de chinois.

Le fonds d’investissement chinois Fortune Fountain Capital (FFC) a signé le 2 juin « une promesse irrévocable d’achat » de la cristallerie de luxe Baccarat, née dans la ville du même nom en Meurthe-et-Moselle sous Louis XV.
Dirigé par Coco Chu, milliardaire qui gère ses propres fonds et ceux d’autres grandes fortunes asiatiques, FFC va reprendre pour 164 millions d’€, les 88,9% du capital détenus par les fonds d’investissement américains Starwood Capital et L Catterton.
Son ambition est d’accélérer l'internationalisation de l’entreprise cotée à la bourse Euronext Paris, notamment en Asie et au Moyen Orient, ainsi que sur certains marchés matures comme les Etats-Unis, en ouvrant des points de vente et des lounges.
Baccarat a renoué avec les bénéfices en 2016 pour la première fois depuis quatre ans, dégageant un résultat net de 2,2 millions d’€ sur des ventes en repli de 4% à taux constants à 148,3 millions d’€. Son Ebitda a grimpé de 25% à 12,9 millions, précise l’agence Reuters. Elle emploie 500 salariés en Lorraine.
Sans lien avec la cession de l'entreprise, 120 salariés et anciens salariés de la manufacture avaient demandé en février dernier, aux Prud’hommes de Nancy, une indemnisation pour « préjudice d’anxiété » en raison d’une exposition aux poussières d’amiante. La décision devrait être rendue le 12 octobre 2017. C.P.
- La Caisse d’Epargne de Bourgogne Franche-Comté anticipe les mutations sociales et digitales.
La banque de demain, c’est-à-dire, disons celle de 2020, ne sera plus vraiment la banque que nous connaissons aujourd’hui, même si elle préservera un fonctionnement traditionnel. Du moins pour les banques ancrées sur un territoire et, dites mutualistes ou coopératives, comme la Caisse d’Epargne de Bourgogne Franche-Comté.
Un seul exemple à l’aune de ses résultats 2016, présentés hier au siège de Dijon : si la fréquentation des agences baisse régulièrement pour les opérations courantes, la visite annuelle à son conseiller bancaire demeure immuable et les contacts par courriels (+8,9%) ou par téléphone (+14,3%) progressent fortement.
« Nous resterons une banque à visage humain, mais nous adapterons nos services selon les désirs de chacun de nos clients. Il pourra ainsi digitaliser toutes ses relations, avoir un conseiller attitré en face-à-face ou pas ou bien encore, choisir de faire appel à un expert pour des besoins précis », explique Jean-Pierre Deramecourt, président d’un directoire de la caisse régionale entièrement reconduit pour cinq ans.
Le parc des 214 agences s’adaptera en conséquence et diminuera. « Pourquoi, en zone urbaine, posséder deux agences à 400 mètres de distance, héritées du passé, au lieu d’une seule parfaitement réagencée ? », s’interroge le président du directoire.
Et dans le mot réagencer, le banquier sous-entend hyper-connectée, sachant que l’établissement coopératif va consacrer d’importants investissements au numérique, de l’ordre de 2 à 3 millions d'€ par an.
Cet engagement pour conserver sa clientèle (un million de clients) et en séduire une nouvelle, s’accompagne d’un vaste plan de formation de ses 1.750 collaborateurs, dont 30 alternants. « Il concerne 5,8% de notre masse salariale, soit 5 jours en moyenne par an, et un total de 63.000 heures », précise Fabien Chauve, membre du directoire chargé des ressources et de la communication. D.H.
Ce plan stratégique se déploie dans une conjoncture propre à la banque et qui lui est plutôt favorable, malgré une baisse drastique des taux d’intérêt. En cinq ans, son chiffre d’affaires est passé de 316,3 à 337,7 millions d’€ et son bénéfice, en grande partie réinvesti, de 25,1 à 70,3 millions. Ce qui relève de gros efforts de prospection pour un établissement implanté dans une région où le PIB baisse en moyenne de 0,4% en moyenne chaque année.
En notant également qu’il parvient à être plus performant que l’ensemble de son groupe sur tous les segments de marché : crédit à la consommation, épargne et crédit immobilier, avec notamment un tiers de primo-accédants à un logement.
Au niveau des entreprises, la Caisse d’Épargne de Bourgogne Franche-Comté marque aussi des points, avec une petite entreprise sur quatre parmi ses clients, une moyenne sur trois et une grande sur deux, sans parler de 50% de parts de marché pour accompagner financièrement les collectivités locales.
Un bémol est toutefois de mise. 57% du personnel employé est féminin et seulement 38,4% sont des cadres. « Nous travaillons en ce sens avec 14 femmes à fort potentiel que nous suivons pour de très hautes responsabilités », assure Fabien Chauve. Aussi, à quand, une ou deux femmes au sein d’un directoire de nouveau exclusivement masculin ?

- Le lunetier jurassien Julbo relance la marque Solar.
Spécialisé dans les lunettes solaires pour VTT, sports nautiques et de montagne ainsi que dans les masques de ski, Julbo vient d’annoncer avoir racheté début 2016 la marque Solar au groupe jurassien L’Amy et l’avoir relancée cette année.
En sommeil depuis une vingtaine d’années, la marque avait été mise en lumière par des champions de ski des années 60 et des stars des années 70.
Une collection de 21 montures inspirées de l’ADN de la marque mais réinterprétée par les designers Julbo a été lancée cet hiver dans les stations de ski et arrive maintenant chez les opticiens.
Moins chères (30 à 60 € avec verres polarisants) et plus urbaines que les montures Julbo, elles devraient représenter un chiffre d’affaires de 2 à 3 millions d’€ d’ici 3 ans, espère Christophe Beaud, le PDG de l’entreprise.
Julbo emploie 300 salariés en tout, dont 90 à son siège, à Longchaumois (Jura), et 140 dans son usine d’injection en Roumanie, qui fabrique 70% des modèles. En croissance régulière, son chiffre d’affaires vient de passer la barre des 30 millions d’€. M.C.
- La Société des Emballages Moulés dans la Marne en liquidation judiciaire …
Le tribunal de commerce de Reims a prononcé la liquidation judiciaire de la Sofrec-SEM à Fère-Champenoise dans la Marne. Cette PME qui employait 57 salariés était spécialisée dans la conception et la fabrication d’emballages en cellulose moulée pour les marchés des vins et spiritueux, des fruits et légumes, et du calage industriel. Une cellule de reclassement a été mise en place. La Société des Emballages Moulés avait été placée en redressement judiciaire en janvier 2016. F.M.
…et la célèbre maison alsacienne de foie gras Feyel-Artzner placée en redressement judiciaire.
C’est l’acquisition en 2008 du domaine viticole du Moulin du Dusenbach, à Ribeauvillé (Haut-Rhin) qui aurait fragilisé l’un des plus gros acteurs de foie gras d’Alsace. Feyel-Artzner pensait trouver une synergie avec sa production traditionnelle de foies gras et de charcuteries à base de canard. Le domaine viticole est d’ailleurs en vente.
La grippe aviaire semble avoir accéléré le mouvement. Placée fin mai en redressement judiciaire, l’entreprise qui emploie une quarantaine de salariés à Schiltigheim (Bas-Rhin), réalise un chiffre d’affaires d’une vingtaine de millions d’€, dont 40% à l’export. Depuis 2016, elle est dirigée par Nicolas Schwebel qui a pris la suite de son père, Jean Schwebel. C.P.