Le fabricant de machines d’emballage Pakéa a été repris fin 2020, à la barre du tribunal, par l’Allemand Blema, filiale de l’ETI de distribution automobile Leonhardt. L’activité se poursuit avec 40 salariés sur 46. Pakea lui apporte une spécialité, le paper converting, des machines pour la fabrication de tubes et cornières en carton.


Le fabricant de machines d’emballage Pakéa passe sous pavillon allemand, et c’est un moindre mal pour lui car il aurait pu passer… à la trappe. C’est en effet à la barre du tribunal que la PME de Rixheim (Haut-Rhin) a été reprise, début décembre par le groupe Blema, en conclusion heureuse de sa mise en redressement judiciaire le 30 avril dernier.

La crise sanitaire était venue alors aggraver une situation fragilisée par une problématique de gouvernance, à savoir la difficulté croissante pour Pakéa à trouver sa place dans la stratégie de sa maison-mère, NSC. Le groupe haut-rhinois de machines textiles avait acquis en 2000 l’entreprise qui portait le nom de Pack Industrie et dont l’activité avait débuté un quart de siècle auparavant, dans le cadre d’une politique de diversification. Devenue Pakéa, la société avait été regroupée en 2018 sous « NSC Packaging » avec un autre rachat du groupe dans la même branche, la PME Fege dans les Ardennes.

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Un échantillon des corps de boîtes en carton pour l'alimentaire
que fabriquent les machines de Pakea. © Traces Ecrites



A partir de là, la situation s’est compliquée. « Les synergies étaient limitées, Fege n’évoluait pas dans les mêmes technologies de packaging », souligne Pascal Buzon, le dirigeant commun. De plus, cette société ardennaise tournée vers le redoutable marché de l’agro-alimentaire avait perdu la confiance de clients dont le géant Nestlé, et avait entraîné sa sœur alsacienne dans ses difficultés. Fege a été reprise en fin d’année dernière, également en sortie de redressement judiciaire, par un industriel fournisseur du Champagne, Duguit Technologies.

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Comme Fege, Pakéa devait trouver un nouveau propriétaire, le groupe NSC ayant décidé de se recentrer sur son métier évoluant sur des marchés secoués avant même la Covid-19 par les tensions du commerce international. Durant la période d’observation, la candidature de Blema a émergé puis s’est détachée.

Le groupe allemand a repris 40 salariés sur 46, limitant ainsi l’impact social. Il affiche des reins solides, « et des complémentarités nettes » avec sa nouvelle filiale, souligne Pascal Buzon, qui a été confirmé aux commandes de Pakéa. Avec cette acquisition, il porte ses effectifs à 350 salariés et son chiffre d’affaires annuel à 50 millions d’€ entre quatre usines (outre Rixheim, deux en Allemagne et une aux Etats-Unis). Lui-même fait partie d'une maison-mère de 200 millions d’€ de chiffre d’affaires, le groupe industriel et de distribution automobile Leonhardt, incarnation du fameux modèle germanique des ETI.

 

Des mandrins de petits diamètres, pour les pailles notamment

 

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Cette machines fabrique des tubes et des cornières en carton. © Pakea

 

Blema procure à Pakéa l’opportunité d’offres complètes mais l’apport fonctionne aussi en sens inverse : « Notre principale spécialité, le paper converting (75 % de l’activité) n’était pas représenté dans sa gamme », souligne Pascal Buzon. Elle désigne les machines pour la fabrication de tubes et cornières en carton en vue d’en faire des mandrins à usages multiples (imprimerie, industrie papetière, fabricants de papier-toilettes, protection de meubles dans le cas des cornières…).

« Nous fabriquons des produits de toutes tailles, les plus gros pour du coffrage dans le bâtiment. Notre ligne de fabrication de petits diamètres, jusqu’à moins de 4 millimètres, constitue une spécificité, de surcroît prometteuse dans le contexte de l’interdiction des plastiques à usage unique », avance le directeur du site : le carton remplace alors le plastique pour les pailles ou les touillettes « et nous commençons à rentrer des affaires. »
L’autre branche d’activité, le packaging – surtout pour la fabrication de corps de boîtes alimentaires en carton - se recoupe davantage avec les savoir-faire de la maison-mère. « Nous nous donnons quelques mois pour analyser nos catalogues et conclure à d’éventuelles évolutions, mais nous avons là aussi nos propres spécialités », relate Pascal Buzon.  


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La nouvelle page que tourne Pakéa doit coïncider avec la remontée du chiffre d’affaires. Issu à 85 % de la fabrication de machines neuves, il oscillait entre 9 et 13 millions d’€ selon les années, mais il a chuté significativement sous le bas de cette fourchette l’an dernier. « L’objectif consiste à remonter en 2021 entre 8 et 8,5 millions d’€, correspondant au point d’équilibre », annonce Pascal Buzon.
Selon le dirigeant local, le propriétaire allemand hérite d’un matériel en bon état de marche, si bien que les investissements de modernisation ne s’imposent pas à très court terme.

Qui est Pascal Buzon ?

buzonIl a dirigé l’entreprise de transformation de véhicules Dangel à Sentheim (Haut-Rhin), avant de rejoindre Pakéa fin 2012. Pascal Buzon a ensuite assuré la direction de la division packaging de NSC née du regroupement avec Fege. En toute logique, il a travaillé à un projet de reprise, en association avec des investisseurs, durant la phase de redressement judiciaire.
« J’avais toujours dit que je serai prêt à m’effacer si une offre solide se dessinait », souligne-t-il. Ce qu’il a fait avec le dépôt de celle de Blema. Mais il a été confirmé par le repreneur, Blema, aux commandes de Pakéa.

Photo Traces Ecrites

 

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